Chartres : le Dr Paul Richer, sculpteur du Travail

À l’occasion des 90 ans de sa mort en 1933, le musée des Beaux-Arts de Chartres rend hommage à Paul Richer, un médecin et artiste chartrain né en 1849. L’exposition Les nouveaux héros. Paul Richer et la sculpture du travail explore une période particulière. Celle de 1889 à 1903, durant laquelle il se consacre à la réalisation de sculptures d’ouvriers et de paysans au travail. De son enfance à Chartres, à sa carrière de médecin, jusqu’à sa reconnaissance en tant qu’artiste : le parcours de l’un des meilleurs dessinateurs et illustrateurs d’anatomies humaines de son époque.

Par Rosa Tandjaoui (CulturAdvisor)

Un chartrain de naissance

Paul Richer naît le 17 janvier 1849 à Chartres. Il montre dès son enfance un intérêt pour l’art, notamment la sculpture, influencé par les façades de la cathédrale de Chartres, qu’il contourne chaque jour pour se rendre à l’école. Élève dissipé, ses premières années d’études sont marquées par son espièglerie, le conduisant de nombreuses fois à changer d’établissement. Cependant, en 1865 il rejoignit la pension disciplinaire des frères maristes à Montluçon, où un professeur de dessin remarque son talent artistique.

Après avoir obtenu son baccalauréat en 1869, il commence des études de médecine juste avant le déclenchement de la guerre de 1870 avec la Prusse. Là, il sert dans les ambulances de Dujardin-Baumetz, participant notamment à une amputation lors de la bataille de Loigny (Loiret). Cette expérience est immortalisée dans son œuvre “Loigny, la nuit du 2 décembre 1870”, exposée au musée du Service de santé des armées du Val de Grâce, à Paris.

Paul Richer : Loigny, la nuit du 2 décembre 1870. Crédit photo musée du Service de santé des armées du Val de Grâce, Paris. (Exposition : Chartres rend hommage à Paul Richer !).
Paul Richer : Loigny, la nuit du 2 décembre 1870. Crédit photo musée du Service de santé des armées du Val de Grâce, Paris.

Après la Commune de 1871, il poursuivit ses études médicales en tant qu’externe, tout en continuant à développer ses talents artistiques.

Une carrière de médecin

En 1875, Paul Richer illustre un ouvrage de Marc Séé, son professeur agrégé de la faculté de médecine. Malheureusement, son nom n’est pas crédité sur le livre, à tel point que, profondément déçu, il décide, et pour toutes ses futures collaborations, de signer tous ses dessins.

Ainsi, c’est en illustrant la thèse de l’un de ses amis, qu’il se fait remarquer par le professeur Jean-Martin Charcot, alors chef de service à la Salpêtrière, qui lui demande de venir l’y rejoindre pour y finir son internat. Là, il se lance dans la préparation d’une thèse sur l’hystérie, qu’il soutiendra en 1879, et qui servira de base à un ouvrage publié en 1881. De plus, Jean-Martin Charcot le nomme responsable de son laboratoire en 1882.

L’artiste finit par l’emporter sur le médecin

Selon Jean-Baptiste Charcot, qui fréquentait enfant le laboratoire de son père, et qui par la même occasion côtoyait régulièrement Paul Richer ; ce dernier souffrait de daltonisme. Ceci explique peut-être pourquoi il a choisi la médecine et le dessin anatomique plutôt que la peinture.

En tout état de cause, membre de l’Académie de Médecine depuis 1898, il a déjà entrepris une seconde carrière de sculpteur et intègre en 1903 la chaire d’anatomie artistique de l’École des Beaux Art. Il réalise notamment le Monument à Louis Pasteur (1903), situé rue Danièle-Casanova en face de la préfecture de Chartres. Ainsi, Paul Richer termine sa carrière comme inspecteur général de l’enseignement du dessin. Il décède le 17 décembre 1933 à Paris, à l’âge de 84 ans.

Paul Richer : le Monument à Louis Pasteur (1903), situé rue Danièle-Casanova en face de la préfecture de Chartres. Crédit photo wikimedia commons. (Exposition : Chartres rend hommage à Paul Richer !).
Paul Richer : le Monument à Louis Pasteur (1903), situé rue Danièle-Casanova en face de la préfecture de Chartres. Crédit photo wikimedia commons.

Une “Exposition d’intérêt national”

Labellisée “d’intérêt national” par le ministère de la Culture, cette exposition se concentre sur une période bien particulière. Celle de 1889 à 1903, durant laquelle Paul Richer se consacre à la réalisation de sculptures d’ouvriers et de paysans au travail. En effet, cette époque voit une volonté de réalisme s’imposer dans les arts. Notamment en sculpture, sous l’impulsion d’artiste tels que : Achille d’Orsi, Vincenzo Vela, Constantin Meunier, Auguste Rodin et Henri Bouchard.

Mais également un certain Jules Dalou, qui expose en 1873 à Londres sa Paysanne nourrissant son enfant, première représentation réaliste et à taille réelle d’une paysanne dans la sculpture française. Dalou et Richer noueront une longue et fructueuse amitié, et c’est cette étroite collaboration que cette exposition met également en lumière.

Une occasion unique de découvrir le parcours d’un médecin artiste chartrain majeur, au travers de certaines de ses œuvres les plus emblématiques comme les sculptures : Le Faucheur (1889) ou Bûcheron de la forêt de La Londe (1899), des reliefs en plâtre tels que Travaux des champs (1895), et même quelques dessins.

Paul Richer : Bûcheron de la forêt de La Londe (1899). Crédit photo wikimedia commons. (Exposition : Chartres rend hommage à Paul Richer !).
Paul Richer : Bûcheron de la forêt de La Londe (1899). Crédit photo wikimedia commons.

De nombreuses animations

L’exposition Les nouveaux héros. Paul Richer et la sculpture du travail est également l’occasion pour le musée des Beaux-Arts de Chartres de proposer une programmation culturelle riche et variée. Il s’agit d’une conférence “Paul Richer et la photographie“, de visites guidées, d’une lecture théâtrale “Le travail c’est la santé“, d’un spectacle de musique et danse, de soirées “Le palais des sens“, de cours de dessin et d’ateliers pédagogiques “Les petits héros” pour les enfants, avec cubes, puzzles, cahiers de coloriages et leçons de dessin.

À découvrir en famille

Cette exposition convient parfaitement aux enfants à partir de 10 ans. En effet, elle leur offre une opportunité unique d’explorer l’histoire, l’art, la médecine et la société à travers les yeux d’un médecin artiste extrêmement polyvalent. Ainsi, elle peut venir enrichir et compléter idéalement les programmes de l’Éducation nationale en encourageant la découverte de l’histoire locale, l’exploration de la dualité entre la médecine et l’art, l’appréciation de la sculpture, du dessin et de l’art réaliste, la contextualisation historique, les collaborations et influences entre artistes, une réflexion sur le travail et l’histoire ouvrière, et enfin, le développement de compétences critiques.

Une visite enrichissante qui ne manquera pas d’inspirer nos jeunes esprits curieux.

Exposition et programmation culturelle

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