Pour celles et ceux qui ne l’avaient pas encore intégré ou qui étaient toujours dans le déni, le gouvernement français actuel creuse « en même temps » le sillon pour faire croître et s’épanouir la droite la plus extrême. La toute récente « loi immigration » aurait pu être écrite par le Front national, devenu désormais un authentique parti de gouvernement.
Par Jean-Paul Briand
Les renégats de la gauche qui, en 2017, ont rejoint opportunément le macronisme, devraient, dans la continuité de leur indignité, postuler pour grossir les rangs de Madame Marine Le Pen. De beaux et nombreux postes ministériels seront à pourvoir après les prochaines élections présidentielles de 2027…
Une victoire idéologique de la droite
La loi anti étrangers défendue par l’ambitieux ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, n’est pas un compromis démocratique entre la majorité présidentielle et Les Républicains comme l’affirme Emmanuel Macron. Elle est l’aboutissement d’une compromission tartufe et d’un marchandage politicard dominés et inspirés par les idées du Rassemblement national. La nouvelle loi française sur l’immigration, « ce bouclier qui nous manquait » comme l’a pitoyablement affirmé à plusieurs reprises le président de la République, sera saluée par les droites dures européennes. Elles y verront lucidement un ralliement et une belle victoire idéologique, quoi qu’en disent les affidés du président Macron.
L’extrême droite gagne du terrain en Europe
Doucement mais sûrement l’extrême droite s’installe en Europe. La France semble désormais vouloir rejoindre la Hongrie que le champion de la « démocratie illibérale », Viktor Orbán dirige, l’Italie avec à sa tête un parti postfasciste, la Finlande qui intègre l’extrême droite dans son gouvernement, la Slovaquie où son dirigeant populiste prorusse, Robert Fico, est allié aux extrémistes du Parti national slovaque SNS et la Suède dont le gouvernement aux commandes est appuyé par des néonazis. Dans tous ces pays, de nouveaux Charles Martel, appartenant à des formations d’extrême droite, prônent un nationalisme exacerbé et une xénophobie identitaire. Alors qu’en Pologne le parti nationaliste populiste (PiS) vient enfin de perdre le pouvoir après huit années de règne, aux Pays-Bas c’est le populiste souverainiste Geert Wilders qui a remporté les élections législatives. Il vient grossir les rangs de cette triste liste qui met à mal les droits de l’homme, la démocratie et l’Union européenne.
Un mal pour un bien ?
En France, un dernier espoir existe : des femmes et des hommes lucides et intègres du parti gouvernemental Renaissance, telles que Mmes Fabienne Colboc en Indre-et-Loire et Caroline Janvier dans le Loiret, ont voté contre cette loi d’exclusion. Ces députées refusent d’être complices d’une ignominie et de faire la promotion des idées portées par les partis d’extrême droite. Cette loi méprisable et honteuse peut être un mal pour un bien. Elle peut entrainer un sursaut et l’union de celles de ceux qui veulent arrêter la montée délétère de tous ces populismes fascisants et xénophobes qui militent pour que discrimination et ostracisme deviennent des valeurs républicaines françaises.
« Le racisme est une manière de déléguer à l’autre le dégoût qu’on a de soi-même » (Robert Sabatier – Le livre de la déraison souriante)