La salle de l’Institut, parfaitement adaptée à ce type de formation musicale, a accueilli un magnifique concert pour chœur, cordes et continuo ce samedi 1er juillet 2023.
Par Anne-Cécile Chapuis
Les ensembles Cantamici et Folies Françoises lors du concert du 1er juillet 2023. Photo Charline Delpuget
L’ensemble vocal Cantamici, composé de 17 choristes, commence à se faire un nom et une réputation sur Orléans et Paris. Issu de l’ensemble Philippe Caillard, il réunit des chanteurs professionnels ou amateurs de haut niveau placés depuis 2021 sous la direction de Ariel Alonso. Pour son programme 2023, il s’est associé aux Folies Françoises (qu’on ne présente plus !) et a exploré la musique de Claudio Monteverdi (1567-1643). Une musique complexe s’il en est, avec ses trouvailles qui ont révolutionné son siècle et ouvert largement la voie de la musique baroque en Italie, et bien au-delà. Monteverdi reste un maître inégalé dans l’art du madrigal dont le concert se faisait largement l’écho.
Philippe Burgevin, fondateur de Cantamici accueille le public de l’Institut. Photo AC Chapuis
Madrigaux guerriers et amoureux
Le concert démarre par le très bel « hor che’l ciel et la terra », sur un sonnet de Pétrarque qui évoque la nuit et la souffrance amoureuse du poète : « Alors que le ciel et la terre et le vent se sont tus… je veille, je pense, je brûle, je pleure… » Le décor est posé pour ces madrigaux extraits du Livre VIII qui mettent littéralement en scène les affetti de la musique expressive où Monteverdi n’est pas sans faire de parallèle entre l’amour, traité comme un combat, et la guerre avec ses batailles. Les deux volets de cette publication sont cependant bien distincts, comme l’a été le programme du concert.
Les belles sonates de Castello
Patrick Cohën-Akénine, violon et direction, Benjamin Chénier, violon, François Poly, violoncelle, Massimo Moscardo, théorbe. Absent sur la photo mais très présent dans le concert : Valentin Rouget, orgue et clavecin. Photo AC Chapuis
Les pièces de Monteverdi sont ponctuées par des sonates instrumentales de Dario Castello (un contemporain de Monteverdi dont on sait peu de choses, sauf qu’il a vécu à Venise et a travaillé avec Monteverdi). Ses sonates sont des petits bijoux qui mettent parfaitement en valeur les différents instruments : beaux duos de violon, magnifiques solos du violoncelle ou du théorbe, c’est à chaque fois un festival de sonorités, d’opposition de mouvements, d’échos et de rythme, dans lesquels on retrouve la belle harmonie des Folies Françoises.
De belles voix bien mises en valeur
Les dix madrigaux choisis pour la circonstance offrent un florilège vocal du plus bel effet. L’alternance entre grand chœur et petit chœur ainsi que des parties confiées aux solistes mettent en relief la musique du maestro dans son aboutissement avec ce livre VIII écrit sur trente ans et publié en 1632.
Les solistes Emilie Trigo, soprano (notamment dans le Lamento où la réplique lui est donnée par un chœur d’hommes) Jérôme Gueller, ténor tout en connivence avec le public ou Philippe Rabier, basse à la voix chaude et émouvante, séduisent l’auditoire.
Ariel Alonso, chef de chœur de Cantamici commente le concert réunissant son ensemble vocal aux instruments des Folies Françoises. Photo AC Chapuis
Le public est saisi, ose à peine applaudir au début avant de réserver un triomphe à ces artistes qui ont fait le bon choix en retenant ces beaux madrigaux ou sonates. Une reprise de « Ardo, avvampo, mi struggo » (traduisez : je brûle, je m’enflamme, je me consume) clôture un concert ardent et incandescent placé sous le signe de la qualité et de la musicalité comme on les aime à entendre.
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