Bourges capitale européenne de la culture 2028 : une évolution, non, une révolution !

Même s’il n’est pas, à priori, de lignée ducale, Yann Galut possède, à l’image de La Rochefoucault, le sens de la formule percutante. La nomination, en décembre dernier, de Bourges, capitale européenne de la culture 2028 doit indéniablement permettre de cibler de manière positive un territoire plus large encore que la seule préfecture du Cher et changer les regards extérieurs.



Par Fabrice Simoes


Ce n’est pas que l’on est de mauvaise langue d’Oc mais, sur la place Georges Frêche, près du bureau de Michaël Delafosse, le maire de Montpellier, l’affiche n’aurait pas été aussi audible. Ce n’est pas que l’on n’aime pas l’ASM et les Jaunards mais, dans la rue Philippe-Marcombes, au-dessus du bureau d’Olivier Bianchi, le maire de Clermont-Ferrand, l’affiche n’aurait pas été aussi éclatante. Ce n’est pas que l’on n’apprécie pas les gréements de l’Armada mais, à quelques encablures de la Seine, place du général De Gaulle, face au bureau de Nicolas Mayer-Rossignol, le maire de Rouen, l’affiche n’aurait pas été aussi indubitable non plus.

Désormais, l’affiche a une tout autre saveur. Photo FS


En surplomb des remparts gallo-romain d’Avaricum, dans le bureau de Yann Galut, le maire de Bourges, sur l’affiche visible au premier coup d’œil, le mot candidat est barré d’un coup de stylo rageur. Ici, qu’on le veuille on non, il ne reste plus que Bourges 2028 Territoire d’avenir Capitale Européenne de la Culture ! Et, sur ce coup-là, comme dans d’autres, l’édile n’est pas peu fier d’être berrichon.

À la hauteur du symbole


Yann Galut espère Bourges 2028 comme culturelle, gastronomique et naturel. Photo FS


Alors, quand le premier magistrat de la préfecture du Cher évoque l’élection de la ville au rang de capitale européenne, il ne connaît pas de qualificatif à la hauteur du symbole. « On ne se rend pas assez compte que Bourges va être la ville culturelle française numéro un pour les 20 ans qui viennent ! La prochaine nomination pour l’hexagone n’aura lieu qu’en… 2048 ! Ce n’est pas un éclairage sur une simple année comme les J.O. », assure-t-il toujours aussi enthousiaste sur le sujet. « La candidature de Bourges 2028 a donné lieu à une mobilisation de toutes les énergies du Centre-Val de Loire, de la ville à la région en passant par le département et l’agglo Bourges Plus. Notre succès, c’est la Région qui en a été le déclencheur face aux autres candidats ». D’ailleurs, si Bourges sera l’épicentre en 2028, d’autres sites entrent dans le champ des actions mises en place comme Chaumont, Blois ou Châteauroux.

Un projet qui va au-delà de la culture

Le travail, avant la décision de décembre dernier, avait été important. Le travail à venir l’est plus encore. Par exemple, les musées qui ont été successivement fermés, en raison d’un « état catastrophique depuis des années », vont connaître une nouvelle jeunesse et être réhabilités. Des travaux qui avaient, pour la plupart, été lancés en anticipation d’une victoire pour 2028. « Nous avons fermé les musées pour mieux réouvrir. Il valait mieux fermer et faire les travaux nécessaires plutôt que de bricoler pour rendre aux Berruyers, et aux touristes, des musées dignes de ce nom », estime l’élu berrichon.
Ce sont des chantiers déjà en cours mais qui ne sont pas les seuls pour les trois ans à venir, d’autant que le dossier présenté intégrait un véritable changement de paradigme pour donner une notoriété supplémentaire à la ville. Cette approche passe par une conception réfléchie et globale.

Une ville à taille humaine

Dans un premier temps le projet voulait dépasser le seul cadre culturel. Il a encore évolué en lien avec les préoccupations du moment. « Si la victoire de Bourges est celle des villes à taille humaine, elle doit aussi être celle du bas carbone. Nous voulons faire de Bourges une capitale européenne à vivre autrement. Nous avons expliqué que les touristes étrangers, français aussi, puissent privilégier le train pour venir à Bourges. Ce seront des trains spéciaux où nous allons monter des performances et jalonner d’arrêts artistiques, pour visiter un musée, voir une pièce de théâtre, assister à un concert. C’est une démarche de prendre le temps pour venir, de prendre le temps pour visiter Bourges, de prendre le temps pour aller dans d’autres destinations de la région. Cela s’inscrit dans le slow tourisme où les visiteurs resteraient quinze jours, par exemple, entre Bourges, Noirlac, Sancerre, les châteaux de la Loire, etc. », souhaite Yann Galut.

« Nous avons dit en présentation de notre candidature : vous allez vivre Bourges capitale européenne de cette manière-là, dans une démarche du bien vivre, de la bienveillance, de prendre le temps et découvrir les choses. Nous avons voulu que notre projet dépasse le seul cadre culturel. »

Parmi les projets à concrétiser, le Printemps de Bourges devrait avoir sa propre maison. En attendant, le Printemps débute à la fin du mois. Au regard du taux de remplissage des différents spectacles, la cuvée 2024 semble se diriger vers un bon cru. L’effet Bourges 2028 n’est pas prouvé mais…

Plus d’infos autrement sur Magcentre : Christian Gimonet architecte d’un Bourges autrement

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