Pour le dernier rendez-vous de la saison des Matinées du piano donné à l’Institut d’Orléans, Orléans Concours International et sa directrice artistique, Isabella Vasilotta, ont proposé un concert empli de splendeur et de magie : le récital de la pianiste russe Anna Geniushene. Ce dimanche matin, la salle comble n’a pas ménagé ses applaudissements pour une artiste dont le bonheur de jouer se double d’une virtuosité lumineuse et saisissante.
Par Jean-Dominique Burtin
Anna Geniushene à l’Institut. Photo JDB
Une constante embellie de jeu
D’une fraîcheur amusée et déconcertante de joie est l’interprétation, en ouverture de récital, d’une sonate de Muzio Clementi. Nuances et subtilité mutines sont ici de mise. Tout est ici discrètement plaisant, dansant, et le piano est ici telle une machine à coudre et à foudre virtuose. Et puis voici Tchaïkovski, avec flamboiements romantiques, fulgurances, puissance et subtil minimalisme cristallin à l’éloquence émouvante.
Ici, l’artiste fait naître et réapparaître sans fin l’instrument partenaire avec lequel elle s’engage totalement. Souveraine et rayonnante est aussi l’interprétation de l’œuvre de Chopin.
Par ailleurs, Prokofiev est ici convoqué avec, comme le souligne Patrick Nachbaur, sa délicatesse, son agilité, sa force tranquille et sa finesse ainsi que son allégresse. Enfin, soulignons l’interprétation par cette artiste russe d’œuvres mélancoliques de Valentin Silvestrov, compositeur ukrainien âgé de 86 ans auteur de musiques de plusieurs œuvres cinématographiques dont celle de “Le temps qui reste“, film de François Ozon.