Dans un contexte social difficile, la 4e édition du Festival Chorégraphique International de Blois tient ses promesses. De très haut niveau, avec quelques-unes des compagnies emblématiques de la scène européenne, les spectacles de la Halle aux Grains ont fait le plein.
Par Jean-Luc Vezon
Année après année, Blois Danse créé par le chorégraphe international et directeur d’Azoth Dance Theatre, Jonathan Breton, inscrit davantage son empreinte parmi les évènements régionaux consacrés à cet art majeur. De jeunes compagnies apportent un vent de fraîcheur et de nouveauté abordant des thèmes sociétaux dans l’air du temps.
« Cette année, des artistes de renom venus de France, de Belgique, d’Espagne et du Portugal proposent leurs dernières créations avec l’objectif de toucher le public en se connectant à ses émotions », explique Jonathan Breton qui pilote, de main de maître avec son équipe de bénévoles cet événement.
En présence du maire de Blois Marc Gricourt, qui malgré la cellule de crise a tenu à être présent, la soirée de samedi a donné le ton. La compagnie Azoth Dance Theatre a d’abord présenté sa dernière pièce Love en première française après un lancement réussi à Seattle. Cette œuvre chorégraphique explore le désir d’enfant et les raisons qui le motivent.
Jonathan Breton, qui l’a conçue, y exprime sa grande sensibilité dans une mise en scène parfaite. Au centre de la scène, des ballons de couleurs évoquent la difficulté du parcours pour devenir parent. En duo avec son complice Alexandre Balmain, le danseur partage sa joie de la paternité puis sa douleur ou la résilience de son couple. Empreinte de poésie, cette pièce dansée et théâtralisée renvoie chacun à sa propre histoire et questionne sur les normes familiales, la spiritualité et les préjugés, offrant un mélange inclassable de danses aux multiples styles. Du grand art illustrant la maturité de création de Jonathan Breton.
Programmation exceptionnelle
Coup de cœur de nombreux spectateurs, Charlote Grapes de la compagnie ibérique Wettribute a proposé un merveilleux duo associant la grâce merveilleuse de Maite Ezcurra à l’immense talent créatif du chorégraphe Daniel Fernandez. Dans un univers musical électronique, les duettistes, à l’unisson et vêtus d’étonnants sous pulls verts, ont présenté leur gestuelle étonnante et sensuelle, évoquant les mannequins des années 80. Ce travail aux solides bases techniques a notamment été primé au Festival “Solo Dance Contest” de Gdansk (Pologne), en 2022.
Belle prestation également du collectif belge, composé de quatre danseurs-chorégraphes qui se sont rencontrés au Béjart Ballet de Lausanne, Opinion Dance Compagny. Autour d’un lit, sous une pluie de notes de Mozart ou avec des livres, Larissa Dorella et Tars Vandebeek ont proposé les mille et une variations de la relation de couple dans la pièce Empty Room. Chorégraphiée par Sidonie Fossé, cette œuvre entre romantisme et prouesse physique, n’a laissé personne indifférent.
Que dire de Café des chorégraphes-danseurs Beatriz Mira et Tiago Barreiros ? Dans une lumière évoquant Goya, le duo portugais a livré une prestation d’un esthétisme puissant et d’une force impressionnante. Dansant le final dans une nappe de café, ils ont atteint un sommet dans l’expression corporelle. Entre expression des consciences et prestations artistiques de grand talent, Jonathan Breton a réussi son pari : Blois Danse est bel et bien « une fête du corps devant les âmes offrant lumière et joie ». Le festival se poursuit jusqu’au 8 juillet avec des ateliers, stages, projection de courts métrages au cinéma Les Lobis et scène ouverte.
Plus d’infos autrement sur Magcentre : Changement dans la continuité pour le cinéma Les Lobis