La Berrichonne : dix minutes de sidération…

La Berrichonne Châteauroux a frôlé la catastrophe industrielle lors de la dernière journée de championnat de National. Une centaine d’emplois étaient liés à son maintien et à la conservation de son statut pro. Une salariée témoigne.

Par Pierre Belsoeur


« Pendant les dix minutes ou Paris 13 a égalisé, alors que Nancy menait dans l’autre match, je n’ai pas pensé à mon emploi. J’étais triste pour le club, pour les joueurs, pour Maxence et Dominique… » (Flachez et Bijotat les deux entraîneurs).

Cécile n’est ni masseuse, ni chargée de la communication de la Berri. Elle est enseignante et, après des années passées dans l’enseignement technique, à la chambre de commerce où à l’IUT elle a choisi de rejoindre le centre de formation de la Berrichonne.

Parmi les salariés de la Berrichonne il y a aussi des enseignantes. Photo Magcentre


« Un endroit qui correspondait à mes valeurs.
 Pas le fait que ce soit du foot, voici deux ans je savais à peine comment on tirait un corner ! Mais c’est un endroit où les gens sont engagés dans ce qu’ils font. Les jeunes ne deviendront pas des surdiplômés, ceux à qui j’enseigne préparent un CAP des métiers du foot, je leur donne des cours d’histoire-géo, français, économie, droit, prévention sociale et environnementale. Pourtant ils savent que cette partie études est indissociable de leur formation de footballeurs. Et pour le staff, c’est un équilibre essentiel à préserver ».

Alors, si les élèves ont fait un pas vers les études, l’enseignante en a fait un vers le foot. 
« Vendredi dernier j’ai allumé mon ordinateur et j’ai suivi le match sur le site de la Fédération française de football en échangeant avec ma collègue formatrice.
 On sentait au centre la pression de ce dernier match. Les élèves n’avaient d’ailleurs pas eu cours l’après-midi. Il aurait été impossible de les faire travailler ».

Un but qui change tout

L’enjeu était simple, si la Berri gagnait à Paris elle conservait sa place en National, un match nul pouvait ne pas être suffisant. Quant à une défaite… Les Castelroussins ont réussi à prendre deux buts d’avance puis Paris a égalisé et au même moment Nancy, leur adversaire direct au classement menait dans son match et arrachait le maintien. Et il a fallu un troisième but, à quelques minutes de la fin, pour rester en National. Alors tout le personnel, du staff technique aux préparateurs, du personnel de cuisine jusqu’à la lingère a poussé un “ouf” de soulagement.

La Berrichonne c’est une affaire de cœur dans l’Indre. Photo PB

 

« Je n’étais pas inquiète pour moi. J’ai déjà un centre de formation qui m’a sollicité. Mais voir disparaître une telle structure qu’est le centre de formation de la Berrichonne, ça paraissait inenvisageable tant ceux qui y travaillent, autour d’Armindo Ferreira, se donnent à fond pour la réussite des élèves. On ne peut pas se rendre compte, de l’extérieur, ce qui se vit dans un club ».

Cécile devra attendre la mi-juin pour savoir si l’aventure en bleu et rouge continue. La Berrichonne est sauvée sportivement, mais chaque année les clubs professionnels doivent présenter leurs comptes et budget prévisionnel à la DNCG (Direction nationale du contrôle de gestion) qui peut limiter les possibilités de recrutement des clubs, voire les empêcher de repartir dans le championnat où ils opéraient.

Des bruits alarmants

Le groupe saoudien United World Group a les reins apriori solides, mais sa communication est limitée, voire inexistante, si bien que les dernières semaines de la Berrichonne et les défaites à répétition, ont fait courir les bruits les plus alarmants sur l’avenir du club. Sans le maintien sportif on peut penser que United World Group se serait débarrassé de cet investissement improductif. La donne a changé et si bon nombre de joueurs en fin de contrat quitteront le club, Cécile garde la fibre rouge et bleu.

« Un centre de formation c’est un environnement rugueux. Mais on y vit aussi plein de moments forts, comme ces deux récentes journées de rencontres entre handicapés et joueurs professionnels. S’ils me demandent de rester, je reste ».


Plus d’infos autrement sur Magcentre : Berrichonne – PSG, que l’émotion soit !

La Berrichonne de Châteauroux

Année de création : 1883 pour le club omnisports, 1916 pour la section football,
Statut professionnel en 1991.

Propriétaire : United World Group du prince saoudien Abdullah bin Mosaed depuis mars 2021.

Administrateurs : Abdullah Alghamdi (Directeur d’United World) Reem bint Abdullah, la fille du prince.

Président délégué : Patrick Trotignon

Stade : Gaston Petit 17 000 places

Palmarès : Champion de ligue 2 en 1996-1997. Une saison en Ligue 1 1997-1998
Finaliste de la Coupe de France 2004

La Berrichonne

Il existe un public foot prêt à s’enflammer PhotoPB

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