Les centristes Jean-Luc Brault et Bernard Pillefer ont été élus dimanche par les 968 grands électeurs du département. Un choix d’équilibre entre le nord et le sud qui marque aussi la défaite de la favorite Catherine Lhéritier, première vice-présidente du département et présidente de l’association des maires.
Par Jean-Luc Vezon
Bernard Pillefer est élu sénateur avec l’étiquette de la majorité départementale de centre droit. Photo Jean-Luc Vezon
Les élections sénatoriales réservent souvent des surprises. En 2011, Maurice Leroy, alors président du département essuyait une défaite inattendue. En 2017, c’était au tour du Lion de Sologne, Jeanny Lorgeoux, qui avait terrassé Momo, de rendre son écharpe tricolore. Seule l’ancienne ministre Jacqueline Gourault, est restée une inamovible sénatrice, trois fois élue au Palais du Luxembourg.
Cette année, beaucoup d’observateurs pensaient que l’affaire était dans le sac pour la très présente Catherine Lhéritier qui bénéficiait en outre du soutien de David Lisnard, président LR de l’AMF et de Philippe Gouet, président du département. L’élue de Valloire-sur-Cisse se classe finalement 3e, à l’issue du second tour du scrutin, avec 383 voix.
Son collègue de la majorité départementale de centre droit UPLCI Bernard Pillefer lui passe devant avec 412 voix. À égalité à l’issue du 1er tour (354 voix), le maire de Fréteval et conseiller départemental depuis 2008 bénéficie de sa forte implantation dans le Vendômois et, sans doute, d’un arbitrage favorable de quelques dizaines de grands électeurs.
Apprécié pour son travail de terrain sur des dossiers majeurs comme le déploiement de la fibre ou la gestion des routes, ce “poulain” de Maurice Leroy, ancien professeur au lycée Ampère, âgé de 67 ans, a su faire valoir son expérience et ses résultats tangibles lors de sa campagne avec sa colistière, Anne-Laure Chevalier, la jeune maire de La Chapelle-Montmartin.
L’éclatante revanche de Jean-Luc Brault
Battu aux législatives de 2017 face à Guillaume Peltier sous l’étiquette LREM, le président de la communauté de communes Val de Cher Controis se présentait cette fois sans bannière mais avec une colistière, élue vendômoise, Béatrice Arruga, proche de Renaissance. Avec 420 voix, il l’emporte au second tour alors même qu’il était en retard de 44 voix, à l’issue du 1er, sur le duo Lhéritier-Pillefer.
Une sacrée performance et une belle récompense pour cet élu, inlassable défenseur de l’entreprise et qui a fait, en 28 ans d’engagement politique, de son territoire du Controis-en-Sologne l’une des zones les plus dynamiques de la région Centre-Val de Loire. On compte par exemple sur cette commune de Sologne viticole plus d’emplois que de salariés.
Ce self-made man, ancien rocardien, ne doit sa réussite à personne. Fils d’agriculteurs, Jean-Luc Brault a construit sa carrière sur le travail et la proximité avec comme fil directeur le juste développement de son territoire.
« C’est le jeu des territoires mais aussi des alliances », expliquait bonne perdante Catherine Lhéritier. On pense naturellement au report de certaines voix de gauche mais surtout des électeurs de Christophe Thorin, conseiller départemental et maire de Mennetou-sur-Cher, qui s‘est retiré entre les deux tours (sans donner de consignes de vote), sur Jean-Luc Brault.
Avec 267 voix, Karine Gloanec Maurin prend une belle 4e place. Bénéficiant du report des voix de l’écologiste Nicolas Orgelet (168), elle augmente son score du 1er tour de 62 voix (267 voix). « Les grands électeurs ont choisi. Pour ma part, j’ai fait une bonne campagne avec mon colistier Vincent Robin. Je vais me concentrer sur les Collines du Perche », soulignait l’ancienne députée européenne fière d’avoir prouvé que « le Parti socialiste était bien là » dans un département globalement conservateur.
Quant à Christophe Thorin, l’élu de la vallée du Cher saluait « le beau score de Jean-Luc Brault » et sa campagne dynamique. Il se félicitait aussi « de pouvoir côtoyer un parlementaire avec qui il aura plaisir à travailler… »
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