Du 12 au 16 mars, l’Asla (Association de Solidarité Loire Algérie) organise à Orléans des manifestations pour mettre à l’honneur Assia Djebar, femme de lettres, cinéaste et féministe algérienne, élue à l’Académie française en 2005. Et qui, malgré la qualité et l’audace de son parcours, reste un peu oubliée du grand public. Une semaine pour contribuer à la faire mieux connaître !
Par Bernard Cassat
« Chaque année au mois de mars nous organisons un hommage à une personnalité que nous considérons comme un bien commun des peuples algérien et français. Nous avons le souci constant de construire ou consolider des passerelles, de faciliter des échanges entre les forces vives et créatrices des deux pays en toute fraternité, dans le cadre des valeurs de la République et de la laïcité », nous dit Malik Arbaoui, le président de l’Asla, Association de solidarité Loire Algérie.
Assia Djebar saisie par la grande portraitiste finlandaise Irmeli Jung
Après un hommage l’an dernier à Gisèle Halimi, l’association organise cette année une semaine de manifestations pour célébrer Assia Djebar. De son vrai nom Fatima-Zhora Imalhayène, elle a passé un baccalauréat en Algérie, puis est venue à Paris en prépa au lycée Fénelon pour intégrer l’Ecole normale supérieure de jeunes filles de Sèvres, où elle est la première élève nord-africaine. Mais en 1956, suivant les mots d’ordre de l’Ugema, Union générale des étudiants musulmans algériens, elle se met en grève d’examens, et est donc exclue de l’école. Elle écrit alors ses premiers romans, qu’elle signe Assia Djebar (les mots consolation et puissance) pour se démarquer de sa famille. Réintégrée dans ses études par le Général de Gaulle en 59, elle devient professeur d’histoire et fait de nombreux allers-retours entre France et Algérie à partir de 1962.
Une grande intellectuelle
Elle continue son travail créatif, avec des livres, des films presque ethnographiques dans les années 70 et des pièces de théâtre. Enseignante, elle ouvre aussi son champ d’intervention avec les Etats-Unis (Louisiane puis New York). En 2005, elle est élue à l’Académie française, où elle est la première femme nord-africaine à siéger. Elle décède en 2015.
Assia Djebar. Photo Wikipedia
Malgré ce magnifique parcours, elle est trop peu connue en France. Et cette semaine va contribuer à rappeler son importance. Dans le cinéma, où elle a réalisé dans les années 70 plusieurs œuvres expérimentales de haute volée. Dans la littérature, bien sûr, son domaine de prédilection. Quelques œuvres repères, Femmes d’Alger dans leur appartement, un recueil de nouvelles paru en 1980 qui illustre son engagement ethnographique et féministe, ou Nulle part dans la maison de mon père, paru en 2007, qui raconte ses souvenirs d’enfance et l’histoire de sa propre famille.
Avec une exposition, une table ronde, deux projections et une rencontre littéraire, cette semaine va explorer toutes les facettes de cette femme algérienne de premier plan.
Programme
Assia Djebar (1936-2015)
écrivaine et cinéaste, d’Algérie à l’Académie française
- Exposition 12-16 mars 2024, Maison des Associations
De Cherchell à l’Académie française, Assia Djebar, intellectuelle et écrivaine algérienne exposition conçue par l’association « Coup de soleil Auvergne / Rhône-Alpes ». Inauguration mardi 12 mars à 17 h 30. en présence de Sakina Imalhayène, sœur d’Assia Djebar.
- Table ronde mardi 12 mars 2024 à 20 h, médiathèque d’Orléans
Assia Djebar, 1936-2015
Avec Esma Gaudin-Azzouz, docteur en littérature francophone et comparée et présidente de l’association « Coup de Soleil Auvergne / Rhône-Alpes ».
Mireille Calle-Gruber, professeure à l’université Sorbonne-Nouvelle, directrice du Centre de Recherches en Études Féminines & Genres / Littératures francophones, auteure de « Assia Djebar. Le manuscrit inachevé », avec Anaïs Frantz, Presses Sorbonne Nouvelle, 2021.
Amel Chouati, psychologue, présidente du cercle des amis d’Assia Djebar.
Maïssa Bey, écrivaine, éditrice, enseignante, auteure de « Assia Djebar, femme écrivante » aux éditions Chèvre-Feuille étoilé, 2023.
- Projection & conférence jeudi 14 mars 18 h 30 – 20 h 30, FRAC
Assia Djebar, pionnière du cinéma féministe maghrébin
Ahmed Bedjaoui, universitaire, auteur, producteur et critique de cinéma.
- Projection & débat vendredi 15 mars 18 h 30 – 20 h 30, cinéma des carmes
Le Puits (Al B’ir), 2016, réalisé par Lotfi Bouchouchi (Algérie)
Ahmed Bedjaoui animera un débat après la projection.
- Rencontre avec Maïssa Bey samedi 16 mars à 16 h 30, librairie des temps moderne
Cette semaine est organisée par l’Asla avec l’aide de l’association « Coup de Soleil Auvergne / Rhône-Alpes », et avec le soutien de la mairie d’Orléans, de la Dilcrah, de la Délégation Départementale aux Droits des femmes et à l’Égalité et du Fond de Développement de la Vie Associative.