Qu’on le nomme « Janvier sobre », « Janvier sec », « Mois sans alcool » ou que l’on conserve le terme « Dry January », c’est un défi d’outre-Manche arrivé en France en janvier 2020. Il consiste à ne pas absorber une seule goutte d’alcool durant tout le mois de janvier. Il est vrai que les fêtes de fin d’année sous souvent synonyme d’excès en la matière.
Par Jean-Paul Briand.
Un souci majeur de santé publique
Bien avant que le monde médical s’en empare, les préjugés sociaux considéraient l’abus d’alcool comme une tare à combattre au nom de la morale. Une différenciation de classe existait entre la consommation bourgeoise des grands vins et des alcools aux prétendues vertus digestives ou médicinales, souvent fabriqués par des ordres religieux, et l’absorption de gros rouge, de picrate et de vinasse des classes populaires. La première était une façon responsable et raffinée de déguster de l’alcool et l’autre un penchant trivial et délétère des classes inférieures qui ne savent pas boire avec mesure et dignité. L’une est le privilège des fines bouches connaissant l’art du bien-vivre, l’autre est l’apanage des ivrognes s’adonnant à leur vice. Quelque soit son statut social, l’alcoolisme est un souci majeur de santé publique.
Une fierté nationale pernicieuse
En France le vin bénéficie d’une tolérance spécifique. Le « Dry January » n’a pas le soutien de l’Etat. Le Président Macron a décidé, trois jours avant le démarrage de la première campagne préparée depuis plusieurs mois par Santé publique France et le ministère de la Santé, qu’il ne voulait pas de « Dry January ». Il est vrai que la production du vin et son commerce sont importants dans notre économie nationale et que les lobbys viticoles ont probablement exercé leur influence dans la prise de position présidentielle. Il existe en France une vision de la consommation de vin idéalisée voire un déni de ses dangers qui freinent le combat antialcoolique. Le vin est une fierté nationale, malheureusement pernicieuse. Il est considéré comme une création du génie français, un bien culturel emblématique dont de beaux livres font l’éloge mais rarement dénoncé comme une boisson dangereuse. Il existe de très nombreuses structures culturelles et d’associations oenologiques qui minorent les risques liés à la consommation de vin et qui vantent les mérites et les plaisirs de la « Dive Bouteille » célébrée par François Rabelais.
Savoir si notre prise de boissons alcoolisées présente des risques
Gérer à la fois notre recherche de plaisir de boire et le risque qui lui est associé n’est pas facile. L’excès dommageable n’est jamais loin. C’est pourquoi il est bénéfique d’être abstinent pendant un mois : nos cellules hépatiques récupèrent, notre masse grasse aurait tendance à diminuer et notre sommeil à s’améliorer. Mais surtout, ce mois sans vin, bière et spiritueux peut permettre une prise de conscience salutaire de notre rapport avec les boissons alcoolisées et d’une éventuelle surconsommation chronique. La campagne « Dry January » veut essentiellement promouvoir un message de prévention. Avant que les dégâts soient irréversibles, les tests que l’ont peut faire en cliquant ICI permettent de savoir si déjà notre prise de boissons alcoolisées présente des risques pour notre santé physique, psychique et sociale.
« Le vin est semblable à l’homme : on ne saura jamais jusqu’à quel point on peut l’estimer et le mépriser, l’aimer et le haïr, ni de combien d’action sublimes ou de forfaits monstrueux il est capable. Ne soyons donc pas plus cruels envers lui qu’envers nous-mêmes, et traitons-le comme notre égal » (Charles Baudelaire).
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