Organisé au cinéma Les Carmes à Orléans, ce festival jette un regard critique mais aussi parfois nostalgique sur cette année riche et porteuse d’espoirs. Par-delà les films des historiens viennent en rappeler la complexité et parfois les désillusions.
Le festival Récidive court jusqu’au dimanche 31 mars. Photo Magcentre
Par Jean-Jacques Talpin
Après 1940 et 1968 le festival Récidive s’est arrêté cette fois sur 1989, année riche et critique bien sûr pour le cinéma mais aussi sur le plan politique et géopolitique avec la commémoration du bicentenaire de la Révolution, la chute du mur de Berlin prélude au démantèlement de la guerre froide, Timisoara en Roumanie, le massacre de la place Tian’anmen. Une année riche pour l’histoire (certains en ont profité pour prédire « la fin de l’histoire ») que le festival Récidive qui s’achève ce dimanche retrace aussi par des rencontres, des conférences ou des tables rondes.
Récidive c’est bien sûr du cinéma avec une sélection de films présentés à chaque fois par des spécialistes ou des critiques. En ce sens, 1989 était une année particulièrement diverse avec les œuvres de Stephen Frears, Louis Malle, Jim Jarmusch, Oliver Stone ou Nanni Moretti entre autres. Le festival sera marqué samedi, avant la clôture le lendemain, par la remise du Grand Prix Jean Zay à la réalisatrice allemande Margarethe Von Trotta pour l’ensemble de sa carrière. Après la remise du prix, la réalisatrice présentera l’un de ses films consacrés à la philosophe Hannah Arendt.
Mais pour bien montrer la complexité de cette année 1989 les organisateurs de Récidive ont aussi proposé toute une série de tables rondes et de conférences à l’Atelier Canopé comme celle animée par la doctorante en histoire Mathilde Harel sur « 1989 vu en France une année charnière ». De son côté, le grand historien Nicolas Offenstadt est venu nous ramener ce mercredi à « l’ostalgie », cette nostalgie de la RDA communiste qui étreint encore une partie de la société allemande. Une occasion pour nous rappeler aussi l’impact considérable de la chute du mur de Berlin.
Nostalgie de 1989 ?
Pour ceux qui voudraient jeter un regard global sur cette année, citons les conférences « 1989, ou la fin de l’histoire » vendredi tout comme le même jour « Le cinéma témoin de l’histoire » ou « Le grand récit de 1989 ».
En France, 1989 est aussi l’année de la commémoration du bicentenaire de la Révolution française dont Jean-Noël Jeanneney présidait « la Mission du Bicentenaire de la Révolution française et de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen ». Une occasion de rappeler ce grand moment d’histoire et de regretter qu’alors, on pouvait faire chanter sans débat La Marseillaise à une Américaine (Jessye Norman) alors que 35 ans plus tard, l’évocation de Piaf par la franco-malienne Aya Nakamura suscite l’hystérie et les délires de l’extrême droite.
A cette occasion, Jean-Noël Jeanneney sera ce jeudi soir à 18 heures aux Carmes l’objet d’un « grand entretien » mené par Emmanuelle Loyer.
Récidive montre ô combien comment 1989 – année d’élection européenne comme 2024 – était une année d’espoirs et peut-être d’illusions. Beaucoup depuis sont retombés et foulés du pied par les poussées de nationalismes, d’extrémismes ou de régressions religieuses.
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