Face à la pénurie de généralistes, la Région veut profiter du succès des « médecins solidaires »

La Région va s’allier à l’association Médecins Solidaires pour lutter contre la désertification médicale. Ensemble, elles souhaitent miser sur le temps médical partagé au sein de centres de santé dans les zones les plus défavorisées, dans l’espoir d’offrir un nouveau souffle à l’accès aux soins.

Illustration Pixabay


Par Mael Petit

Le Centre-Val de Loire adopte le temps médical partagé. À la recherche de leviers pour lutter contre la désertification médicale, la Région va signer ce jeudi 18 avril une convention de partenariat avec l’association Médecins Solidaire pour le déploiement sur ses territoires « les plus carencés » de six centres de santé. Le premier a ouvert en février dernier (Magcentre en avait parlé) dans la commune berrichonne de Charenton-du-Cher (18) où le dernier médecin généraliste a définitivement fermé les portes de son cabinet. La Région vise la création d’un centre par département, ouvertures qui se réaliseront au rythme de deux chaque année. Dans le cadre de ce partenariat, la collectivité va soutenir l’association à hauteur de 235 000 euros pour l’aide au fonctionnement et le montage des premiers projets.

Après seulement un an d’activité, Médecins Solidaires fait un premier constat très encourageant de son approche fondée sur le concept de « temps partagé solidaire ». Au cœur de cette initiative se trouve un modèle novateur de volontariat médical. Des praticiens, qu’ils soient retraités, remplaçants ou installés en cabinet libéral, répondent à l’appel de Médecins Solidaires en consacrant une semaine ou plus chaque année à exercer dans des zones dépourvues de médecins généralistes. Rémunérés 1 000 euros nets par semaine, somme inférieure au salaire moyen d’un généraliste, « ce ne sont pas des médecins qui viennent faire de l’argent », tient à préciser la Région Centre-Val de Loire. De son côté Médecins Solidaires prévient « qu’aucune personne n’a vocation à s’enrichir par le biais de ce projet » conçu « autour d’une même vision solidaire » pour lutter contre la désertification médicale. Grâce à leur engagement, ces centres de soins sont ouverts pendant cinquante semaines chaque année, offrant un soulagement bienvenu aux territoires souffrant d’une pénurie de médecins.

Près de 300 personnes ont assisté à la réunion publique lors de laquelle le collectif a présenté le fonctionnement du centre de santé de Médecins solidaires de Charenton-du-Cher. Photo MG

Un troisième centre déjà assailli

Si la Région Centre-Val de Loire est la première à signer une convention avec cette association, son intérêt s’est renforcé après le bilan positif des deux centres déjà opérationnels en Creuse. Notamment celui situé dans la petite commune d’Ajain où plus de 1 800 patients ont retrouvé un médecin traitant et 8 200 consultations ont pu être assurées. Dans le Cher, le troisième centre de santé créé à Charenton est déjà fortement sollicité, avec un calendrier complet sur plusieurs semaines. Pas une surprise pour le collectif des Médecins Solidaires qui rappelle que le département se distingue tristement comme un des déserts médicaux les plus importants du pays, avec 9 % des patients souffrant d’affections de longue durée (ALD) sans médecin traitant. Le Berry souffre également d’une faible densité de médecins généralistes : 46,4 généralistes pour 100 000 habitants dans le Berry et 124,2 pour 100 000 habitants dans toute la région Centre-Val de Loire. Les lieux d’installation des cinq autres centres dans la région ne sont pas encore définis.

Plus d’infos sur le sujet : Berry : le temps médical partagé, un vaccin contre les déserts médicaux ?

Commentaires

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  1. Peut on raisonnablement fonder un système de santé pérenne sur des bases aussi fragiles ?

  2. Ces tentatives pour régler un grave problème sont dépassées !
    Une magnifique pub genre peplum nous “informe” :
    malade? … téléphone… médecin ( qui ? ) écoute… ordonnance. et le tour est joué.
    En plus quelque part il y en a qui vont encore s’en foutre plein les pognes ( vieille expression qui devrait plaire au destructeur en chef du soin en France) genre fonds financiers, laboratoires pharmaceutiques et industriels du même genre.

  3. Toutes ces initiatives sont de bon aloi mais il est quand même stupéfiant en 2024 d’être obligé de recourir à ce qui semble être une astuce pour palier un manque évident de praticiens généralistes : c’est quand même du domaine de la santé publique et cela devrait être prioritaire !

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