Covifruit, un nouvel élan à 90 ans

Achat d’une nouvelle boutique, développement de gammes… Depuis sa reprise en 2019 par deux jeunes amis vendéens, la Coopérative Viticole et Fruitière d’Olivet (Loiret) s’offre une nouvelle dynamique. Plus encore, son produit phare, la fameuse Poire d’Olivet, a multiplié ses ventes par quatre ! À la fois cave, épicerie fine et primeur, à 90 ans Covifruit n’entend pas prendre une ride !


Par Estelle Boutheloup

Les cuves de vinification en béton sont encore intactes et le vaste et très haut bâtiment de 1940, noirci par le temps, a conservé tout son charme. Ici des cartons de stockage, là de grandes cuves inox et de légères effluves d’alcool… Si le phylloxéra a porté le coup de grâce à l’activité viticole de l’ancienne coopérative d’Olivet créée en 1933, la traditionnelle distillation de la poire Williams du Loiret, elle, perdure. « La pratique des moines de Micy remonte au VIe siècle et les producteurs-coopérateurs successifs l’ont entretenue puis organisée et structurée au fil des années », explique Paul Grelier,
co-dirigeant de Covifruit. 

Ancré dans la valorisation des produits locaux et la commercialisation des fruits et légumes de producteurs du Loiret et du Loir-et-Cher (environ 60 aujourd’hui) depuis les années 1960, Covifruit a séduit le jeune ingénieur agronome, ancien d’Interbev (l’Association Nationale Interprofessionnelle du Bétail et des Viandes), et son ami de lycée et associé Anthony Rager, ancien chargé d’affaires dans une grande banque. Attirés par la diversification et le savoir-faire de l’équipe, ils ont ainsi repris l’enseigne en 2019 avec l’idée de l’inscrire dans une nouvelle dynamique.

Covifruit continue de développer sa gamme de jus de fruits passée de 60 000 à 240 000 bouteilles.
Photo Estelle Boutheloup


Une gamme de jus de fruits en forte hausse


En plus du magasin d’origine d’Olivet, un nouveau a ouvert à La Ferté-Saint-Aubin en 2021. Aux côtés des rayons frais et épicerie fine salé/sucré (vinaigres et moutardes Martin Pouret, Terrines berrichonnes de La Cognette, de gibiers des Senteurs Gourmandes, de poissons de Loire de La Bourriche aux Appétits, confitures de Sologne et des palets de Nançay, des pralines Mazet…), les jus de fruits de Covifruit issus de la propre transformation de fruits frais (pommes, poires, cerises…) de la maison. « Un développement assez fort depuis notre arrivée, souligne Paul : 240 000 bouteilles vendues par an contre 60 000 avant la reprise, soit 10-15% du chiffre d’affaires. De bons résultats, alors que le marché est plutôt stagnant voire en régression, dus à une forte demande et à l’absence d’opérateurs dans la région ». Mais aussi de la purée de fruits et des confitures.

La Poire d’Olivet, l’indétrônable produit phare


Côté cave, vins de la région, champagne et spiritueux (Cœur d’Arlicot, Olivetain…), la crème de poire Williams et la fameuse eau-de-vie de Poire d’Olivet, le produit phare de la maison dont l’identité graphique a été revisitée. Des bouteilles sans fruits et des bouteilles avec le fruit prisonnier dans de nouveaux coffrets. « L’idée du fruit dans la bouteille apparaît dans les années 1960. Une opération très technique sur 8 à 10 bouteilles par arbre seulement. Bouteilles qui sont peintes pour protéger de la chaleur et de la lumière du soleil ». Au total entre 10 000 et 15 000 litres d’eau-de-vie de poire régionale Williams sortent ainsi de l’établissement.

Alors que la récolte est actuellement en cours, les fruits sont mûris pour obtenir le bon taux de sucre avant d’être broyés. Le moult de poire est ensuite stocké dans les anciennes cuves à vin de 250 hectolitres pour laisser s’opérer la fermentation pendant un mois, puis la distillation fin septembre. « 2022 a été une année de grosse production : nous avons distillé pendant 4 mois. Il faut entre 11 et 15 kg de poires pour obtenir 1 litre
d’eau-de-vie à 50 degrés. Le vieillissement dure entre 4 à 5 ans pour faire évacuer les éthers âpres qui ne mettent pas en avant les arômes de la poire. Puis de l’eau de source est ajoutée pour réduire le degré d’alcool de 65-60° à 43° degrés »
. La mise en bouteille se fera ensuite à l’automne et au printemps sur site sur une petite ligne. « Représentant 10% du chiffre d’affaires avec les alcools, ce produit à valeur ajoutée est l’image de Covifruit. Mais stocké entre 4 et 5 ans, il demande une grosse trésorerie. »


Se développer malgré les crises


Ambassadeur © du Centre, Covifruit est l’une des premières entreprises labellisées sur la nouvelle identité. « Une démarche qui a du sens quand on commercialise dans la région, qui garantit la provenance des produits, montre une vraie identité territoriale et crée une dynamique entre adhérents ». Pas négligeable alors que ces dernières années ont compté bon nombre d’aléas et de crises : pas de poires en 2021 à cause du gel, crise COVID avec les problèmes d’approvisionnement sur le verre et les confinements qui ont fortement réduit les moments de convivialité et de consommation, et aujourd’hui la crise ukrainienne et celle de l’énergie. « + 30% du coût de la distillation, + 50% sur le coût du verre en 3 ans, augmentation de 30 000 € à 100 000 € du coût de l’électricité sur notre autre activité fruits et légumes avec le stockage en chambres froides, sans oublier le droit de douane passé de 2% à 5%, la TVA… », énumère Paul Grelier.

Si une hausse de 20-25% aux professionnels a été inévitable, la répercussion de la hausse des coûts sur les produits pour les particuliers n’a été, elle, que de 10 à 15%. De quoi malgré tout continuer à se faire plaisir avec des produits locaux de qualité, gourmands et savoureux, de saison sur le frais, et à prix accessibles.

Photo de Une Estelle Boutheloup / Anthony Rager et Paul Grelier, les deux repreneurs de Covifruit en 2019.


Rubrique parrainée par CODIFRANCE

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