Dans le Montargois, la culture dans l’AME

Quiconque se penche sur la vie montargoise sait que la saison culturelle est d’un très bon niveau. Derrière cette programmation exigeante se trouve une équipe de programmateurs, passionnés par leur métier. Leur mission est de porter, à l’échelle de l’agglomération montargoise, une culture que lorgnent même les habitants du sud de la Seine-et-Marne.

Par Izabel Tognarelli

Une saison culturelle rythmée par des spectacles, dont Racine de trois, par la Compagnie du Détour.
Crédit photo Victor Tonelli

À la recherche de la perle rare

Le programme « Sortir » de l’AME est un service public, ne le perdons pas de vue. À défaut d’avoir les moyens de présenter des têtes d’affiche – le prix des places s’en ressentirait –, nos programmateurs misent sur la création : « Nous faisons nos repérages de plus en plus en amont, pour ne pas être sur des spectacles qui vont être très demandés et sur lesquels nous ne pourrons pas négocier. Nous ne sommes pas forcément sur des têtes d’affiche et le fait d’avoir la confiance du public nous permet d’économiser sur des spectacles très chers, qui ne sont pas forcément meilleurs », lance un Jacques Drouard tout feu, tout flamme, habité par sa mission de programmateur de la saison tous publics. Cette démarche est comparable à celle d’un éditeur, à la recherche de la perle rare qu’il aura la fierté d’avoir été le premier à débusquer : « On a beaucoup de spectacles en première année d’exploitation : nous faisons confiance. On pallie en étant encore plus réactif par rapport à la création, avec des spectacles de très belle qualité ».

Jean-Paul Billault, président de l’AME, renchérit : « Nous sommes sur des spectacles de qualité, et même s’il n’y a pas de notoriété, le public vient voir par confiance, car il sait que si ce spectacle est proposé par l’Agglo, c’est qu’il a un intérêt ». Le public n’est pas le seul à en sortir gagnant, Jacques Drouard enfonce le clou : « Nous sommes un service public : nous devons aussi être la marche qui va permettre aux spectacles d’exister, d’aller plus loin ».

Der Lauf vous emmène à l’aveuglette dans des expériences inutiles – Photo Lena Poltowski

La création, côté jeunesse

Sandrine Dubois défend quant à elle la culture pour le jeune public. Dans ce domaine, la règle dans le spectacle vivant est la même qu’en littérature : un bon spectacle pour les enfants va enthousiasmer tous les publics : « Je ne suis toujours pas lassée, car, pour le jeune public, il y a une recherche, une innovation sur des formes, des textes, c’est ce qui me plaît ». Dans cette programmation à destination des familles et des scolaires, certaines séances sont destinées aux familles (chaque 3e mercredi du mois, à 18h) ; d’autres sont réservées aux écoles.

De concert, les deux programmateurs parlent avec passion de leur métier, des artistes et de l’univers artistique, dans un contexte qui va bien au-delà des spectacles de Noël : « Nous ne sommes pas sur des spectacles de performance, mais qui ne racontent rien derrière. Ces spectacles-là sont certes beaux, impressionnants, mais quand vous avez quelqu’un qui en plus a quelque chose à raconter, quitte à vous déranger, c’est tout de même autre chose. Les professeurs sont demandeurs, car il y a des spectacles qui transforment. Certains spectacles changent des vies ».

Pour venir voir ces spectacles, les établissements scolaires affrètent des bus depuis toutes les communes de l’Agglo et même au-delà, car certains, venant du sud de la Seine-et-Marne, font plus d’une heure de route à cet effet : « En même temps, ils vont visiter le musée Girodet, le Centre d’art contemporain des Tanneries ; ils vont à la médiathèque : ils viennent découvrir l’ensemble de notre offre culturelle ». Il arrive que des lycéens viennent découvrir le Tivoli et son fonctionnement : l’équipe leur fait alors visiter les coulisses et leur présente les différents métiers (régisseur, ingénieur du son, chargé de production, administrateur et bien sûr, programmateur).

Stella Maris met l’enfant au centre du spectacle et l’invite à écouter le vent, la pluie, l’orage – Photo Léo Favreau

Le nerf de la guerre

Côté budget, l’Agglo fait également le choix de permettre l’accessibilité pour le plus grand nombre, notamment avec le tarif solidaire à 5 €. Abonnements, fidélité, groupes, tarifs réduits jusqu’à 30 ans, tarifs juniors jusqu’à 18 ans, tarif découverte sur certains spectacles (12 €, un tarif particulièrement intéressant en famille), il y a plus d’un moyen d’accéder à un tarif préférentiel. Certes, les prix ont augmenté, conséquence de l’explosion des coûts connexes, notamment ceux de l’énergie. Mais c’est la première fois en cinq ans. Or, à 21 €, le prix d’un billet plein tarif reste sans commune mesure avec les tarifs des théâtres parisiens. Les habitants du sud de la Seine-et-Marne ne s’y trompent pas et, parmi les habitués, certains n’hésitent pas à faire 40 km en direction du sud, où la circulation est de surcroît beaucoup plus fluide.

En directeur des Affaires culturelles, Hervé Mauplot se retrouve en première ligne sur les questions budgétaires. Certaines considérations viennent en compenser l’aridité : « On n’a pas beaucoup d’étudiants, car ils ne sont pas sur le Montargois. Mais à partir de la trentaine, une fois installés, ils reviennent au spectacle. À présent, on a des familles qui viennent. C’est un mouvement qui se poursuit et qui est intéressant pour l’avenir. Leur mode de fonctionnement est différent, ils sont plus tardifs dans leurs réservations qu’ils font essentiellement par Internet. À nous de leur offrir de beaux spectacles, d’essayer de convaincre, et de nous adapter ».

Tous ces spectacles ont un point commun : ce sont des coups de cœur que nos programmateurs sont allés repérer lors de festivals, notamment celui d’Avignon. Et ne leur dites pas que c’était des vacances, car au rythme où ils enchaînent les spectacles, c’est un métier : vous pourriez les froisser… « Cette année, je suis revenu d’Avignon avec un spectacle, je ne vous dirai pas lequel. Je veux qu’on l’ait l’an prochain et je ferai des sacrifices pour ça : il est tellement extraordinaire ! L’an dernier, c’était Le champ de bataille, avec Thierry Hellin, un des plus grands comédiens de la scène belge, un texte époustouflant, extrêmement drôle : je défie quiconque de ne pas s’y reconnaître et en même temps, c’est totalement émouvant ! J’ai hâte de vous voir à la sortie de 4211 comme j’ai eu hâte de vous voir à la sortie du Champ de bataille », conclut Jacques Drouard. Quand on vous dit que cette équipe est constituée de passionnés !

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Nouvelle saison, nouvelle isolation


Le Tivoli est la salle où se joue la très grande majorité des spectacles de l’Agglo. Cette salle de 300 places souffrait à la fois de son isolation et de la soufflerie. L’isolation en elle-même représentait une gageure sur le plan technique, en raison de la conception du bâtiment lui-même. Les spectacles en écharpes et doudounes devraient donc appartenir au passé, pour le confort des spectateurs, mais aussi celui des comédiens sur scène, il ne faut pas l’oublier. Quant aux entrées d’eau, qui ont fait les grandes heures de l’ensemble de la structure, elles appartiennent désormais au passé.

 

Anissa avait marqué la saison 2018 : elle revient cette fois-ci avec Au nom du père.
Photo Ariane Caton

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