Regards de photographes : “Portraits et atmosphères, les Artistes Orléanais à l’atelier”

Fêter les cent ans de l’association des Artistes Orléanais ne pouvait se concevoir sans que figure un geste créatif contemporain. A savoir les regards de trois photographes, Valérie Thévenot, Jean Dubrana et Christophe Esnault. Tous trois sont allés, une fois les reportages répartis, dans les ateliers de cent artistes de la Société. Leurs photographies figurent et figureront dans « Ages d’Or des Artistes Orléanais », l’ouvrage mémoriel à venir.

Par Jean-Dominique Burtin

Diaporama au Puellier. Photo Valérie Thévenot

Ces instantanés composent le diaporama présenté en la collégiale Saint-Pierre-le-Puellier à l’occasion du 116e salon et dans les six expositions thématiques organisées dans le département. Les Artistes Orléanais : « Chaque fois le plus important fut que la photographie vienne en regard de l’œuvre, rien ne fut anodin ». 

Une esthétique rare emplie de naturel

Chacun à sa façon, Valérie Thévenot, Jean Dubrana et Christophe Esnault sont ainsi allés avec sensibilité, appréhension et admiration, écoute et respect, à la rencontre des peintres céramistes, graveurs et sculpteurs de l’association. Grâce à cela s’offre aujourd’hui à tout amateur d’art et au néophyte, la possibilité de pénétrer au cœur d’univers rares via des portraits, des points de vue et de vie où l’on découvre la joie, l’enfance, la gravité de différents créateurs. A chaque témoignage, chaque atmosphère, un instant de travail est ici saisi de belle, heureuse et précautionneuse manière. Nulle composition n’a de fard.

Beauté de points de vue et de vie

Jean Dubrana, friand de la rencontre, nous parle de son approche : « Rien ne peut immédiatement sauter aux yeux. J’aime travailler au plus près des gens, il me faut entamer le dialogue, percevoir cette fragilité qui permet d’entrer dans la cage des artistes. Lorsque je fais le portrait de l’un d’entre eux, ce qui m’importe est de saisir le regard. Certains artistes se livrent et d’autres pas. Peintre moi-même, je ne peux que comprendre combien il est souvent difficile d’accepter de s’exposer et de se dévoiler. Lors de ces différentes aventures, d’une durée de deux ou trois heures chacune, je voulais réaliser des photographies sans mise en scène, des images qui prennent aussi en compte les éléments de l’atelier, tout cela pour varier les points de vue et raconter une histoire. Au cœur de ces instants d’intimité, de ces actes, je me suis senti ému et impressionné par l’artiste. Dans ce projet, ce partage, je suis infiniment heureux d’avoir pu retrouver chez mes amis photographes cette sensibilité si touchante qu’ils ont d’aimer les gens ».

Christophe Esnault nous écrit : « Chaque rencontre fut une exploration dans l’univers unique de l’artiste dont l’expression garde la trace indicible du regard de l’enfance. Mes reportages sont des voyages intimes et partagés, dont la somme s’inscrit dans une aventure mémorable, une odyssée dans le monde de l’art. Je l’ai vécue avec curiosité, force et humilité. Je l’immortalise avec passion, conviction et tendresse. »

« Une rencontre est un ballet à deux »

Valérie Thévenot : « Cette aventure a été pour moi quelque chose de sensible, de fragile et de passionnant. À chaque fois je fus surprise par l’accueil simple et chaleureux des artistes. Une rencontre, c’est comme un ballet à deux, il m’importait de mettre chacun à l’aise, de n’intervenir que très peu et de tenter de saisir, sur la pointe de l’objectif, leurs univers différents. Dans cette logique à retranscrire la personnalité de chaque artiste, son travail et son univers, j’ai à un moment ressenti le doute. Plus nous avancions dans notre travail photographique, plus l’importance de ce projet commun, tant artistiquement qu’humainement, m’envahissait. Parallèlement, de beaux moments se produisaient, comme la fois où j’ai interrogé une artiste sur mes mouvements incessants autour d’elle pendant qu’elle peignait, et qu’elle m’a répondu que ma présence l’inspirait. Savait-elle qu’elle m’inspirait tout autant ? Mon parcours dans la presse écrite m’a appris combien il était important de savoir accueillir le lecteur, de lui raconter une histoire qui l’inspire à son tour. Cette mise à nu des artistes, et de la mienne dorénavant par le résultat qui en est donné, tout cela ne pouvait être que le fruit d’une empathie commune. »  

Les photographes et quelques photos dans les ateliers: