Le conseiller régional, maire de Salbris et président des Républicains du Loir-et-Cher depuis quelques mois, s’est épanché sur les réseaux sociaux après le meurtre du jeune castelroussin Matisse Marchais. Une prise de position que plusieurs élues, tant à l’échelon régional que départemental, ont peu apprécié tandis que la fange de l’extrême droite s’en est délectée.
Par Fabrice Simoes
Après la prise de position d’Alexandre Avril, sur sa page Facebook, certains observateurs locaux n’ont pas été surpris, tandis que d’autres se sont demandés quelle mouche extrémiste avait piqué le maire de Salbris. Plusieurs d’entre eux ont émis maintes hypothèses comme un manque de retenue dû à l’emportement de la jeunesse ou une exaspération-exagération en raison d’une lecture restrictive. De mauvaises langues auraient expliqué que, plus simplement, le masque serait définitivement tombé. Ou alors, ce serait risible si le sujet n’était pas si triste, après plus d’un an sans nouvelle, l’élu a jugé que cela devait faire trop longtemps qu’il n’avait pas eu les honneurs d’une polémique.
Quelques heures après l’agression mortelle d’un adolescent à Châteauroux, alors que le père de la victime, Christophe Marchais, appelait à la décence et au respect, et surtout ne souhaitait pas de récupération politique, à l’inverse de son homologue Gil Avérous, maire de la préfecture de l’Indre, Alexandre Avril s’est lâché. « Matisse a été tué samedi soir à Châteauroux par migrant afghan qui voulait lui voler son portable. Il a tenté de se défendre et a reçu de nombreux coups de couteaux jusqu’à la mort. Matisse est une victime de plus de l’immigration massive qui ravage notre pays et s’exporte jusque dans nos campagnes… », assurait-il passant outre des recommandations de la famille. Il ajoutait : « Il est grand temps d’ouvrir les yeux sur une réalité simple et tragique : l’immigration tue, chaque jour et désormais partout. Il faut y mettre fin, simplement ». Dans sa précipitation épistolaire, il prenait alors quelques libertés avec la vérité mais… depuis la mouture initiale, des modifications ont été apportées.
Gaëtane Touchain-Maltête et Mathilde Desjonquères remontées
De quoi faire réagir des élus du Loir-et-Cher à l’image de sa collègue au conseil régional, Gaëtane Touchain-Maltête du groupe centre-démocrate et citoyen, pas vraiment l’ultra-gauche. Dans un premier temps, elle pensait à la victime et à sa famille. « Cher Matisse, toutes mes condoléances aux tiens, quelle profonde douleur. Ce soir, je ne laisserai pas le vacarme du silence s’installer. L’indicible perte d’un enfant et l’émotion que cela engendre ne doivent pas justifier certains écrits… » Dans la continuité, elle donnait des conseils au président des Républicains loir-et-chériens. « ...La qualité d’étranger de l’homme est dangereusement utilisée par M. AVRIL, maire et conseiller régional, et, en tant que conseillère régionale sur le même département, ce Loir-et-Cher qui voilà encore peu d’années était une terre de modération, d’écoute et de travail, je ne peux pas ne pas réagir. L’étranger. Celui que nous sommes contents de trouver dans nos hôpitaux pour nous soigner. Celui que les entreprises sont heureuses de trouver comme main-d’œuvre salariée avec un taux de chômage bas comme le nôtre aujourd’hui en France. Celui qui aide nos Agriculteurs à nous nourrir car il faut avoir le physique pour travailler dans les champs. Je continue ? Alors M. AVRIL, n’allez pas aux urgences la nuit, ne devenez jamais chef d’entreprise ou encore n’allez pas proposer votre aide aux Agriculteurs car tous ces Étrangers vous riront au nez. Simplement. »
Elle a été rapidement rejointe par la députée de la 1ʳᵉ circonscription du Loir-et-Cher, conseillère municipale à Blois et conseillère communautaire à Agglopolys, Mathilde Desjonquères. Cette dernière appelait, toujours par réseau social interposé, ses collègues députés LR « à se prononcer sur les propos de ce Président de la fédération des LR du Loir-et-Cher ». Elle précisait ne pas avoir « mes voisins de bancs, comme Jean-Yves Bonny ou Fabien di Filippo tenir ce type de propos… En revanche, je l’ai entendu à de maintes reprises par les Députés RN, autant en commission que dans l’hémicycle… glaçant, effrayant, choquant, … Se servir de la mort d’un jeune homme pour passer un douteux message sur les migrants… certains ne reculent vraiment devant rien et franchissent allègrement les lignes rouges des partis républicains… »
Une position assumée
La prise de position d’Alexandre Avril est totalement assumée. À une internaute qui l’interpellait – « Le papa a demandé à ne pas se servir de la mort de son fils à des fins politiques ! Ne pourrait-on pas le respecter ? » – il a répondu : « Le rôle de la politique est de tirer des conclusions de ce qui arrive. Si on ne tire aucune conclusion des drames, alors le monde ne s’améliorera jamais ».
Petit rappel, l’élu solognot avait soutenu avec brio sa thèse de doctorat en décembre dernier. On peut désormais s’interroger sur la grande complexité du thème : “Le Sens de la Distance. Friedrich Nietzsche face à l’hypothèse mimétique : éléments génétiques, critiques et philosophiques”. Domaines de recherche : métaphysique, philosophie des valeurs, histoire du désir, théorie mimétique, pensée de la distance. Comme quoi on peut être un spécialiste d’un sujet sans être toujours capable de le mettre en pratique.
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Quand le courant ne passe plus entre un Salbrisien et sa mairie…