Les manifestants ont livré un véritable bras de fer avec la préfète ce vendredi 25 août. Une délégation de militants issus du Convoi de l’eau a refusé de sortir des locaux tant qu’elle n’aurait pas obtenu gain de cause. Alors que les négociations ont débuté vers 15 heures, les anti-bassines se disaient déterminés à maintenir le siège plusieurs jours.
Par Mael Petit
Une douzaine de militants face à la préfète au siège de l’agence de l’eau, 600 manifestants chauffés à blanc à faire trembler les grilles, et un cordon de policiers posté à regarder le spectacle. C’est le tableau de cette deuxième journée interminable avenue Buffon à Orléans. Après avoir débarqué un jour plus tôt devant l’Agence de l’eau ce jeudi 24 août, le Convoi de l’eau était déterminé à obtenir un moratoire sur les projets de méga-bassine. Et cela avait plutôt bien commencé pour les anti-bassines lorsqu’au sortir de la première réunion de la journée avec Thierry Burlot, président de comité de bassin Loire Bretagne, la délégation rapportait à la foule certains échanges “positifs” tenus en privé. « Favorable » à ce qu’aucun nouveau chantier ne débute dans les Deux-Sèvres, Thierry Burlot aurait été touché par l’histoire de ce Convoi de l’eau. Ce serait même « un camouflet » à la mission, si des travaux devaient débuter dans les prochaines semaines dans des propos rapportés par Laurence Marandola, membre de la délégation et représentante de Confédération paysanne.
Des propos qui ont enthousiasmé une foule au soutien de porte-parole qui affirmaient alors ressentir dans les discussions avec leurs interlocuteurs « un changement dans leur manière d’approcher les choses ». Depuis les heurts de Sainte-Soline, il n’est plus question d’invisibiliser le mouvement ou de rester sourd face aux revendications. Toutes les parties l’ont bien compris.
Ça bloque avec la préfète… et au-dessus
C’est pourquoi la préfète avait accepté l’audience réclamée par le Convoi de l’eau. Pour sa première semaine au poste, Sophie Brocas s’affichait donc comme une personne ouverte au dialogue mais sûrement rêvait-elle de débuts plus tranquilles. Las elle a dû enfiler le bleu de chauffe dès maintenant. Les militants savaient que le moment décisif
– et le plus âpre aussi – se jouerait lors de cette réunion. Débutée peu après 15 heures, c’est elle qui devait conditionner l’obtention d’un moratoire. Elle aura finalement duré toute l’après-midi. En attendant une bonne nouvelle, la foule a patienté en chansons mais a surtout voulu se faire entendre jusque dans les locaux des tractations pour rajouter de la pression à la tension. Sans succès puisque les discussions restaient au point mort à l’issue de l’entretien.
Au centre des négociations figurait l’arrêt des travaux d’un nouveau chantier de bassine situé à Priaires dans les Deux-Sèvres. « Alors même que nous cheminions avec ce Convoi de l’eau en vue du dialogue de la dernière chance, le choix d’avoir démarré un nouveau chantier de bassine est une véritable provocation de la part de l’Etat, de l’Agence de l’eau et de la préfecture », s’agace Basile Dutertre porte-parole des Soulèvement de la Terre.
Les propositions de la préfète n’ont pas satisfait la quinzaine de militants qui composent la délégation. Par conséquent ils ont fait part de leur intention de passer la nuit dans les locaux (notamment à travers une vidéo postée sur les réseaux sociaux).
D’après eux, Sophie Brocas serait « démunie » et même « dans une situation fort inconfortable. Ça se joue au ministère », avance le porte-parole du collectif Bassines non merci Julien Le Guet. Dans l’incapacité de décider elle-même, la nouvelle préfète s’en remet à sa hiérarchie. D’ailleurs une brève communication téléphonique avec le ministère de l’Agriculture a eu lieu. Et la seule promesse qu’aucune pelleteuse n’entrera sur le site de Priaires d’ici le 5 septembre n’a pas satisfait la délégation qui dénonce un simulacre de dialogue. « C’est une proposition ridicule. L’Etat fait le choix de la confrontation et des grenades. On maintient la pression en occupant la Source ». Les manifestants passeront donc une seconde nuit devant l’Agence de l’eau tandis que la délégation doit s’exprimer ce samedi sur la suite du mouvement. Sans moratoire obtenu grâce au dialogue, les anti-bassines comptent l’obtenir eux même sur le terrain. Quitte à voir se profiler un nouveau Sainte-Soline cinq mois après les violents affrontements avec les forces de l’ordre.
Mise à jour – Le Convoi de l’eau lève le camp
Ce samedi 26 août au matin, la délégation est finalement sortie des locaux. Un des porte-parole du mouvement Julien Le Guet a annoncé la fin du siège de l’Agence de l’eau.
« Le combat va se poursuivre mais on a compris que ce n’est pas à Orléans que ça se passe. Nous allons continuer à résister et à défendre notre territoire dans les Deux-Sèvres. Il y aura des mobilisations partout », a-t-il promis.
Les militants du Convoi de l’eau ont levé le camp pour se diriger vers Paris où un point de rendez-vous est annoncé à 12h sur le Champ-de-Mars avant une déambulation dans les rues de la capitale.
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