Le hideux parking aérien du centre-ville va être dissimulé par un habillage ambitieux mêlant verre, verdure et trompe-l’œil. Les touristes de JO n’y verront que du neuf.
Par Pierre Belsoeur
« Châteauroux est la ville la plus laide de France » écrivait Jean Giraudoux en 1918. Pas rancunière la ville a néanmoins donné le nom de l’écrivain limousin à son principal lycée. En 1918 pourtant, Giraudoux n’avait encore rien vu, et notamment le déchaînement des années 60-70 qui virent fleurir les constructions les plus contestables de la préfecture de l’Indre. La ville, soit dit en passant n’était qu’un gros bourg rural à la révolution, mais avait l’avantage de se trouver en plein centre du futur département de l’Indre créé en janvier 1790 par l’assemblée constituante et d’en devenir le chef-lieu dix ans plus tard. Une donnée historique qui explique l’absence de tout plan d’urbanisme et un développement plus ou moins anarchique le long des voies de communication qui s’y croisent.
Bref, entre le début des années 60 et 1978 on y a construit un building américain, une mairie high-tech (dont le coût de la rénovation des façades en verre, pour adoucir la facture énergétique a fait reculer la municipalité) et un parking aérien typique de l’architecture brutaliste en plein centre-ville.
Des tonnes de béton à scier
Le parking Diderot ne détonnerait pas au centre d’Adélaïde. Il est interdit de stationner sur les larges avenues du cœur de la grande ville australienne et tous les automobilistes trouvent refuge dans une succession de blocs de béton. Seulement là on est en Berry, à proximité d’un bâtiment art déco, d’une église XIXe et d’un ensemble de maisons d’un ou deux étages.
Alors depuis son inauguration en 1978, les différents chantiers ont consisté à masquer cette verrue. En colorant les « éléments décoratifs » en béton (sur béton), en peignant de la végétation en trompe-l’œil ou bien en créant une fresque consacrée aux hommes de spectacle le long de la rue menant au complexe culturel Équinoxe. Le nouveau projet d’habillage, qui doit être bouclé avant l’ouverture des Jeux olympiques, consiste d’abord à démonter les fameux « éléments décoratifs » : des centaines de barres verticales longues parfois plus de dix mètres.
Un chantier de 2,5 millions d’euros
Pour Emilia Veil, du cabinet parisien LA/BA Architectes qui combine architecture, urbanisme et paysage, cet habillage d’un gros parallélépipède n’est techniquement pas un chantier très difficile. « Il s’agissait de donner à chacune des façades une identité correspondant à son environnement ». Un rideau de scène remplacera les portraits le long de la rue Rabelais, la façade rue Diderot au-dessus des commerces, sera végétalisée à partir de jardinières installées au dernier étage. Des lames de verre remplaceront les éléments de béton sur la rue de la République, enfin une façade miroir permettra de refléter les éléments architecturaux du Centre Racine. Il s’agira essentiellement d’un travail de montage d’éléments architecturaux construits en atelier. Une grue est à pied d’œuvre pour les lever jusqu’au quatrième étage du parking qu’elle passera six mois à enjamber.
La rue de la République retrouvera un commerce à son rez-de-chaussée, là où à l’origine se trouvait une station-service, souvenir d’une époque où la voiture était reine dans les centres-villes. Un chantier de 2,5M€ qui était dans les cartons de la municipalité, mais que les J.O. ont évidemment boosté.
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