Accompagnement de la fin de vie : le Grand Orient y est favorable

En 1978 le franc-maçon Henri Caillavet déposait sans succès une proposition de loi relative au droit de vivre sa mort. En 2024 la loi sur l’aide à mourir commence son parcours législatif. Il a semblé important d’interroger Gilles Kounowski, conseiller au Grand Orient de France, sur ce débat qui dure depuis près d’un demi-siècle.

Loge maçonnique – Cliché JPB
 
Propos recueillis par Jean-Paul Briand

 

Magcentre : Votre frère du Grand Orient de France (GODF), Henri Caillavet, en tant que parlementaire, a été le défenseur de nombreuses lois : la loi Veil sur l’interruption de grossesse, la loi qui porte son nom sur les greffes d’organes, celles de la commission de l’informatique, du divorce par consentement mutuel, pour la lutte contre les discriminations envers les homosexuels, etc. Néanmoins, sa proposition de loi d’avril 1978 « relative au droit de vivre sa mort » fut rejetée. Aujourd’hui, 46 ans plus tard, quasiment jour pour jour, le projet de loi « relatif à l’accompagnement des malades et à la fin de vie », promis par le président Macron, vient d’être enfin présenté en Conseil des ministres après son passage en Conseil d’État. Répond-il aux attentes du GODF dont vous êtes le Grand Orateur ?

Gilles Kounowski

Gilles Kounowski : Je vous remercie tout d’abord d’avoir cité les considérables apports du sénateur Henri Caillavet aux évolutions sociétales que vous avez rappelé. Membre éminent du GODF, il a aussi contribué à susciter dans nos Ateliers (nos loges), et ce depuis le milieu des années 1970, un travail de réflexion sur les questions liées à la fin de vie. Grâce à lui, au moment où la société française aspire à une évolution de la législation sur ce thème, notre propre réflexion, qui a longuement cheminé et maturé, entre en résonance avec le souhait d’une très grande majorité de nos concitoyens.


Magcentre : Autoriser le suicide assisté et l’euthanasie, même si le président Macron refuse ces termes, est une rupture majeure dans notre rapport à la mort ? Quel est le positionnement du GODF ?


GKI :
On touche ici à l’intime. Ce « rapport à la mort » que vous évoquez, est aussi pour chacun un rapport au stade ultime de sa vie. Et ce qui nous parait ici essentiel, c’est que chacun puisse, en conscience, choisir la façon dont il ou elle souhaite y trouver un terme. Cette « ultime liberté », ce droit nouveau à bénéficier d’un accompagnement de sa fin de vie, lorsque les circonstances et selon des modalités à déterminer par la loi, seront réunies, n’a vocation à n’enlever aucun autre droit à ceux qui souhaitent emprunter un autre chemin. 

Les francs-maçons Grand Orient de France sont logiques avec leur défense infatigable de la liberté absolue de conscience, et au droit à chaque individu de disposer de son corps, de la naissance à la mort.


Magcentre :
Une grande partie de la communauté médicale et en particulier celle qui est impliquée quotidiennement dans les soins palliatifs est très circonspecte voire opposée au projet de loi qui devrait être examiné en mai prochain. Que dites-vous à tous ces professionnels de santé pour les rassurer voire les convaincre ?


GKI :
Il serait absurde d’opposer soins palliatifs et accompagnement de la fin de vie. En Belgique, qui a mis en œuvre il y a déjà près de 20 ans, une législation extrêmement aboutie offrant sous de sévères conditions une possibilité d’euthanasie assistée par une équipe médicale, cette législation s’inscrit dans la logique des soins palliatifs. Elle en est l’une des possibilités, lorsque les conditions sont réunies. 

Quoi qu’il en soit, et dans un souci de préserver la liberté de conscience des soignants qui ne sont pas disposés aujourd’hui à mettre en œuvre une solution visant à accompagner de façon active la fin de vie de patients répondant aux critères de la loi, la voie de la dépénalisation qui avait été empruntée par Simone Veil pour ouvrir le droit à l’IVG peut être un exemple pertinent.


Magcentre :
Vous rencontrez les élus parlementaires, sénateurs et députés de la région, au sujet de cette prochaine loi. Quelles sont les propositions et modifications que le GODF souhaite que les législateurs défendent lors de sa discussion ?


GKI :
Ces rencontres permettent simplement de rappeler les valeurs et principes de liberté défendus par le GODF. Nous sommes bien trop respectueux des prérogatives des représentants de la Nation que sont les députés et les sénateurs, pour suggérer d’éventuelles modifications à apporter au projet de loi qu’ils auront prochainement à examiner. Ce sont eux qui sauront y apporter les compléments, les précisions, les corrections qu’ils jugeront utiles.

Notre préoccupation première, est qu’ils y parviennent rapidement, pour répondre à une bien longue attente.


Plus d’information autrement sur Magcentre :
Le défi parlementaire de la prochaine loi sur la fin de vie

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