Le Loiret mène une lutte sans fin contre le désert médical. Avec son Plan Priorité Santé mis en œuvre depuis le début de l’année 2023 le département espère atténuer le phénomène. Aides à l’installation, bourses étudiantes, appel à projets… le Loiret manque de médecins mais pas d’idées pour tenter de les attirer sur son territoire.
Par Mael Petit.
Comment faire pour sortir du désert médical ? La question taraude tous les territoires ou presque. Mais il en vient rapidement une autre. Pourquoi un jeune professionnel de santé viendrait s’enterrer dans la campagne de la région Centre-Val de Loire, d’autant plus lorsqu’il ne possède aucune attache avec le territoire ? Depuis un moment la réponse des collectivités est simple : il faut séduire en les aidant dans leur installation. Ou plus simplement sortir le chéquier pour les amadouer puisqu’elles n’ont guère beaucoup plus de solutions dans leur besace pour tenter d’endiguer le phénomène. Tous les territoires de la région sont d’ailleurs concernés et enchaînent désormais des plans d’urgence santé pour récupérer du médecin.
Dans le Loiret le dernier en date voté fin 2022 par le Conseil départemental présente le financement « d’actions innovantes » sur les prochaines années pour améliorer l’accès aux soins. Un an plus tard, où en est-on ? Difficile de tirer un bilan en si peu de temps surtout que le Loiret part de loin. « Nous sommes conscients d’être pratiquement derniers de la classe sur le sujet », déplore même Marc Gaudet président du département. Pas fataliste pour autant, l’élu préfère mettre en avant sa politique menée depuis 2017 et aussi le budget 2023 de plus de 700 000 € réservés aux actions en direction de la santé. Quand bien même certaines voix pourraient remettre en cause les stratégies employées par les collectivités. Comme ces mises en garde cet été de la chambre régionale des comptes qui s’interrogeait sur l’efficience de l’utilisation de l’argent public en matière d’accès aux soins. « Vu notre situation il ne faut rien s’interdire. Certes il y a des recommandations mais elles sont faciles à respecter. On ne peut pas nous reprocher d’agir », se défend Marc Gaudet.
Allez viens, on est bien dans le Loiret !
Alors le département a remis la machine en route en 2023 avec son “Plan Priorité Santé” avec à nouveau comme priorité l’accueil de nouveaux professionnels sur le territoire. Et depuis le début de l’année ce sont 9 aides allant de 7 000 à 35 000 € qui ont été votées pour faciliter l’installation. Initialement réservée aux médecins généralistes, sage-femmes, kinés, infirmiers, dentistes et pharmaciens, l’aide est désormais élargie à bien plus de médecines spécialisées comme les orthophonistes ou podologues, qui peuvent même bénéficier d’un extra de 2 000 € s’ils acceptent de devenir maîtres de stage. Mais il faut noter que ce coup de pouce financier ne semble pas encore suffisant pour tomber sous le charme du nord et de l’est du département. Les primo-installants se concentrant sur Orléans et ses alentours.
Du côté formation le Conseil départemental n’oublie pas de draguer les étudiants avec déjà 29 bourses (18 en 2022) octroyées cette année pour participer aux frais d’inscription. « Nous observons une montée croissante des demandes », constate Laurence Bellais vice-présidente chargée de l’attractivité du territoire. Des demandes qui proviennent pour beaucoup de la Faculté roumaine Gregore T Popa et de celle de Zagreb. Une bourse là aussi conditionnée par l’engagement de l’étudiant à exercer pendant au moins 5 ans dans le Loiret.
Parmi les nouveautés de cette année, on trouve aussi le « guichet d’attractivité » Cap Loiret Santé promis l’automne dernier. En ligne depuis le mois de juin ce site Internet permet d’accompagner et de faciliter le quotidien des étudiants et professionnels de santé arrivant dans le Loiret. Portail d’accès à l’information, aide aux démarches financières (bourses), recherche de logement (cartographie des logements vacants destinés aux étudiants)… Le département lui se réjouit déjà des premiers résultats enregistrés depuis la mise en ligne alors qu’il continue de soutenir en parallèle les initiatives favorisant l’accès aux soins dans le Loiret dans le cadre de son dispositif “Santé Innovations Loiret“. Quatre nouveaux projets ont d’ailleurs été sélectionnés en 2023.
Le département multiplie donc les pistes en attendant les effets de l’ouverture de la Faculté de médecine d’Orléans et le passage du centre hospitalier en CHU. Des retombées qui mettront du temps à arriver avoue le département, qui va de son côté appuyer sa politique de séduction dans les mois à venir avec une vaste campagne de communication d’attractivité au niveau national pour vanter les mérites de son territoire. Après tout, quel citadin surmené ne succomberait pas à la proposition d’une vie tranquille dans la nature loirétaine ?
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