Valérie Zenatti a captivé son public ce 12 mars 2024 lors des Mardis du Cercil à Orléans. La romancière et essayiste venait présenter et signer son dernier roman Qui-vive, publié aux éditions de l’Olivier en janvier. Un livre qui interroge sur le sens de l’Histoire en ces temps tourmentés.
Valérie Zenatti a signé son dernier roman Qui-vive au Cercil le 12 mars 2024. Photo SD
Par Sophie Deschamps
Valérie Zenatti a été accueillie par une salle comble ce mardi 12 mars au Cercil, Musée Mémorial des enfants du Vel d’Hiv pour son dernier livre « Qui-vive ». Un roman dont le personnage principal est Mathilde, professeure d’histoire-géo dans le secondaire. Mais suite aux remous du monde : mort de Léonard Cohen, élection de Donald Trump, confinement, guerre en Ukraine… Mathilde ne parvient plus à donner de sens à l’Histoire. Une matière qu’elle est pourtant censée enseigner à ses élèves. Elle se tourne alors vers la géographie.
De fait, de signe en signe (dont une vidéo de Léonard Cohen de 1972 à Jérusalem, Mathilde part sur un coup de tête en Israël à la recherche de réponses car elle y a vécu quelques années dans son enfance. Comme l’a finement indiqué Valérie Zenatti « elle est désorientée. Littéralement, elle se détourne de l’Orient et pourtant c’est l’Orient qu’elle choisit ». Un voyage dont Mathilde ne reviendra pas indemne, dans tous les sens du terme.
Un grand trouble après le 7 octobre
Bien sûr, Valérie Zenatti a écrit son ouvrage avant le 7 octobre mais il a été publié après. D’où la question d’Annaïg Lefeuvre, directrice du Cercil qui animait cette rencontre, de la réception de cet événement par l’autrice : « Outre l’incrédulité, l’horreur, l’inquiétude, il y a eu un grand trouble parce que la fin de Qui-vive peut être interprétée comme un pressentiment. En effet, le livre s’achève à Jérusalem avec l’idée d’une catastrophe à venir ». Puis elle précise : « C’est une catastrophe absolue pour les deux peuples car on est de chaque côté dans un processus de destruction. La place du religieux est ultra-majoritaire chez les Palestiniens et de plus en plus chez les Israéliens. Un religieux qui s’apparente à un messianisme absolu, sans concessions. Mais pour moi, il y a un fil rouge, je ne supporterais pas l’idée de l’existence d’un peuple sans l’autre ».
Valérie Zenatti estime que la vraie question qui se pose aujourd’hui et qui n’est jamais posée est : « Où va le Proche-Orient ? »
« N’aie pas peur d’être légère »
Curieusement, c’est presque à la fin de la rencontre que l’écrivaine a donné la raison du titre de son livre Qui-vive. Comme elle l’a indiqué avec humour, « le premier titre pressenti était La piscine des songes et des ténèbres mais il était trop long ». Ce sera donc Qui-vive : « Une manière de vivre en restant sur le qui-vive de Qui va là ? Qui est mon prochain ? »
Et de rappeler le conseil du grand-père de Mathilde, autre personnage essentiel du roman : « N’aie pas peur d’être légère. Car pour être ouvert aux autres, il faut être léger. »
Bio express de Valérie Zenatti
Née à Nice en 1970
Elle passe son adolescence dans le désert du Néguev en Israël.
De retour en France, elle étudie l’Histoire, la langue et la littérature hébraïques aux Langues O’.
Elle publie tout d’abord pour la jeunesse notamment Une bouteille dans la mer de Gaza (2005)
Suivent des romans pour adultes aux éditions de l’Olivier : En retard pour la guerre (2006), Les Âmes soeurs (2010), Jacob, Jacob (2014).
En 2019, Dans le faisceau des vivants elle retrace sa rencontre puis son amitié profonde avec le grand écrivain et poète israélien Aharon Appelfeld dont elle est la traductrice. Un ouvrage qu’elle était venue présenter à la librairie Les Temps Modernes à Orléans.
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