La « fête » du 24 juin à la ferme du Surgis, à Pierrefitte-sur-Sauldre, était présentée comme un banquet champêtre. S’il faut reconnaître que sur place, l’ambiance était calme et bon enfant, c’était un peu plus que ça. (A lire sur Magcentre : En Sologne, fête et contre-fête de la Violette)
Par Émilie Rencien
La dernière Fête de la Violette, sarkozyste-LR, datait de septembre 2020, à la ferme Jaffré à la Marolle-en-Sologne. Une pandémie, plus quelques changements de camp… Ce mois de juin 2023 marquait le grand retour de la Violette, marquée désormais au fer Z. Z pour Éric Zemmour et son parti « Reconquête ! » dont le numéro 2 n’est autre que le créateur de cette fiesta politique née en 2013, l’ex numéro 2 des Républicains, Guillaume Peltier. L’ancien député de Sologne, qui fut frontiste dans sa jeunesse, vivait samedi 24 juin sa
« journée », – chez Nathalie et Franck Laigneau qui accueillaient dès 10 heures les invités dans leur exploitation de Pierrefitte-sur-Sauldre – serrant des mains, et renouant avec son passé, posant pour des photos devant des melons aux côtés d’anciens du Rassemblement national, Marion Maréchal et Nicolas Bay. Le ton de cette réunion de plus de 2 000 aficionados était un “chouïa” plus policé sous le soleil solognot, sous une Violette pour eux, « symbole des bonapartistes de l’ombre ».
Entre deux gorgées d’eau à l’ombre, le temps des grands discours, sous une météo chaude, a fait monter sur scène Guillaume Peltier, Nicolas Bay, Marion Maréchal, et bien sûr, Éric Zemmour. Photos Émilie RENCIEN
Les journalistes et les préfets
Il n’empêche que le patron de Reconquête ! n’a pas manqué d’égratigner « les journalistes pour qui nous sommes la cible numéro 1 », et également, toujours d’après lui, « certains préfets qui font bien leur travail, et certain qui font mal le travail, et certains hostiles, donc qui font exprès de laisser mes partisans face à cette horde de barbares ». Il a aussi et surtout ciblé « les gauchistes ». M. Zemmour a détaillé : « J’aurais été plus proche de la gauche du XIXe siècle. Là, je suis en opposition frontale. Nous avons une culture révolutionnaire depuis deux siècles qui légitime et glorifie la violence quand elle est de gauche, rien n’a changé, ces gens-là me guillotineraient s’ils le pouvaient. Il y a des gens de LFI que je connais bien qui ont chez eux des bustes de Robespierre chez eux ».
Sa façon de revenir sur les heurts pendant sa dédicace à Brest, la semaine précédente, sans trop commenter le panneau d’entrée de la commune de Pierrefitte méchamment tagué d’un V d’un régime autoritaire de la Seconde Guerre mondiale. « Le problème, ce serait nous ? Le constat de la mort annoncée des LR, je l’ai fait en septembre 2021. Nous ne sommes pas d’extrême ! Notre droite est fière, solidaire, volontaire ». Tendant la perche « à l’autre droite qui a changé, qui a trahi », il était accompagné comme d’habitude de sa compagne, admirative, n’hésitant pas à faire des signes de mains aux ongles vernis rouge à son homme pour lui donner le tempo, Sarah Knafo, ainsi que du jeune Stanislas Rigault, président de « Génération Z ». Bien qu’une file importante attendait vers 16 heures pour obtenir une dédicace du boss, un patronyme ressortait beaucoup au milieu des tables dressées dans le champ de Franck Laigneau (un ancien RPR, UMP puis Mouvement de la ruralité, aujourd’hui adhérent Reconquête ! sans se cacher), celui de Marion Maréchal, qui pourrait être la tête de liste Z pour les élections européennes de 2024. Un agriculteur des Deux-Sèvres, Freddy, qui fut candidat dans l’émission « L’amour est dans le pré », le confirmait, un verre de bière à la main. « Éric, bien sûr, évidemment. Je mettrais encore plus, sans hésiter, un bulletin dans l’urne pour Marion ! ».
La faute à …
La gent féminine n’était pas non plus en reste, à en croire Patricia, une quinqua Nantaise, de religion catholique, travaillant dans le domaine de l’agence de voyage. « Nous avons de la chance d’avoir des gens magnifiques dans ce parti… De beaux garçons, Guillaume Peltier et Nicolas Bay, ce qui ne gâche rien ! », expliquait-elle, près de son conjoint
Jean-René. « Nous sommes de sensibilité de droite. Mais c’est notre première fête de la Violette, nous ne savions pas que ça existait avant. Pourquoi Reconquête ! plutôt que David Lisnard ? Oui, Lisnard est un type bien, brillant. Mais nous avons été trop déçus. Éric Zemmour parle vrai, ne fait pas ça pour l’ambition, le fric ». Dans ce pré, parmi d’autres profils croisés, un couple romorantinais, une Blésoise, un couple d’asiatiques, deux vingtenaires d’Orléans, qui avaient vécu en Loir-et-Cher, et venaient pour écouter « des solutions qui ne nous semblent pas extrêmes face à des problèmes non résolus depuis des années », et également, un Orléanais retraité, qui refusait de donner son prénom, mais acceptait tout de même de confier être « un insatisfait de la Macronie, désormais trop au centre ».
La boutique des goodies et autres objets souvenirs a été prise d’assaut dès l’ouverture à 10h du site fermier qui abritait aussi un village de producteurs qui n’étaient pas du Loir-et-Cher. Photo Émilie RENCIEN
Le PNF ? « C’était avant… »
Nous ne pouvions pas partir sans poser une question qui n’avait pas été soumise à Guillaume Peltier. Le matin, quelques militants et référents balayaient la poussière sous le tapis, quand on leur demandait pour le PNF : « Ça, c’était quand il était LR » ou encore « bizarre ce timing journalistique la veille de notre rassemblement, vous ne trouvez pas ! ». Fuyant un peu les médias comme à son accoutumée, l’intéressé aura finalement accepté, à l’ombre, après le déjeuner, une cigarette à la main, de discuter de la saisie de son affaire en juin 2023 par le PNF, c’est-à-dire le Parquet National financier, après l’enquête préliminaire du procureur de la République de Blois en 2022. L’histoire révélée par les journalistes de Mediapart, concernant une supposée utilisation de fonds publics de la région Centre-Val de Loire et de l’Assemblée nationale, avant 2020. M. Peltier nous a répondu, charmant et souriant, sans nous envoyer paître dans le pré voisin… avec une pirouette : « Pas de réaction. Par contre, je peux vous dire une chose, c’est que Mediapart est mis en examen pour diffamation et sera renvoyé devant le tribunal correctionnel. Au moins, vous avez une vraie info ! »
Il reste par ailleurs conseiller départemental du canton de Chambord jusqu’en 2028, et a en sus souligné : « Je reviendrai vers vous pour 2026 pour des municipales qui s’annoncent passionnantes en Loir-et-Cher. Et ailleurs ! » À Lamotte-Beuvron ? Le nom de cette commune a régulièrement été cité le 24 juin, alors que la Violette 2023 se passait bien à Pierrefitte-sur-Sauldre. Un lapsus géographique peut-être révélateur d’intentions.
Des militants originaires de région parisienne, Deux-Sèvres, Orléans, Tours, … Mais finalement, peu de locaux. Photo Émilie RENCIEN
Plus d’infos autrement sur Magcentre : La Fête de la Violette des Républicains en Sologne vire au temps des colchiques…