Rencontre avec Etienne Luneau, Directeur artistique de la Compagnie, sur une place ombragée
Magcentre : Etienne, pouvez-vous rappeler comment est née ta Compagnie ?
La Compagnie s’est créée autour d’un atelier théâtre dans l’Indre en 2002, entre Elsa Robinne et moi, et a pris le nom du « Grand Tigre » en 2020, à l’époque où Macron avait dit qu’il fallait enfourcher le grand tigre, donc on s’est auto-enfourché. On est passé par la région parisienne et on est revenu en Indre-et-Loire. Mais on a aussi une grange à Culan dans le Cher où l’on répète nos spectacles.
Magcentre : Après Molière, voilà Tchekhov. Qu’est-ce qui vous amène à fouiller les grands dramaturges et à nous restituer leurs vies ?
On a d’abord créé « Molière » comme un spectacle un peu léger, puis pendant le confinement, on a réuni la troupe et on s’est dit qu’on allait se diriger vers un projet réunissant différents moments du répertoire, vers une trilogie Molière-Tchekhov-Shakespeare. Cela permettait de réunir toute la troupe vers un projet d’avenir, un projet de compagnie.
Magcentre : Il y a de nombreuses citations prises dans les textes de Molière et Tchekhov dans vos spectacles ?
Oui. Dans Molière, on avait réussi à prendre des grands morceaux de scènes pour raconter sa vie, mais pour Tchekhov, c’est beaucoup plus difficile car il s’agit d’une structure sur un autre rythme, on ne pouvait pas extraire un morceau de scène, ce sont des scènes très longues sur un rythme plus lent, donc on a utilisé des répliques, des passages de scènes pour traverser sa vie.
Magcentre : Molière, tout le monde connaît, ce qui n’est pas le cas pour Tchekhov. Comment un spectateur qui n’en a jamais entendu parler, peut-il recevoir ce spectacle ?
Le jeu consiste à recréer l’ambiance autour du dramaturge, Si on connaît Tchekhov, on le reconnaît aux nombreux extraits de ses pièces, et si on ne le connaît pas du tout, on l’entend sans s’en rendre compte, ce qui est déjà bien. Sans s’appesantir sur le fait qu’on transmet quelque chose, on n’indique pas les citations et c’est différent avec Molière. Comme la langue de Tchekhov est contemporaine, il est facile de l’insérer dans un spectacle sans que le spectateur ne s’en rende compte.
Magcentre : D’où provient la première chanson au tout début du spectacle ?
C’est un extrait des « Trois sœurs », on a créé une musique sur une cadence russe traditionnelle avec presque un air de Vyssotski, le chanteur russe des années 70. Le reste de la musique est une création de Joseph Robinne, avec un thème sur un prélude de Tchaïkovski. Joseph le joue notamment lorsqu’Anton apprend la mort de son frère.
Magcentre : Vous êtes aidés par la Région Centre-Val de Loire ?
La région a plusieurs dispositifs, celui d’aide à la création, ainsi qu’une aide pour notre présence au Festival d’Avignon. On fait une demande et une commission décide d’attribuer une aide à certaines compagnies. Sur Avignon cette année, on a reçu de la Région 7 000 € sur un budget de 50 000 €, ce qui n’est pas anecdotique. Il nous reste
25 000 € à réaliser en billetterie. Mais l’objectif consiste surtout à obtenir des dates de représentations auprès des programmateurs, il faut que le spectacle plaise, qu’il corresponde à un projet, et qu’il plaise plus que les autres, pour qu’il finisse par être acheté.