Ils ont un projet innovant mais pas toujours le temps de le peaufiner. Un programme financé par des fonds européens, des partenaires privés, activé par la CCI de l’Indre, permet aux chefs d’entreprises de sortir pendant six mois, la tête du guidon.
Par Pierre Belsoeur
«Ouf, on est allé jusqu’au bout.» Ce pourrait-être le cri du cœur de la soirée des remises de diplômes de Business Class PME ( à partir du moment ou ça porte un nom franglais c’est forcément plus crédible) pour les six chefs d’entreprises de la cinquième promotion. Dans une grosse entreprise, lorsqu’on a une nouvelle idée on la confie au bureau d’études. Dans une PME où le patron est à la fois commercial, bureau d’études et comptable, l’idée géniale ne bénéficie que des insomnies de son auteur pour se développer.
Se sentir moins seul
La cinquième promotion, ses partenaires et ses parrains (photo Pierre Belsoeur).
Le fait d’adhérer à Business Class PME nécessite de libérer un peu de temps, mais pendant six mois l’entrepreneur se sent un peu moins seul. Il bénéficie de l’aide des conseillers en innovation, mais aussi de l’expérience de ses prédécesseurs des quatre autres promotions. Il peut enfin échanger avec les cinq autres «élèves « de la promotion qui rament à ses côtés.
Cette année les candidats au développement cherchaient à mettre en place des très petits tirages pour élargir leur pénétration auprès des particuliers, lancer un habillage personnalisés pour les pompes à chaleur, créer un marché de franchise pour les travaux de forage, attirer des entreprises pour leurs séminaires dans un jardin extraordinaire, mettre au point un système de transport pour amener les clients au magasin bio ou permettre aux briques réfractaires éco-responsables de se faire connaître.
La culture du réseau
Au cours de cette soirée de remise de diplômes les candidats ont «pitché» (ils auraient pu présenter mais ça fait moins moderne) sur ces six sujets, pas forcément le moment le plus agréable pour certains, un exercice qui permet de donner du corps au projet et peut-être de trouver parmi les anciens, un partenaire pour faire rebondir le projet. L’occasion également de découvrir des pépites industrielles.
Marijke Lesage va mettre le feu dans les salons internationaux (photo CCI36)
IFB réfractories par exemple , entreprise Buzancéenne créée en1919 se mourrait lorsque les Lesage l’ont reprise en 2020. « elle a été sauvée par le COVID» disent-ils, mettant de côté le travail de modernisation qu’ils ont entrepris. C’est la dernière entreprise française, il n’en reste plus que quatre en Europe le processus de fabrication rend leurs briques plus efficaces … mais plus chères. Le fait que les exportations chinoises soient bloquées par le Covid leur a permis de gagner des marchés… et de les conserver, mais il faut faire connaître les briques révolutionnaires de Buzançais dans les salons internationaux. Marijke Lesage a coiffé son chapeau de feu et fera passer le message berrichon avec un délicieux accent batave.
IATST navigue entre Montipouret et Lacs, dans la région de La Châtre. Son patron a conçu une machine révolutionnaire pour faire passer des canalisations sans ouvrir le sol. «Le coût de revient de l’opération est évidemment plus cher que le système de la pelleteuse et du marteau-piqueur, reconnaît Patrick Ferrand, mais si l’on prend en compte le respect de l’environnement et la diminution des désagréments pour les riverains, le retour sur investissement est intéressant»
Tellement intéressant que Patrick Ferrand doit donner des délais délirants aux clients qui font appel à lui de toute la France, voire un peu plus loin. D’où l’idée d’une franchise qui lui permettrait d’occuper le terrain. «Dans un premier temps je pourrais louer les machines que je construis, quitte à les vendre quand les franchisés auront décollé»
Le « mangement» qui concluait cette remise de prix s’est prolongé longtemps. La cinquième promotion n’avait pas envie de se quitter.
Le start-up week-end ramené à une journée. Auparavant la CCi rassemblait les étudiants entrepreneurs pendant trois jours. Cette année les étudiants en graphisme, développement informatique, commerce ou droit ont rendez-vous le 30 novembre pour le même exercice, mais en startup challenge.
Renseignements sur theplacebycci36.fr
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