Retrouvaille et découverte. Né le 20 décembre 1953 à Orléans, Jean-Pierre Pelletier Troupet exerce son activité depuis les années 1970 dans le domaine du bâtiment du design et de la création sous son pseudonyme JPPT. Styliste qui n’en finit pas de charmer, jusqu’aux Etats-Unis, il expose ses œuvres en la galerie orléanaise La Tour Saint-Etienne. Ses « Moches » sont des portraits de toute tendresse et de toute vérité. Comme des amis, ils vous fixent droit dans le cœur.
Par Jean-Dominique Burtin
« Quand je serai grand, je serai architecte »
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Jean-Pierre Pelletier Troupet et sa haute fresque murale. Photo JDB
Rencontrer Jean-Pierre Pelletier-Troupet, décorateur et designer, est rencontrer un ange qui replie ses ailes pour vous confier avec gentillesse, et rendant hommage aux uns et aux autres, quelques bribes d’un parcours de self-made-man. « Quand je serai grand, je serai architecte » disait-il enfant. Et dans une brochure accompagnant son exposition il est aussi écrit : « Dans sa tendre enfance, dans le jardin de sa grand-mère qui l’a élevé, il fabriquait de petites maisons créant des villages miniatures, faits de morceaux de bois peints. Avec des cailloux et des pierres, il construisait des fontaines ».
Immense et passionnant parcours
Pour faire court, Jean-Pierre rencontre en 1976 Régine Simonet, directrice de la galerie Pomme à Orléans qui lui fait découvrir le design. En 1980 il ouvre Red and Blue, une boutique et galerie d’art avec Bénédicte Poinsard, crée en 1982 une série de mobiliers et, en 1983, avec Jacques Mirande, invente une chaise et un cabinet pour le VIA Paris. En 1985, il part en Amérique en tant qu’Art Dealer puis parcourt l’Est des USA pour promouvoir le design français. En 1988 voici la création d’une série d’assiettes pour Chris Siloe et, en 1989-1990, ses créations sont plébiscitées par les institutions du Loiret. En 1991 le créateur s’installe à Miami Beach Florida avec Bernard Beudard pour ouvrir la galerie-boutique d’art « La Vitrine ». La même année, la création de tapis d’art de JPPT est promue auprès des artistes d’intérieur en collaboration avec Noëlle Werts.
Un fer de lance de la création orléanaise
Jean-Pierre Pelletier Troupet et ses “Moches”. Photo JDB
Mais revenons à Orléans : en 1994 il ouvre Origin Gallery en collaboration avec Bernard Beudard, en 1996 il crée « Portes ouvertes sur l’art » un parcours sur l’art dans la ville. En 2001 Origin Gallery déménage près des halles Chatelet et se nomme UP La Boutique, en 2006 il cède cette dernière à Blanchet Dhuismes et en reste le directeur artistique. En 2020, il se consacre essentiellement à la création de ses merveilleux tapis d’art et à ses têtes de « Moches » qui, une fois encore, sont des familiers qui nous touchent tous, figures décochées de quelques traits, figures sombres ou joyeuses, qui nous interpellent et nous concernent comme des amis ou des rencontres de passage qui cessent d’être des anonymes.
Peintures gestuelles murales ou à fouler
Celui qui a pour ami peintre Norman Liebman, rencontré en 1990 et proche du mouvement Cobra, parle volontiers de sa démarche : « Je suis autodidacte et j’en suis fier. J’ai commencé à créer des peintures et des cartons de tapis dans les années 80. Plus de 70, fabriqués par la manufacture d’Aubusson ont été vendus en France et aux USA. Depuis 2010 je crée des sculptures éphémères pour l’événementiel, peintures gestuelles murales ou à fouler. Puis sont arrivés mes « Moches ». Ces personnages issus de mon imaginaire prennent naissance sous mes doigts, mes pinceaux et autres ustensiles à peindre. Toutes ces faces disgracieuses me rassurent et me font voir en opposition un monde radieux ».
« Je crée, je peins, je fais ce qui me plaît »
Jean-Pierre Pelletier Troupet, encore : « Doit-on considérer mes personnages comme un art brut ? A l’origine, l’art brut désigne surtout l’art des fous et l’expression plastique spontanée est une expression de pulsions extrêmes, allant jusqu’à l’hallucination ou au délire. C’est aussi un art modeste de non professionnel de l’art. Cet art est la quintessence de la création autodidacte populaire. En résumé je suis un fou, autodidacte et non professionnel. Je crée, je peins, je fais ce qui me plaît de faire, sans contrainte en occultant toutes les règles de la peinture académique. »
« Les couleurs des ciels changeants »
Lors du vernissage de sa première exposition personnelle à Orléans, Jean-Pierre Pelletier Troupet évoque les couleurs des ciels changeants et de la flore qui ont indéniablement orienté sa palette. Il parle aussi merveilleusement de ses rencontres improbables qui jalonnent un destin. Et puis il parle de ces “Mascarades” qu’il a rebaptisées “Moches”, œuvres d’un « petit artiste un peu fragile un peu sensible ». Oui, c’est la première fois que Jean-Pierre Pelletier Troupet organise une exposition personnelle dans sa ville. Il fallait l’audace, la sincérité et la stature pour le faire. C’est absolument remarquable.
Jean-Pierre Pelletier Troupet, jusqu’au 10 décembre
Galerie Saint-Etienne, 8, rue Saint-Etienne, Orléans
Tous les jours sauf lundi, de 14 h 30 à 19 h.
Ou sur rendez-vous : 06 86 08 90 61
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