Deuxième journée. Toujours beau temps et public du samedi, plus nombreux, plus disponible. Et toujours la même qualité, avec des découvertes venues de tous les coins d’Europe.
Par Bernard Cassat et photos Valérie Thévenot
Alice. Photo Valérie Thévenot
On a commencé par Alice à l’Institut. Trois femmes suisses et un piano électrique simple. Des petites mélodies enfantines dans un humour grinçant, calme, désopilant. Les trois voix s’écartent et se rejoignent en harmoniques pour raconter des histoires quotidiennes avec la logique de gamines irrévérencieuses. « Tout était préparé pour que ça se passe mal », mais ça s’est super bien passé, et « la fête était [pas] nulle », au contraire !
David Walters. Photo Valérie Thévenot
Au Campo Santo, David Walters a mélangé le rap au funk dans un tourbillon tropical plein de percussions. Il a chauffé le public, l’a fait danser et ça a marché ! Chaleur des îles en cette fin de belle après-midi.
Maruja. Photo Valérie Thévenot
Pendant ce temps-là, Maruja inondait l’Évêché d’une tempête sonore. Les gars de Manchester ne se ménageaient pas, ça donnait. Torse nu, le chanteur halluciné répondait au saxo très free dans un dialogue intéressant. La section rythmique, forte, faisait un boulot de fond. Poème déclamé sur un fond de tempête, poussée jusqu’à l’extrême. Une variation très au point du rock basique encore présent dans cette formation inhabituelle pour le genre, qui apporte un son de groupe particulier et efficace.
Gwendoline. Photo Valérie Thévenot
Retour au Campo Santo, où sur la scène micro, Gwendoline faisait revivre l’énergie punk du désespoir. Deux chanteurs à texte, une guitare et un synthé, pas si simple qu’il n’en paraissait. No future dans les textes, mais une qualité musicale élaborée bien plus loin que le punk originel. Sur une rythmique de machines, avec une basse redoutable, ils hurlent sur « le monde génial ». Et ça remue corps et esprit !
Gurriers. Photo Valérie Thévenot
Retour à l’Évêché, où les Gurriers sont entrés en scène. Un chanteur incroyable bondit et crie sa hargne dans un déluge de guitare. Ils tournent tous comme des fous sur scène, invectivent, exhortent. Et ça marche. Le public nombreux danse, danse, se lance en pogo. On est en plein dans l’inspiration rock, force, rythme, déchaînement, violence du propos et rapport au public. Quand même, les Irlandais sont maîtres en ce domaine.
Borja Flames. Photo Valérie Thévenot
En début de soirée, à l’Institut, l’espagnol Borja Flames nous a emmenés dans une ambiance bien particulière. Comme sorti d’une chorale religieuse, il casse la mystique du chant par une batterie vigoureuse, avec derrière deux claviers planants. Avec ses regards extatiques et ses gestes désarticulés, ce drôle de paroissien nous emmène loin dans son univers de recherche sonore. A chacun d’y trouver son salut.
Kutu. Photo Valérie Thévenot
Et puis Kutu s’est emparé du Campo Santo. Un Théo Ceccaldi bondissant au violon, une Éthiopienne à la voix, un batteur débordant quoique rigoureux, la basse inventive de Valentin Ceccaldi. Une fusion réussie de multiples origines musicales et géographiques, aux couleurs chatoyantes et enlevées du Sud. Ça bouge, ça fait danser, avec un bel échange scène-public, nombreux, très nombreux à apprécier. Totalement original et irrésistible.
Qu’ils viennent du Nord ou du Sud, tous ces artistes ont une lumière intérieure qu’ils nous transmettent avec bonheur. Joyeux, hurlants, paroxystiques ou intériorisés, ils nous ont proposé un formidable panorama des tendances et courants. Gros boulot de l’Astrolabe qui suit fidèlement sa ligne de défense et d’illustration des musiques actuelles, avec en annexe le plaisir d’écoute et l’étonnement des découvertes. Boulot qui se prolonge toute l’année dans les deux salles au-dessus de la patinoire.
Les Photos de Valérie
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