A la rencontre du monstre sacré de la cathédrale d’Orléans

Le festival « Au son des orgues » se poursuit à Orléans avec, avant chaque concert une visite guidée des grandes orgues. Magcentre a participé à cette découverte passionnante pilotée par Olivier Salandini, avant le concert donné par l’organiste américain Mark Steinbach.

Par Anne-Cécile Chapuis

L’orgue Cavaillé-Coll de la cathédrale d’Orléans vu de près. Photo AC Chapuis


Dès les premiers propos sur la cathédrale d’Orléans et son histoire à épisodes (notez bien le pluriel !) Olivier Salandini captive son auditoire. Il faut dire qu’il connait bien son sujet, lui qui est organiste et cotitulaire des orgues de la cathédrale d’Orléans. Il l’annonce d’emblée à la dizaine de personnes prêtes à s’embarquer vers les hauteurs de l’édifice : l’heure impartie sera difficile à tenir. Et de fait, quelle histoire ! Après avoir évoqué la cathédrale et ses différentes étapes de construction/reconstruction entre 1278 et 1829, après avoir gravi les 69 marches conduisant à la tribune, l’on découvre le monstre sacré du XVIIIe siècle. Et l’on apprend qu’il a été transféré depuis l’abbatiale de Saint-Benoit après la révolution et un achat (contesté !) par un architecte orléanais, Benoit Lebrun, puis remonté en 1822 par Callinet, et reconstruit par Cavaillé-Coll en 1861.

Quelques-uns des 3 670 tuyaux de l’orgue de la cathédrale d’Orléans. Photo AC Chapuis


Avec quelques restaurations en 2004/2008, l’instrument actuel est pratiquement « dans son jus » et offre ainsi un composé d’orgue baroque et d’orgue symphonique, propice aux musiques de toutes époques.

Un instrument grandiose et impressionnant

La visite de l’intérieur du majestueux instrument est impressionnante. On découvre une forêt de 3 760 tuyaux de toutes tailles, (dont la plupart sont d’origine) un mécanisme de soufflerie conséquent (électrifié en 1921) et le jeu de quatre claviers ainsi qu’un pédalier.

Après les explications techniques et précises, notre guide n’est pas avare d’exemples, faisant alterner les jeux de la console en expliquant leur utilisation, et en illustrant par deux exemples de Vierne et Boëly qui figureront au programme du concert qu’il donnera en clôture du festival le 27 août.

Olivier Salandini, organiste, fait sonner l’instrument de la cathédrale d’Orléans. Photo AC Chapuis


L’on n’a pas vu l’heure passer, il est temps de redescendre pour le concert.

Un concert aux musiques variées

C’est l’Américain Mark Steinbach qui prend place à la console. Sa prestation est diffusée sur grand écran. Après avoir entendu l’orgue dans un espace de proximité où il sonne magnifiquement, l’oreille est, au départ, un peu déconcertée par la nouvelle résonance. Notre guide nous avait prévenus : il aurait mérité d’être placé quelques mètres plus bas dans ces voûtes qui mesurent en tout 32 mètres.

Mark Steinbach, organiste, enseignant, conférencier à l’université de Brown, Providence USA, à la tribune de l’orgue d’Orléans avant le concert du 16 juillet 2023.. Photo AC Chapuis


Mais très vite l’espace sonore est rempli et la prestance de l’organiste fait merveille dans un carillon qui démarre très simplement et s’enrichit progressivement de palette colorée des jeux de l’instrument. Avec Buxtehude puis Bach, on retrouve l’orgue du XVIIIe siècle. Le programme est éclectique et se poursuit avec la musique répétitive de Philip Glass misant sur l’alternance de passages piano et forte. Changement d’ambiance avec une jolie pièce de Florence Price (1899-1952) avant un choral final de César Franck.

Tout droit venu de l’université de Providence aux USA, Mark Steinbach ravit le public venu nombreux pour ce rendez-vous estival. La registration, complexe, est assurée par Gildas Harnois et Benoît Demedjian.

Un bis de Nico Mulvy termine sur une note tenue (un mi) pivot d’accords et mélodies, comme un son infini qui prolonge le concert.

Le festival se poursuit chaque dimanche d’été jusqu’au 27 août, avec un organiste et programme différent à chaque fois, toujours précédé de la visite guidée de l’orgue.

Un voyage dans le temps et dans l’espace à ne pas manquer.

Pour en savoir plus sur le festival

Plus d’infos autrement sur Magcentre: Un beau palmarès pour l’Orchestre d’Harmonie de la Région Centre (OHRC)

Commentaires

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  1. Merci pour la visite guidée. Je suis moi-même pianiste et ai de temps en temps accompagné à l’orgue (électrique celui-là, mais avec tout de même un pédalier) de la Paroisse Sainte Jeanne d’ARC les messes du samedi. Il y en avait eu un autre en plus un temps, à trois claviers de mémoire, prêté par le Conservatoire pour que ses élèves puissent venir répéter dans une église. Il n’y est plus aujourd’hui.

    Je ne suis en revanche jamais monté voir celui de ma Cathédrale, notre Cathédrale, que Bernard HURVY a si brillamment restauré. Mais ça donne envie, surtout si c’est Olivier qui fait la visite. Nous nous connaissons bien tous les deux en nous côtoyant régulièrement lors de Messes et d’Offices dans la Cathédrale. J’ai ceci dit assisté au concert de Mark STEINBACH. C’était un vrai régal. Entendre, moi le spécialiste de la Musique Minimaliste, pour la première fois à l’orgue le Mad Rush de Philip GLASS (car à l’origine, c’est bien une pièce pour orgue et non pour piano, Philip l’ayant transposée ensuite et l’ayant lui-même interprété dans un enregistrement où figurent ses cinq Métamorphoses avant et le «Wichita Vortex Sutra» après, sorti de mémoire en 1991), était un vrai régal et un pur bonheur. Le changement des jeux et l’alternance des nuances étaient un ravissement pour l’oreille, l’acoustique de la Cathédrale étant géniale. Que dire de la pièce de Louis VIERNE au début ? Un régal aussi. Je ne connaissais absolument pas la compositrice Florence PRICE. Une belle découverte.

    Merci pour le nom du compositeur du «bis» car j’ignorais de quoi il s’agissait et souhaitais le savoir. Je le sais grâce à vous. Et merci pour le nom du deuxième à avoir changé les jeux pour assister l’organiste (qui ne peut pas le faire tout seul vu la taille de l’instrument et le nombre de jeux qu’il contient, 56 en l’occurrence). J’avais reconnu Gildas au fond, mais au premier plan, j’ignorais de qui il s’agissait. Maintenant, je sais. Ils auraient d’ailleurs parfaitement pu venir saluer et être applaudis eux aussi, car le méritant pleinement. D’autant plus pour Gildas, vu qu’il est le Directeur Artistique du Festival.

    Vive la Musique et vive notre orgue… Monument à préserver coûte que coûte et qui je l’espère est classé si cela est possible vu son âge et sa qualité. Bien à vous et merci Anne-Cécile pour l’article élogieux ô combien mérité.

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