Si le CADO a vu le jour en 1988 et le CDN en 1992, les deux structures de création théâtrale orléanaise n’avaient, de mémoire d’abonné, jamais mené le moindre projet commun autour d’une même programmation. Ce ne sera bientôt plus le cas. Magcentre vous explique.
Par Bernard Thinat
C’est en téléphonant à Pierre Guillois de la Compagnie « Le fils du grand réseau » que Christophe Lidon, directeur du CADO, souhaitant programmer un de ses spectacles à Orléans, apprend que Séverine Chavrier, alors directrice du CDN, avait déjà contacté la Compagnie. Il restait à Christophe Lidon et Séverine Chavrier à échanger, et tous deux tombent d’accord afin de « créer un diptyque » selon l’expression du directeur du CADO. Il restait à choisir les deux spectacles du créateur qu’est Pierre Guillois. Ce sera la salle Barrault pour le CDN avec « Les Gros patinent bien » du 2 au 6 avril, un conteur qui déroule une histoire, spectacle qui se joue dans des salles plus petites, voire des places de village, et la salle Touchard pour le CADO, avec « Bigre » du 4 au 14 avril, où trois célibataires vivent dans une moderne solitude avec une fin absolument délirante. On n’en dira pas plus.
Les gros patinent bien au CDN – Photo Tristan Bernard
Christophe Lidon propose alors à Pierre Guillois, d’avoir deux œuvres programmées au même moment dans deux salles différentes, et d’accompagner l’ensemble par une petite médiation, laquelle aura lieu le 5 avril à l’issue des deux représentations en parallèle. Les spectateurs auront ainsi l’occasion de rencontrer les deux équipes artistiques, d’échanger avec elles, et de « scruter l’ADN de chaque spectacle » comme le dit Christophe Lidon.
Bigre au CADO – Photo Fabienne Rappeneau
Nomination à la direction du CDN d’Orléans
A la question de savoir si l’avenir verra de nouveaux projets communs entre le CDN et le CADO, il est évidemment difficile de répondre puisque le CDN se trouve en attente de la nomination d’un ou d’une future directrice, qui devrait intervenir entre mai et juillet prochain, après signature de la ministre de la Culture. A ce jour, les cinq candidats et candidates ont rencontré l’équipe du CDN d’Orléans ainsi qu’à leur demande, le directeur du CADO, ce qui peut donner à penser qu’une future collaboration entre CDN et CADO soit possible, voire probable. Mais comme le dit Christophe Lidon, « l’harmonisation du travail au théâtre d’Orléans doit se faire en collaboration des différentes structures labellisées par le ministère ». Et d’ajouter que « les candidats ne peuvent pas négliger l’importance de chaque label… (sans préjuger) de la personnalité et de l’univers artistique » du futur responsable du CDN.
Orléans en Avignon, un enjeu culturel pour la capitale ligérienne
Les deux structures orléanaises, CDN et CADO, feront parler d’elles lors du prochain Festival d’Avignon, « plus grand festival de théâtre du monde » selon l’expression du directeur du CADO, qui se déroulera un peu plus tôt que d’habitude, du 29 juin au 21 juillet, Jeux olympiques obligent.
Séverine Chavrier, directrice du CDN jusqu’au 30 juin dernier, et actuellement à la tête de la Comédie de Genève, créera « Absalon, Absalon ! », spectacle adapté du roman éponyme de William Faulkner. Elle était d’ailleurs avec toute son équipe, en résidence au théâtre d’Orléans, dans la dernière quinzaine de mars.
Quant à Christophe Lidon, il était ces jours-ci en la cité des Papes, en répétition avec son prochain spectacle dans un théâtre permanent avignonnais, où il a bien voulu accorder quelque temps à Magcentre pour une interview en visio, sous un beau soleil, a-t-il reconnu.
Christophe Lidon qui aime beaucoup accueillir (on l’a vu sur le parvis du théâtre d’Orléans lors de l’entrée du public), caresse d’ailleurs le projet d’inviter les abonnés du CADO, en vacances estivales en la région PACA, à venir découvrir son spectacle et le Festival par la même occasion.
Deux spectacles que les Orléanais, Loirétains et au-delà pourront découvrir à Orléans lors de la prochaine saison. Qu’ils soient produits ou coproduits par les deux structures de création théâtrale orléanaises, et à l’affiche cette année en Avignon, représente un enjeu et un atout culturels pour la capitale de la région Centre-Val de Loire. De quoi interpeler les élus métropolitains de toutes tendances politiques !