Les femmes hors la loi débarquent au colloque de Mix-Cité 45 à Orléans

Pour son treizième colloque “Femmes des lumières et de l’ombre”, l’association Mix-Cité 45 invite du 21 au 22 septembre 2023 Les femmes hors la loi à l’auditorium Marcel Reggui de la médiathèque d’Orléans. Présentation de deux journées prometteuses avec Monique Lemoine, présidente de Mix-Cité 45.

Propos recueillis par Sophie Deschamps
 

Monique Lemoine, présidente de Mix-Cité 45. Photo SD

C’est l’un des temps forts de la rentrée à Orléans : le colloque de Mix-Cité 45. Après le corps on s’en souvient ces deux dernières années, le choix de l’association se porte en 2023 sur les femmes hors la loi. Rencontre avec Monique Lemoine, présidente de l’association.

Magcentre : Tout d’abord, comment s’est effectué le choix du thème ?

M.L : C’est une décision collégiale. Nous choisissons nos thèmes à l’intérieur du club de réflexion d’une année sur l’autre jusqu’à l’obtention d’un consensus. Mais pour 2023, j’avoue que c’est moi qui voulais parler des rebelles. Après, on a cherché un titre avec un peu de tenue d’où “Les femmes hors la loi”. Mais vous remarquerez qu’il n’y a pas de tiret entre les trois mots parce qu’en fait, on veut le double sens. Bien sûr, on veut les brigandes mais aussi les femmes qui se sont placées en dehors de la loi parce que la loi ne respectait pas leurs droits, comme par exemple les suffragettes. Donc les cinq déclinaisons du thème de ce colloque vont nous permettre de parler de femmes de toutes conditions et de toutes époques.

D’autant que pendant longtemps les lois étaient faites par les hommes pour les hommes…

C’est incontestable. On est par exemple passé à côté de grandes romancières parce que les femmes n’avaient pas le droit de publier. Il a fallu attendre très tard, le 19e siècle pour que les autrices puissent être éditées. Virginia Woolf le dit très bien : « Si je n’ai pas une chambre à moi et 500 livres de rente, je ne peux pas écrire. »

Ce que l’on voit au fil des colloques, puisque c’est le treizième, c’est que les droits des femmes ne suivent pas une courbe ascendante. Ce sont plutôt les montagnes russes avec des avancées certes mais suivies très souvent de reculs.

Oui on le voit très clairement aujourd’hui. Regardez ce qui se passe en Iran, en Afghanistan. Et même aux États-Unis où l’avortement est remis en cause. Mais aussi dans les grands rendez-vous de l’OTAN ou les conférences internationales. Je m’amuse à chaque fois à compter le nombre de femmes sur la photo. En général, il y en a toujours une, mais parfois aucune !

Pour revenir au colloque, quand on évoque les femmes hors la loi, on pense tout de suite à l’avortement 

Oui mais pas seulement. Du coup, on va débuter ce colloque avec le code civil Napoléon de 1804. Le moins que l’on puisse dire est qu’il ne nous fait pas du bien à nous les femmes. Et là c’est une véritable régression puisque les femmes deviennent des incapables majeures et n’ont aucun droit. Ce sera donc le premier sujet du jeudi : “Au nom de quelles lois ?”

On continuera l’après-midi et c’est terrible avec : “Vous serez châtiées”. Donc là c’est la loi qui punit.

Ensuite, le vendredi, on va voir que lorsque l’on nous châtie, nous ne sommes pas très contentes et donc ce sera : “Rebelles et activistes”. Nous découvrirons des femmes transgressives parce que les lois ne leur conviennent pas. Je parlais plus tôt des suffragettes et on peut dire que si elles ne s’étaient pas mobilisées, nous serions peut-être encore très très loin du droit de vote. 

Enfin le vendredi après-midi, des femmes vont venir nous raconter leur histoire. Et nous finirons comme toujours par une note optimiste et ce sera : “Casser des lois”. Notamment celles qui ne nous conviennent pas.

À qui dédiez-vous ce colloque de 2023 ?

Évidemment, nous allons soutenir encore une fois les Iraniennes et les Afghanes. L’année dernière, nous avions dédié notre colloque à Mahsa Amini, cette jeune femme battue à mort par la police des mœurs iranienne parce qu’elle portait mal son voile. Et cette année, nous souhaitons dédier ce colloque à l’Iran car depuis un an, il y a eu des tas de manifestations avec des femmes et des hommes côte à côte.

Par contre, pour l’Afghanistan, notre soutien va aux femmes. Elles n’ont plus le droit, ni d’aller à l’école ni de travailler, ni même d’aller se faire coiffer ou se faire les ongles. Plus de musique, plus de poésie, plus rien. C’est terrible et c’est pire qu’avant. Je ne sais pas si ça peut les aider mais au moins, on les soutient. Nous pensons à toutes ces femmes, et notamment aux jeunes en se demandant quel avenir elles vont avoir si elles ne vont pas à l’école. À part faire des enfants, le ménage et la cuisine, il n’y aura rien d’autre pour elles. 

Il y aura aussi une soirée comme à tous les colloques ? 

Oui, le jeudi soir. En 2022, c’était un faux procès et cette année c’est du théâtre. Le FRAC nous ouvre ses portes à 20h. La compagnie Le Chat qui rêve va nous jouer Olympe de Gouges et Robespierre, une histoire de la Révolution.

Pour aller plus loin sur Magcentre : Belle saison 2 pour le colloque Les Femmes et leur corps à Orléans