Une vitrailliste toute en lumière à La Châtre (36)

Nathalie Denoyer est vitrailliste. Elle s’est installée à La Châtre en 2014, dans un atelier un peu magique situé rue du 14 juillet, en plein cœur de la petite ville berrichonne, juste en face du collège George Sand.

Par Anne-Cécile Chapuis

Nathalie Denoyer dans son atelier de vitrailliste, 32 rue du 14 juillet à La Châtre (36) – Photo AC Chapuis


Nathalie Denoyer exerce son métier depuis 2008. “Vitrailliste” est le nom qu’elle préfère à celui de verrier ou maître verrier car il cible directement l’objet de son travail. De son art, pourrions-nous dire, car la création, l’imagination, le regard sont au cœur de son activité.

Elle nous reçoit dans son atelier et suspend pendant quelques instants le travail minutieux qu’elle consacre à un écusson sur plaque de verre. Tout est fait à la main, gravé avec une foultitude de petits outils bien souvent fabriqués par elle-même, ou avec une sableuse. Elle parle de son art modestie et de son parcours avec beaucoup de pudeur.

Un parcours guidé par la passion

Rien ne la destinait au vitrail. Elle exerçait un travail administratif sur Paris et s’ennuyait un peu. Parallèlement, elle aimait dessiner, visiter des expositions et observer. Un jour, elle a décidé d’aller plus loin dans le domaine qui la passionnait. A presque 30 ans, elle s’est inscrite à des formations à l’École du verre à Paris – une galère pour se rendre à l’autre bout de Paris le soir après le travail – et a obtenu son Brevet des Métiers d’Art, spécialité Peinture. La reconversion professionnelle s’est opérée progressivement, avec un travail à mi-temps et des cours à l’École Nationale Supérieure des Arts Appliqués et des Métiers d’Art Olivier de Serres. Et un jour de 2008, elle a sauté le pas pour se consacrer pleinement au vitrail et s’installe en auto-entrepreneuse.

Entre création et restauration

Quand on lui demande pourquoi le choix du vitrail, elle répond simplement pour la lumière, bien évidemment, mais aussi pour les lieux prestigieux qu’elle est appelée à fréquenter avec l’art du vitrail.

Un travail de détail pour Nathalie Denoyer, vitrailliste. Photo AC Chapuis


Son métier est fait de création : sur commandes précises ou sur propositions, elle réalise des vitraux pour des particuliers, s’adaptant aux contraintes de l’espace, jouant avec la lumière et l’esthétique, dans le respect des choix du client.

Son métier est aussi, et sans doute principalement, fait de restauration. Et là elle est appelée aux grands espaces, dans les hauteurs d’une nef d’église ou de salles de châteaux. Et cet aspect la passionne. Retrouver le savoir-faire des anciens, sauver des ouvrages d’art, participer à une œuvre de mémoire lui fait pétiller les yeux. Elle fait le grand écart entre un travail très physique quand il faut décrocher le vitrail, monter sur une échelle, soulever des pièces de grand poids, et celui où, avec une pointe fine, elle restaure la composition en verre dans ses moindres détails.

Elle travaille principalement sur le Cher et l’Indre et ses journées suffisent à peine pour les commandes en cours. En presque 10 ans, elle semble s’être taillé une belle réputation, reconnue par les communes ou établissements publics. Et de citer quelques réalisations, comme l’église de Vicq-Exemplet avec deux panneaux restaurés et création de vitraux dans le chœur/porche, ou l’église de Sainte-Sévère. Elle ne signe pas ses œuvres, dans une posture d’artiste qui s’efface devant l’œuvre.

Des techniques plurielles

Un vitrailliste a plusieurs cordes à son arc, travaillant avec le verre et le plomb. Il faut dessiner, graver, peindre, sertir, sabler, couper, cuire… Nathalie Denoyer en rajoute d’autres en forgeant ses outils ! Elle utilise plusieurs façons de travailler : traditionnelle avec sertissage au plomb, ou en explorant la méthode Tiffany (montage sur ruban de cuivre) ou encore le fusing (verres collés par la chaleur).

Nathalie Denoyer forge ses propres outils, pour le vitrail comme ici pour son jardin. Photo AC Chapuis


Avec vue sur jardin, l’atelier de Nathalie Denoyer offre un havre de paix. Le mur vitré apporte lumière et profondeur, mais sert aussi à l’artiste pour exprimer quelques vérités ou maximes. Nous en garderons une, de George Sand, comme il se doit : « Le Berry n’attire pas, il retient ».

C’est à l’image de notre talentueuse vitrailliste, cachée dans le fond de son atelier, sans signature ni plaque sur la porte, mais attachante par son authenticité et son talent. Du grand art.


Plus d’infos autrement sur Magcentre : Le vitrailliste Bernard Foucher, au souffle pur, n’est plus

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