En préconisant l’arrêt de l’utilisation du S-métolachlore, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) avait coupé l’herbe sous le pied du ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau. Ce dernier défendait cet herbicide dangereux, majoritairement utilisé par les grandes exploitations agricoles.
Par Jean-Paul Briand
En mars 2023, afin de conquérir l’auditoire du Congrès de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), Marc Fesneau, l’ancien député de Loir-et-Cher et désormais ministre de l’Agriculture, avait fièrement annoncé avoir demandé à l’Anses de ne pas engager de procédure de retrait des produits à base du S-métolachlore, cet herbicide très employé par l’agriculture productiviste française. Les injonctions de notre discret ministre ne furent pas exaucées. L’Anses n’a pas tenu compte du souhait ministériel et a décidé, quelques semaines plus tard, la fin des ventes et le retrait des autorisations de mise sur le marché des produits à base de S-métolachlore.
La Commission européenne devrait proposer la reconduction de l’agrément du glyphosate
L’European Food Safety Authority (EFSA) va probablement laver l’affront subi par Marc Fesneau. En effet les experts de l’EFSA signalent dans un récent rapport que « l’évaluation de l’impact du glyphosate sur la santé des humains, des animaux et de l’environnement n’a pas identifié de domaines de préoccupation critiques ». Suite à ce rapport, la Commission européenne propose logiquement la reconduction, pour 5 ans voire beaucoup plus, de l’agrément du glyphosate, principe actif du « Roundup », l’herbicide tant contesté de Monsanto.
Toutes les organisations de protection de la nature et de l’environnement sont ulcérées et opposées à l’utilisation du célèbre herbicide. Elles exigent que le gouvernement français, son ministre de l’Agriculture en tête, s’oppose au sein de la Commission européenne au renouvellement de l’autorisation du glyphosate qui s’arrête le 15 décembre 2023.
Pas sûr qu’elles soient entendues après le camouflet subi par Marc Fesneau et les paroles du Président Macron qui, à propos du glyphosate, avait déclaré le 24 janvier 2019 à Bourg-de-Péage : « Je sais qu’il y en a qui voudraient qu’on interdise tout du jour au lendemain. Je vous dis : pas faisable et ça tuerait notre agriculture ».
L’Anses n’est pas favorable à l’emploi du glyphosate. Elle poursuit ses travaux sur cette substance afin de renforcer les connaissances sur son potentiel cancérogène et de trouver des alternatives pour la remplacer.
Marc Fesneau tient peut-être sa revanche pour redorer son blason auprès des adhérents de la FNSEA…
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