Sous le signe du rassemblement au sein de la Nupes, le campus de rentrée du PS qui s’est tenu à Blois du 25 au 27 août, traduit la ferme volonté du parti d’Olivier Faure de retisser le lien avec les classes populaires. 800 personnes ont assisté au discours du premier secrétaire sur le parvis de la HAG samedi 26 août.
Par Jean-Luc Vezon
L’air de Blois va décidément bien aux socialistes. Depuis 4 ans, ils sont comme des coqs en pâte dans la cité de Marc Gricourt à la tête d’une coalition des forces de gauche qui fait référence depuis 2008. Ce dernier dans un discours apprécié a notamment déclaré que « ce campus était une obligation collective de rendre la parole socialiste audible et porteuse d’espoir face à un gouvernement et un président de la République qui depuis six ans s’engluent dans l’inaction climatique, s’évertuent à remettre en cause les droits sociaux en usant d’un libéralisme dépassé, entretiennent les ambiguïtés vis à vis d’une droite perdue et d’une extrême droite en embuscade ».
Il semble bien que le souhait du premier président de la région Centre-Val de Loire se soit avéré à en juger par la présence de François Hollande (proche de Bernard Cazeneuve et de son mouvement La Convention qui ambitionne de se faire une place entre la Nupes et l’aile gauche du macronisme) venu assister à l’Université d’été de la Fédération Nationale des Élus Socialistes et Républicains (FNESER).
Les partenaires de la Nupes venus en nombre ont en tout cas affiché leur bonheur d’être à Blois, tous ensembles, pour préparer les échéances électorales à venir. « Que pèsent nos nuances face à Marine Le Pen et Gérald Darmanin ? Les élections européennes ne sont ni la fin du chemin ni des Primaires à ciel ouvert », a lâché, inspiré, Arash Saeidi (Génération.s) à la tribune.
Pour Barbara Gomes, représentante du Parti communiste, le campus est même « une démonstration d’écoute, de respect et de confiance ». Même tonalité pour le député Insoumis (LFI) Hadrien Clouet pour qui « l’intergroupe à l’Assemblée nationale est une réussite ». « Nous sommes prêts à toutes les discussions pour une tête de liste de la Nupes aux élections européennes. Nous allons gagner ! » osera même le missi dominici de Jean-Luc Mélenchon.
« Gardons le cap, la coalition doit nous dépasser, nous entraîner. Travaillons sur les modalités pour 2027 », insistera enfin la présidente du groupe écologiste à l’Assemblée nationale Cyrielle Chatelain en zappant le cavalier seul annoncé par son parti aux Européennes.
Au nombre de 600, les Jeunes socialistes, venus de toute la France, affichaient comme de coutume leur détermination à l’image de leur emblématique présidente, et grande espoir de la Gauche, Emma Rafowicz. Dans un discours aux accents Jauressiens, cette proche du premier secrétaire Olivier Faure, a même cité Victor Hugo : « Le peuple ne naît pas peuple, il le devient ». Et d’enjoindre la Gauche à retrouver le peuple dans ses propositions et actions pour « construire le socialisme écologique ».
Olivier Faure plaide pour l’union
Lancé comme Noah Lyles, le champion du monde du 100 m, Olivier Faure a longuement décliné sa soif d’union dans un discours copieusement applaudi. Celui qui se définit comme « l’artisan du rassemblement depuis 2019 », a aussi défini une méthode : la création d’une agora pour succéder au parlement de la Nupes, lieu de confrontation des idées et du projet, un travail de fond sur les enjeux locaux (élections municipales de 2026 obligent) et la préparation d’un programme commun. « Il sera alors temps de l’incarner pour mettre fin à la monarchie présidentielle ».
La critique du pouvoir a naturellement tenu une belle place dans le propos du premier secrétaire : « 49.3, 47.1, 40, le pouvoir ne repose que sur quelques articles de la constitution. Emmanuel Macron fait le pari du retrait civique des classes populaires.
Il méprise le dialogue social, les syndicats, qu’il juge archaïques et sources d’inertie, et les corps intermédiaires ».
Face à la proposition du président de réunir les partis représentés au Parlement pour discuter sur des « projets de loi » ou des « référendums », Olivier Faure annonce
« travailler avec les partenaires pour établir une nouvelle version du référendum d’initiative partagée (RIP) » qu’il présentera au printemps 2024.
Plusieurs autres propositions étaient aussi dans son escarcelle comme « une grande conférence salariale sur les métiers du soin et du lien », un nouveau partage de la valeur ajoutée (1) et un impôt sur la fortune climatique pour financer « l’économie de guerre contre le réchauffement climatique ».
(1) La part des salaires dans la VA est passée de 61 à 51 % en 10 ans.
Les Européennes à l’épreuve de l’union
Si EELV et le Parti communiste ont annoncé leur volonté de présenter leur propre liste au scrutin du 9 juin 2024, le patron du PS Olivier Faure se veut prudent et ne préjuge pas de l’avenir. « La décision d’EELV et du PC n’a pas permis d’étudier les conditions d’une liste commune. Si cela devait évoluer, nous prendrions part aux discussions », a-t-il déclaré dans son discours en annonçant un vote des militants socialistes fin septembre.
Pour le 1er secrétaire et député de Seine-et-Marne, « il n’y a de toute façon pas péril en la demeure » car il s’agit d’un scrutin proportionnel où les voix s’additionnent. « Il ne faut pas entretenir des divisions artificielles » a-t-il insisté, certain que plusieurs listes issues de la Nouvelle union populaire, écologique et sociale (Nupes) n’entraveraient pas l’union.
Il est donc urgent d’attendre. Une liste d’union reste donc encore plausible, pouvant, pourquoi pas être conduite par Ségolène Royal, candidate malheureuse à la Présidentielle de 2007 contre Nicolas Sarkozy. Son annonce a du reste reçu le soutien de Jean-Luc Mélenchon que l’on sait favorable à une liste d’union qui avantagerait LFI pour cette élection qui ne lui est, a priori, pas favorable.
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