Pour les connaisseurs des bons coins, ramasser des champignons dans les bois est une activité qui revient en cette saison automnale. Après une marche profitable pour la santé cardio-vasculaire, un panier bien rempli est l’annonce d’un agréable moment gustatif. Au fil des études, on s’aperçoit que les champignons sont aussi bénéfiques à plus d’un titre.
Par Jean-Paul Briand.
En région Centre-Val de Loire la période des champignons sauvages débute. Les rabat-joie vont logiquement rappeler que certaines espèces sont toxiques voire mortelles et que chaque année, à partir d’octobre, de nombreux cas d’intoxications sont dénombrés. En effet, dans les zones de cueillette, près de 2 000 intoxications ont été rapportées en 2022, avec 74 jeunes enfants dont certains ont dû être hospitalisés dans un service de réanimation. Les empoisonnements sont essentiellement la conséquence d’un repas de champignons comestibles en mauvais état, mal conservés ou insuffisamment cuits, mais aussi par la confusion d’une espèce consommable avec une espèce vénéneuse. Erreur parfois générée par un logiciel de reconnaissance sur smartphone. Il faut donc rester vigilant et suivre les conseils de l’Anses.
Le profil nutritionnel des champignons est digne d’intérêt
Au-delà du plaisir gastronomique d’une belle fricassée de champignons sauvages, ces derniers ont des qualités nutritionnelles et médicinales non négligeables.
Evoquons avec précaution les effets des composés psychoactifs de certains champignons sur des maladies psychiatriques. Plusieurs travaux, dont un essai sur 12 patients souffrant de dépression résistante publié dans The Lancet Psychiatry, démontrent que la psilocybine, principe actif des psilocybes hallucinogènes, pourrait venir à bout des états dépressifs sévères. Les premiers résultats d’un essai randomisé, contrôlé et en double aveugle, d’un traitement à base de psilocybine viennent d’être communiqués et sont très prometteurs…
Une portion de 90 grammes de champignons de Paris (pesés crus) contient uniquement 20 calories, aucune matière grasse, 3 grammes de protéines, très peu de sel et de sucre, beaucoup de fibres avec une teneur importante en acides aminés essentiels. De plus ils apportent de nombreux nutriments indispensables : cuivre, phosphore, potassium, sélénium, zinc et vitamines dont la vitamine D. Le profil nutritionnel des champignons est digne d’intérêt.
La capacité des champignons à ralentir l’affaiblissement des capacités cérébrales
Outre la psilocybine des « champignons magiques », les champignons sauvages comestibles, en particulier les cèpes, contiennent de grandes quantités d’ergothionéine et de glutathion qui sont deux antioxydants majeurs. Ils combattent le stress oxydatif impliqué dans le vieillissement cellulaire et la neurodégénérescence qui entraînent déclin cognitif et maladies du type Alzheimer. Une très large analyse nutritionnelle de la National Health and Nutrition Examination Survey (NHANES), sur les données alimentaires et la santé mentale de 24 000 adultes suivis pendant plus de 10 ans, démontre que « des apports de champignons élevés ou réguliers permettent de réduire le risque de stress oxydatif ». Dans le « Journal of Alzheimer’s Disease » une étude sur les personnes âgées qui consomment plus de 300 grammes de champignons par semaine confirme cette aptitude des champignons à ralentir l’affaiblissement des capacités cérébrales. L’ergothionéine aurait aussi des propriétés anti-cancéreuses. En 2021, une méta-analyse de 17 études sur le cancer, portant au total sur près de 20 000 personnes, montre que le groupe ayant la consommation la plus élevée de champignons a un risque plus faible de cancer. Ceci est notamment démontré pour le cancer du sein.
Si l’on respecte les conseils d’usage, la cueillette et la consommation des champignons sauvages est un loisir particulièrement salutaire. Méfiance néanmoins vis-à-vis des tiques et des chasseurs des alentours…
Plus d’infos autrement sur Magcentre : Bonne pratique de la cueillette des champignons