Artis’Up, une pouponnière à artisans à Châteauroux

Habituellement les tiers-lieux existent plutôt pour faire émerger des idées. Cette fois, on passe directement à la pratique, avec des moyens qui font rêver les candidats à l’installation.


Par Pierre Belsoeur


Jean-Christophe Léger a fait pas mal de choses dans sa vie.
 Son dernier emploi c’était de créer et installer des cuisines. Parallèlement il animait un fablab qu’il avait fait naître à Saint-Maur. L’ordinateur est sa troisième main et tout ce qui concerne une machine à commandes numériques le passionne. Ce qui n’empêche pas de prendre le balai pour faire le ménage dans son nouveau lieu professionnel.

Depuis quelques semaines Jean-Christophe est manufacturier. C’est ce qui est écrit sur sa carte de visite. Un manufacturier est « un industriel ou producteur de produits manufacturés ». Une adaptation moderne du terme puisque, si notre homme est bien le président de la manufacture de proximité Artis’up, il n’en est pas le propriétaire. « En 2021, détaille le manufacturier, l’Etat (par le biais de plusieurs ministères dont celui de la cohésion des territoires dirigé à l’époque par Jacqueline Gourault) a lancé un appel à projet pour créer vingt manufactures de proximité. Il s’agissait d’offrir, dans des territoires fragiles, des espaces de travail mutualisés permettant aux professionnels comme à d’autres acteurs du territoire de monter en compétences et de susciter des vocations ».

Un bâtiment voué à la démolition

Le président du Labomotive de Saint-Maur a pris la balle au bond et organisé un tour de table réunissant Châteauroux Métropole, le Département, la Région, les chambres consulaires et quelques partenaires privés et en décembre 2021 le dossier castelroussin est validé (le seul en région Centre-Val de Loire, un deuxième dossier devrait voir le jour en Indre-et-Loire).

Le bâtiment rénové 32 bd d’Anvaux. Photo Pierre Belsoeur


Châteauroux Métropole a réaménagé le bâtiment administratif de Mead Emballage (l’entreprise a liquidé le site de Châteauroux en 2010) dont Artis’Up sera locataire, selon les préconisations de Jean-Christophe, ce dernier a vendu son entreprise et depuis le 1er janvier, il accueille les futurs locataires ou utilisateurs de sa manufacture.

Résidents ou simples utilisateurs

La manufacture s’adresse essentiellement à trois types d’artisanat : menuiserie, métallerie, couture et maroquinerie. La manufacture met à disposition des machines professionnelles, à commandes numériques, qu’un artisan débutant n’aurait évidemment pas les moyens de s’offrir, ni sans doute de rentabiliser. C’est la mutualisation qui rend le projet réaliste.

Trois possibilités s’offrent aux artisans. La « totale » : ils louent un box qui sera leur espace privé et ont accès à toutes le machines. Ils n’ont pas besoin de local permanent et utilisent simplement les machines mais leur entreprise est domiciliée à Artis’up. Ou alors ils viennent de l’extérieur pour réaliser certaines productions que leur permettent les machines de la manufacture.

En plus de ses machines, la manufacture peut offrir à ses résidents un service de secrétariat pour la « paperasserie » de leur activité. « Dans tous les cas, précise Jean-Christophe Léger, il s’agit de services payants. La manufacture n’a pas d’actionnaires à récompenser, mais elle doit payer ses deux permanents, rembourser son emprunt, verser les loyers et payer l’entretien des locaux, la maintenance des machines et dégager un minimum de profits pour les réintroduire dans l’amélioration des équipements. Dans un premier temps nous visons l’autosuffisance d’ici trois ans. Il s’agit d’un tremplin pour des autoentrepreneurs dont l’étape suivante pourra exister dans des ateliers relais (qui sortent de terre à proximité d’Artis’up mais dépendent, cette fois, entièrement de Châteauroux Métropole). Les utilisateurs paient un loyer par personne. »

Le fait que les artisans en devenir ne sont pas destinés à faire leur vie dans la manufacture se traduit aussi dans le système de facturation. Plus vous restez longtemps plus votre loyer augmente. Si vous ne pouvez pas y faire face, c’est aussi que votre modèle économique n’est pas rentable !

Parmi les locataires certains ont un statut particulier car ils sont aussi formateurs pour les différents ateliers. « Nous disposons d’espaces communautaires, salle de restaurant, de réunion qui peuvent servir à la formation ou accueillir les manifestations de nos partenaires », rappelle Jean-Christophe pour qui cette manufacture doit devenir un lieu de vie, dans toute l’acceptation du terme.

Une trentaine d’usagers sont attendus, Jean-Christophe remplit peu à peu les cases. Seule la métallerie est pour le moment un peu à la traîne. « Une question d’état d’esprit peut-être ». En-tout-cas Labomotive a déjà déménagé de Saint-Maur pour bénéficier du confort d’Artis’Up.

Artis’Up représente un investissement d‘1,5M € (hors réhabilitation des bâtiments par Châteauroux Métropole), l’Etat intervient à hauteur 250.000 € et la structure a souscrit un emprunt de 250.000 €. Le reste du financement est apporté par la Région, les Chambres Consulaires, la Banque des Territoires et des financements privés.

Artis’Up – 32, bd d’Anvaux – 36000 Châteauroux / contact@artis-up.fr

 Jean-Christophe Léger : 0621875139 / mail jean-christophe.leger@artis-up.fr

 

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