La boutique Bric-à-brac à Orléans : toute une histoire

Le magasin d’Antiquités/brocante de la place Saint-Pierre-Empont à Orléans, bien connu des Orléanais, est beaucoup plus qu’une boutique. Ouvert dans les années 70 par Henri Licht, il a été repris par sa fille Annie Berthelot qui témoigne d’une histoire ancrée dans la Rumeur d’Orléans par ses parents, et la musique par la lignée de son mari.

Un bric-à-brac qui en fait rêver plus d’un ! – Photo Valérie Thévenot


Par Anne-Cécile Chapuis et Valérie Thévenot


Le magasin est atypique et il accroche le regard par son architecture, construite en appui sur les bâtiments existants – ce qu’en terme technique on appelle « une verrue » – comme par sa vitrine qui regorge de petits objets de collection. On y voit des vases, des tableaux, des petits sujets, des statues, tout ce qu’on nomme les « objets de vitrine ». Et nombreux sont les passants à s’y attarder, regarder, sourire ou s’extasier, et y trouver des objets qui révèlent un passé qui ne demande qu’à resurgir.

La boutique regorge de pépites – Photo Valérie Thévenot


« L’objet n’est jamais neutre, il est sensuel, il raconte une histoire » nous explique Annie Berthelot qui fait vivre la boutique depuis 2019. Située au cœur du quartier Bourgogne, juste en face du Temple, elle connait bien Orléans où elle est née en 1960, et aime l’endroit vivant, surtout l’été avec les terrasses qui occupent et animent l’espace. Mais elle sait « rendre à César » et parle avec émotion de son mari, disparu trop tôt il y a 6 ans et « qui m’a tout appris ». Cet antiquaire de profession, « le meilleur des antiquaires mais avant tout un homme bon », avait étudié aux Beaux-Arts, aimait chiner et lui a transmis la passion d’un métier qu’elle décline avec sa personnalité.

Une double filiation

L’histoire d’Annie Berthelot est étonnante. Ses parents géraient le magasin Dorphé à Orléans, celui qui a défrayé la chronique dans les années 69/70 avec cette fameuse et terrible « Rumeur » qui vient de faire l’objet d’une création théâtrale au CDN par Eric Cénat (voir notre article du 27 novembre 2023). Elle avait 9 ans à l’époque, s’en souvient, mais affirme n’avoir personnellement jamais fait l’objet de manifestations ou propos antisémites.

Côté belle famille, c’est une autre histoire. Son mari était le fils de René Berthelot (1903-1999), ancien directeur du Conservatoire, chef d’orchestre et compositeur, ami de Jean Zay et Roger Secrétain, acteur incontournable de l’élite intellectuelle de l’époque (voir l’ouvrage de Philippe Barbier et Jean-Dominique Burtin « Orchestre Symphonique d’Orléans 1921-2021 Un centenaire tourné vers l’avenir »).

Une touche féminine dans le monde des objets

Voici les deux maîtresses des lieux – par Valérie Thévenot


Annie Berthelot assume ses origines et sait reconnaitre ce qu’elle doit à chacun. Mais elle revendique son identité et sait mettre sa touche personnelle dans l’exercice de sa profession. Les habitués se souviennent d’Henri Licht, ce vieux monsieur (il a aujourd’hui près de 90 ans) entouré voire envahi par les objets de sa véritable « caverne d’Ali Baba ». Annie a su en garder l’âme tout en aérant les présentations qui mettent en valeur les objets. « Il y en a pour tous les goûts » dit-elle, et les pièces rares voire haut de gamme côtoient la brocante. Elle accueille les collectionneurs pointilleux comme les curieux qui fonctionnent au « coup de cœur ». Elle est consciente de son rôle de transmission qui, à travers l’objet, crée un lien avec l’histoire, personnelle ou collective. « On n’est que des passeurs, un peu comme le jardinier qui sème et cultive, on œuvre pour les générations à venir ».

Annie Berthelot continue à chiner, à dénicher les objets du passé dans les vide-greniers ou chez les particuliers qui la contactent directement. « Il n’y a pas de concurrence dans la vente puisque tous mes objets sont des pièces uniques, mais il y en a lors de l’achat », laissant à entendre que les temps sont durs pour faire vivre un tel commerce dans les précarités économiques actuelles.

Mais elle continue. « Je suis bien dans ma boutique » nous dit-elle. Ça se voit, ça se sent, et ça contribue à un accueil chaleureux. S’arrêter à la boutique « Bric-à-brac », regarder la vitrine et pousser la porte, c’est entrer dans un monde enchanté où le passé fleure bon l’histoire, le plaisir et l’émotion. A pratiquer sans modération !

Boutique Bric-à-brac

230 rue de Bourgogne, Orléans

Ouvert tous les jours sauf lundi matin, de 9h30 à 12h 14h à 18h


Pour en savoir plus : 

« Dorphé aux Enfers, Orléans 69 », anatomie d’une rumeur orléanaise

Un livre évènement pour les cent ans de l’Orchestre symphonique d’Orléans

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