La salle Barrault du théâtre d’Orléans avait pris les couleurs de Versailles ce samedi 9 décembre. Le prestigieux ensemble les Folies Françoises l’a faite résonner des accents de la musique de Couperin, Clérambault et Pignolet de Montéclair, pour le plus grand bonheur des spectateurs fidèles et conquis par cette évocation, royale dans tous les sens du terme.
Par Anne-Cécile Chapuis
Les Folies Françoises avaient réuni six instrumentistes pour accompagner la soliste Elodie Fonnard et interpréter quelques pièces du répertoire royal, celui qui, à Versailles, ponctuait les actes de la vie des souverains.
Les Folies Françoises avec, de G à D : Elodie Fonnard, soprano, Béatrice Martin, clavecin, Amélie Michel, flûte, Patrick Cohën-Akenine, violon et direction, Emmanuel Balssa, viole de gambe, Yanina Yacubsohn, hautbois, Arnaud Condé, basson. Photo AC Chapuis
Avec François Couperin, le premier des Concerts royaux pose le décor, et surtout les choix de Patrick Cohën-Akenine. En effet, le compositeur est volontairement resté vague sur la composition instrumentale de ses œuvres, destinées à « faire chanter l’oreille », suggérant juste quelques instruments, à organiser au choix de l’interprète. Patrick Cohën-Akenine, pointure reconnue de la musique baroque, a opté pour le violon, flûte et hautbois pour les instruments de dessus, le clavecin, viole de gambe et basson pour les basses. Et ces instruments se marient, se doublent ou se répondent dans un prisme de sonorités renouvelées. Les unissons du violon avec la flûte ou le hautbois, du basson avec la viole sont du plus bel effet dans une musique interprétée avec maestria par les Folies Françoises, où les accents cadencés d’hémioles donnent envie de danser.
Patrick Cohën-Akenine présente le concert de façon toujours très agréable et instructive. Photo AC Chapuis
Finesse d’harmonie et florilège de sonorités
Elodie Fonnard, soprano, intervient ensuite dans une cantate de Michel Pignolet de Montéclair, « La bergère », et vient enrichir le concert de sa voix chaude et de son expressivité en harmonie avec la musique, sur un texte parfaitement intelligible.
Avec le troisième concert, c’est un florilège de sonorités, thèmes et rythmes que nous offre François Couperin. De beaux trios ou duos revisitent les instruments. La viole de gambe sort de son rôle de continuiste pour donner la réplique aux dessus. Les airs joyeux enchainent les tons majeurs et mineurs, les rythmes binaires ou ternaires (comme dans la jolie Musette) pour un final en Chaconne qualifiée de « légère » par le compositeur.
Pour clore le concert, place à Nicolas de Clérambault avec « Le Soleil vainqueur des nuages », une cantate allégorique sur le rétablissement du roi Louis XV qui embrase la salle. Elodie Fonnard est très convaincante : elle distille énergie et émotion dans un rôle qu’elle maitrise. Rodée à la musique baroque qu’elle pratique avec les plus grands maîtres du genre (William Christie, Emmanuelle Astrée ou Vincent Dumestre) elle met en scène les étapes de la guérison : « le ciel s’obscurcit… nos vœux sont exaucés… régalons d’éclatantes fêtes ». Éclatant, certes, ce beau final d’un concert longuement applaudi.
Salut final. Photo AC Chapuis
En bis, Patrick Cohën-Akenine évoque les temps troublés actuels pour proposer un « Retour à la paix » de Pignolet de Montéclair, cette paix tant espérée et dont l’évocation est accueillie par un grand silence de la salle. Avant un déferlement de bravos hautement mérités.
Rappelons que les Concerts royaux de Couperin viennent de faire l’objet d’une sortie CD, éditions Château de Versailles, numéro 10 de la collection La chambre des rois. Un très bel enregistrement réalisé en 2021 au musée instrumental de Provins, avec un livret très documenté sur la musique des rois, les instruments, les interprètes.
Pour en savoir plus : https://foliesfrancoises.fr/
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