Le spectacle de Martin Zimmermann, invité par la Scène nationale, fait évoluer trois personnages de cirque sous l’œil d’un squelette. Une pantalonnade plus profonde qu’il n’y paraît. Le monde de Zimmermann, sans une parole, mêle absurde, humour, danse et cirque. Très physique, il sait jouer avec la mort mais aussi s’amuser sans arrière-pensée.
Par Bernard Cassat
D’étranges habitants de décharge ! – Photo Basil_Stücheli
Ils habitent une décharge. Et leur cabane, perchée en haut d’un monceau d’ordures, balance dangereusement. La verticalité du monde est mise en question, celle de l’homme aussi, qui développe alors sa prodigieuse capacité à ne pas perdre le haut et le bas, et surtout à ne pas perdre le sens, par l’humour, par la joie, par le cirque. « Je suis vraiment un circassien, à l’origine, nous a confié Martin Zimmermann. Mes grands modèles, mes grandes inspirations, ce sont Charlie Chaplin, les grands comiques du passé. Grock aussi, puisqu’il est suisse comme moi. »
Techniques de cirque sur scène de théâtre
Et comme ces clowns modèles qui sont sortis du chapiteau pour développer leur art ailleurs, Zimmermann installe son cirque sur scène, au théâtre. On retrouve pourtant des moments classiques du spectacle sous chapiteau, le clown qui perd son soulier, la femme qui fait des acrobaties sur une petite table. Mais c’est surtout pour installer son univers que Martin Zimmermann investit la scène avec tout son bazar de rebut, les choses comme, au fond, les gens. Ces habitants de la décharge nous livrent parfois des bribes de leur passé, une chanson lyrique, un rêve de gloire. Mais surtout ils se transforment en petits gnomes incroyables qui parcourent la scène de long en large, coincés dans du carton ou enfouis dans un costume insensé qui parfois les disloquent, parfois les ramassent en petite boule échappée d’une poubelle.
Tout un bazar
Non seulement il y a du cirque là-dedans, mais aussi de la danse, une sorte de chorégraphie de l’absurde. Des gamins qui jouent avec tout ce qui leur tombe sous la main. Qui jouent avec la pesanteur, qui jouent à se cacher sous du papier, à cacher le copain dans une joyeuse déconnade orchestrée par un squelette. Il y a des temps morts ou les trémoussements ne font guère avancer le spectacle, il y a quelques longueurs, il y a des naissances et un cercueil. L’éclairage souvent parcimonieux installe un air de catacombe. La bande son, importante, donne parfois une aura religieuse, mais souvent rythme énergiquement le jeu.
Car c’est bien d’un grand jeu qu’il s’agit. Qui n’a pas besoin de paroles pour se dérouler. Et qui finit dans un grand éclat de rire, avec des lumières de fêtes. On se demande ce que vient faire la reine de beauté d’Orléans 2023 et sa diatribe verbale. Mais la folie l’emporte.
La farandole finale. Photo Basil_Stücheli
« Pendant le covid, j’ai pensé à la peste. À tous ces moments où la mort est devenue très présente dans la vie », nous dit Martin en expliquant l’origine du spectacle. Sujet grave, traitement salvateur par le rire, la joie, la folie rédemptrice. Où la danse macabre devient très sympathique !
Danse macabre
Photo Basil Stücheli
Vendredi 16 juin 20h30 − Salle Touchard
Tarifs de 5€ à 25€, détails et renseignements ici
Tout public à partir de 12 ans
Durée 1h30
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