Ils dynamisent la musique dans le Berry # 8 : Cyril Huvé

Magcentre est allé à la rencontre de ces personnes qui, bénévoles ou professionnelles, dans l’ombre ou sur le devant de la scène, mettent leur talent au service de la culture musicale. Pour la faire connaître, la développer et la diffuser à tous les publics. Aujourd’hui : Cyril Huvé fait prendre l’air à la musique

Par Pierre Belsoeur

Cyril Huvé

Sur le bord de la petite route de campagne, un marronnier centenaire résiste à la canicule. De l’autre côté une vieille grange berrichonne « dans son jus » défie le temps. Sur la droite, un champ rasé de frais et cerné de bouchures s’apprête à faire office de parking. Des notes de pianos s’échappent du bâtiment et un calicot, sur le mur de l’avancée de la porte monumentale le confirme. Nous sommes bien à la grange aux pianos de Chassignolles où David Grimal et Itamar Golan vont donner dans deux heures l’avant-dernier concert d’un mois d’août particulièrement intense.

Celui qui nous accueille en tenue d’homme d’entretien, c’est Cyril Huvé, concertiste international, Victoire de la Musique classique 2010, qui a trouvé aux portes de La Châtre le lieu qu’il cherchait pour s’éloigner de Paris et de son brouhaha afin de faire vivre la musique autrement. Ce soir ce n’est pas le virtuose qui sera devant le public, mais le responsable artistique qui mettra en avant ses collègues. En attendant il reste quelques problèmes techniques et d’éclairage à régler.

« Modèle économique inexistant »

Pas question de parachutage dans l’arrivée de ce Parisien à Chassignolles. « Je suis dans le Berry depuis vingt ans, mais ce projet fait suite à ce que j’avais essayé de faire à
Arc-et-Senans ou à La Chaise-Dieu »
.
 Simplement, cette fois, il est chez lui à Chassignolles, dans une grange dont l’achat était la plus simple phase du projet par rapport aux travaux phénoménaux que réclamait l’intérieur ! Tout a été vidé, mis à part une mezzanine. Deux vastes plateaux permettant d’entreposer les pianos et d’installer les musiciens dans la partie haute ou basse, en fonction de la sonorité qu’ils recherchent. Ce soir-là, le Stradivarius de David Grimal exploitait, dans la sonate numéro 3 de Georges Enesco, la pureté du son montant directement sous les tuiles de la grange et détachait chaque note d’un exercice de virtuosité.

Derniers réglages pour David Grimal et Itamar Golan qui ont choisi le plateau du haut et le Bechstein pour leur duo. Photo P.B

Dans cette base de vie où il revient après chaque tournée, Cyril Huvé ambitionne de rapprocher la musique des auditeurs. Les musiciens jouent au milieu du public et le rencontrent après les concerts. « Le public vient essentiellement des environs et il s’agit de proposer des tarifs raisonnables pour ouvrir les concerts au plus grand nombre ». L’artiste convient que le modèle économique est inexistant et qu’il va devoir se préoccuper de trouver des partenaires pour maintenir son festival.

Un lieu pour repenser la musique

L’autre projet c’est d’aider les interprètes à réfléchir sur leur art. Cyril Huvé a enseigné le piano à Dijon puis au Conservatoire national supérieur de Paris, il ne se revendique plus comme enseignant, mais, comme Claudio Arrau l’a fait avec lui pendant des années comme guide. La grange dispose de pianos, d’un pianiste virtuose, mais aussi d’un fond de partitions conséquent (à côté d’une énorme bibliothèque, le musicien est également titulaire d’une licence de philosophie, et d’une discothèque géante) autant d’outils qui permettent aux jeunes musiciens de passage de travailler. « La place de la musique s’est transformée. La jeune génération est anxieuse. Le niveau monte, mais les débouchés sont problématiques », estime Cyril Huvé. Il est donc nécessaire de se donner des temps de réflexions pour envisager une carrière, et pourquoi pas au calme. Une sorte de maison d’artistes.

Ce moment de pause, le pianiste l’utilise aussi avec des confrères confirmés pour travailler et préparer un enregistrement. Lorsqu’il ne court pas le monde Cyril Huvé vit avec sa région. « Avec les Lisztomanias de Châteauroux évidemment, mais aussi avec le centre Albert Camus d’Issoudun ». Avec sa famille aussi. Son épouse, professeur au Conservatoire de Châteauroux scanne les billets les soirs de concerts, son fils aîné attaché de production dans une structure musicale en Alsace remplit le même rôle pour le festival paternel, quant au plus jeune, musicien bien entendu, il dirige l’escadrille d’avions de papier, élaborés avec le « bouillon » des programmes qui plongent de la mezzanine pour saluer la fin du concert, ce qui arrache un franc sourire à Itamar Golan.

Les prochains concerts à La Grange aux pianos :


 

  • Dimanche 3 septembre, 16 h : A.Thorette, C.Huvé atelier de musique romantique 
    (9, 15 et 18 €)
  • Dimanche 10 septembre, 16 h : Philippe Nguyen piano : récital de l’accordeur 
    (9, 15 et 18 €)
  • Dimanche 17 septembre 16 h : Quatuor Bellefeuille (9, 15 et 18 €)

 

Contact sur La-grange-aux-pianos.com

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