C’est une première pour le Département du Loiret : faire appel à un drone pour nettoyer la façade d’un de ses patrimoines. Depuis quelques jours, une opération de démoussage d’une façade du château de Sully-sur-Loire est en cours. Un test en ce 6 mars dans le cadre d’un marché global lancé pour l’entretien des bâtiments départementaux.
Par Estelle Boutheloup
« Attention décollage ! » À une vingtaine de mètres des douves du château de Sully-sur-Loire, Didier Dardeau, de l’entreprise 1001 Solutions, donne le départ de l‘opération. Aux manettes, son collègue Henri Cardonnet. À raison de 60 cm par seconde, le télé-pilote va commander un drone captif pour aller nettoyer, pierre par pierre, une partie de la façade nord-est du château de Sully-sur-Loire, propriété du Département du Loiret. « Un nettoyage à 110 barres avec de l’eau chaude à 60 degrés que vaporise des buses d’une perche basse pression de 2,30 m. Nous intervenons à 10 voire 5 cm de distance en pilotant à vue et non sur radiocommande pour voir précisément où l’on applique le produit et une caméra embarquée filme l’intervention pour montrer au client ce que l’on fait. »
Valider l’efficacité de la technique
À périmètre bouclé, l’équipe de quatre personnes intervient ainsi sur 1 800 m2 de la façade d’accueil du château. « Façade fortement exposée aux contraintes de vent et d’humidité et la plus attaquée », explique annonce Élodie Riquet, chargée d’opération au service Construction publique du Conseil départemental. Seront ainsi nettoyés les deux tours et le fronton de 30 m de haut. L’objectif ? Débarrasser les pierres des mousses et lichens arrivés par le vent et les graminés. « Ces derniers prolifèrent avec l’humidité, génèrent des défauts et réduisent le temps de vie des jointures et au-delà, des toitures », explique Didier Dardeau. Pour conserver ce joyau du patrimoine loirétain et intervenir dessus sans attaquer la pierre au karcher, le Département a donc eu recours à cette technique innovante plus douce. « Une première pour le Département, poursuit Élodie Riquet. De même que nous venons de lancer pour la première fois un marché global pour l’entretien des toitures de nos bâtiments, collèges, châteaux… alors que jusqu’à présent nous étions au cas par cas ».
Ce test par drone de 35.000 €, qui s’affranchît des contraintes d’accès (douves et pentes), permet non seulement d’intervenir dans les moindres recoins de l’ancienne forteresse médiévale, mais aussi de réduire l’impact environnemental et les coûts d’échafaudage toujours très onéreux. Appliqué sur des parties qui seraient inaccessibles autrement, le produit vaporisé à base d’enzymes macrobiotiques est écologique et a été validé par la DDT (Direction départementale des Territoires) pour protéger la nature environnante. « Un produit à effet rémanent qui agira pendant plusieurs semaines et se réactivera avec la pluie », souligne Didier Dardeau.
En attendant, le Département a hâte de connaitre les résultats de ce test qui doit permettre « d’anticiper et de valider l’efficacité de la technique avant de partir avec une société qui proposerait la même méthodologie », conclut Élodie Riquet. Réponse d’ici 6 à 8 semaines.
Photo de Une / Test de nettoyage des mousses sur la façade su Château de Sully-sur-Loire. Photo Estelle Boutheloup
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