Dimanche matin, à l’heure du bouquet final de la première phase orléanaise du seizième Concours international de piano d’Orléans, les pianistes Maroussia Gentet et Wilhem Latchoumia ont émerveillé les 370 spectateurs de la salle de l’Institut. Triomphe et ovations.
Une salle de l’Institut des grands jours. Photo JDB
Par Jean-Dominique Burtin
Lorsque la fée se fait feu
Cette année, à l’occasion du trentième anniversaire du Concours international de piano d’Orléans, Maroussia Gentet et Wilhem Latchoumia, virtuoses et anciens lauréats de la manifestation, parcourent le monde, en tant que jury de sélection, à Chicago, Orléans et Shanghai. Ce sont avant tout des musiciens des plus rares qui ont offert ce dimanche matin dans une salle de l’Institut archi comble un concert d’anthologie n’ayant de cesse de susciter l’ovation. Quel bonheur ! En début de concert, Maroussia Gentet offre une sélection de Préludes de Chopin.
Maroussia Gentet, fée et feu. Photo Patrick Nachbaur
Place au recueillement, aux élans perlés emplis de pudeur. Ici, le temps est suspendu et sa fuite, éperdue. Place ensuite à Siza, d’Hector Parra, composition où la fée se fait feu en offrant aux mélomanes une interprétation emplie de fulgurances abstraites et d’un flux éperdu d’une diabolique intensité. Tout est d’une virtuosité inconcevable.
Saisissement d’une musique magnétique
Avec Wilhem Latchoumia, ensuite, place avec les œuvres de Villa-Lobos à un chant de toute douceur, au tourment d’ombre et de lumière et à des rythmes envoûtants. Wilhem Latchoumia est un conteur de l’indicible âme de la musique. Le son s’empare de lui et le tempo de la joie, aussi. Ici, tout est subtil et volcanique, au service d’une musique telle une lave subtile et raffinée.
Wilhem Latchoumia, sensibilité magnétique. Photo Patrick Nachbaur
Éblouissante est aussi la pièce Série noire, Thriller, de Pierre Jodlowski, pour piano et électronique. Voici, cette fois un univers vibrant et inquiétant où se conjuguent le verbe et la musique comme en osmose et en écho. C’est urbain, intime, un véritable polar d’atmosphère en noir et blanc. Nous sommes à fleur de sensations auditives.
Pour clore ce rendez-vous des plus rares, c’est à quatre mains que Maroussia Gentet et Wilhem Latchoumia offrent, côte à côte, “Ma Mère L’Oye” de Maurice Ravel. Voici un délice de respiration commune. Les deux artistes tournent les pages de cette œuvre aux images d’une sensibilité éternelle et aux climats gracieux. L’accord est parfait et clôt un merveilleux concert.
Un quatre mains merveilleux. Photo Patrick Nachbaur
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