Pour lutter contre les déserts médicaux, l’association Médecins solidaires annonce l’ouverture d’un troisième centre de santé en février 2024 dans la commune berrichonne de Charenton-du-Cher (18) où le dernier médecin généraliste a définitivement fermé les portes de son cabinet il y a plusieurs mois.
Près de 300 personnes ont assisté à la réunion publique lors de laquelle le collectif a présenté le fonctionnement du futur centre de santé de Médecins solidaires de Charenton-du-Cher. Photo MG
Par Alexandra Adam
Le Cher est le département de France métropolitaine qui cumule le plus de difficultés sur le plan sanitaire selon les statistiques mises en avant par le Collectif des médecins solidaires. Il enregistre la plus forte part de patients déclarés en affection de longue durée (ALD) sans médecin traitant : 9 % d’entre eux seraient dans cette situation.
Le territoire connaît en effet l’une des plus faibles densités de médecins généralistes : il y a seulement 46,4 médecins généralistes pour 100 000 habitants en Berry et 124,2 pour 100 000 habitants à l’échelle de la région Centre Val-de-Loire. C’est dans ce contexte alarmant que Médecins solidaires a choisi le Cher pour installer son troisième centre après avoir ouvert deux structures en Creuse (23) à Ajain et Bellegarde-en-Marche respectivement en octobre 2022 et en juin 2023.
Un dispositif basé sur le « temps partagé solidaire »
Pascal Aupy, maire de Charenton-du-Cher dont le médecin généraliste a définitivement fermé les portes de son cabinet il y a plusieurs semaines, réagit à cette nouvelle : « C’est magnifique et inespéré. Depuis le départ du dernier généraliste, nous faisons face à une situation très difficile, avec de nombreux patients ayant baissé les bras, parfois malgré de lourdes pathologies. La commune investit beaucoup dans l’achat et la rénovation des locaux car l’espoir est grand et le soulagement déjà immense. Avec la venue de Médecins solidaires, on est dans une dynamique de renouveau total. »
Après seulement une année d’existence, le jeune collectif Médecins solidaires dresse un premier bilan très positif de ce dispositif inédit basé sur le « temps partagé solidaire » qui permet à des médecins généralistes de tous les profils d’aménager dans leur agenda une semaine au profit de ce projet qui vise à lutter contre les déserts médicaux en s’appuyant sur le volontariat des professionnels de santé.
Ce projet collectif est né sous l’impulsion du docteur Martial Jardel, jeune médecin généraliste qui a entrepris un « Tour de France des remplacements » en 2021. Il était parti plusieurs semaines en camping-car, à la rencontre de ses confrères en zone rurale. Il fait la rencontre des frères Emmanuel et Christophe Brochot, fondateurs de l’association Bouge ton Coq, avec lesquels il créé en 2022 l’association Médecins solidaires.
1 800 patients ont retrouvé un médecin traitant grâce à Médecins Solidaires
Des médecins volontaires issus de toute la France se relaient toute l’année pour assurer la continuité des soins auprès d’une population privée de médecin traitant. Les généralistes viennent de tous horizons, âgés de 28 à 72 ans, et sont pour 40% d’entre eux des remplaçants, 20% installés en cabinet libéral, 35% retraités actifs et 5% salariés. Ils peuvent s’appuyer sur une équipe fixe qui assure le suivi administratif des patients.
« La situation actuelle est très compliquée mais on se doit de trouver une nouvelle voie. Au sentiment d’impuissance, on veut opposer l’enthousiasme. A la tétanie, on veut opposer le mouvement. Et tenter de proposer des solutions, à notre échelle, en misant sur le collectif et la solidarité, dans un esprit de confraternité bienveillante », explique Martial Jardel, âgé de 32 ans et médecin généraliste au Dorat (87).
Bilan du premier centre ouvert en Creuse : 3 équivalents temps plein de médecine générale ont été rendus au département de la Creuse, 340 médecins généralistes ont rejoint le collectif Médecins solidaires, 1 800 patients ont choisi un cabinet Médecins solidaires comme médecin traitant et 8 200 consultations ont pu être assurées.
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