« Vibrato » est le premier roman (éditions L’Harmattan) de Julie Bonnafont, violoniste, écrivaine, passionnée de mots et de sons. Magcentre a rencontré cette jeune auteure dans l’atelier de son luthier, Benjamin Paule.
Par Anne-Cécile Chapuis
Julie Bonnafont et son violon. Photo AC Chapuis
Le tutoiement est de rigueur lors de cette rencontre emplie de simplicité, voire d’un peu de retenue : il n’est pas si simple de parler de soi, d’évoquer un écrit fait de réflexions, anecdotes, souvenirs personnels, qui est le résultat de trois années de gestation pour produire Vibrato.
Quatre dimensions pour un partage
Julie écrit. Elle a édité un recueil de poésie Epanadiplose (Vox Scriba 2019) et est l’auteure de plusieurs textes de chansons. Vibrato est son premier long format.
Julie est violoniste. Elle joue au sein d’orchestres orléanais (OSO, Inattendu) et avec un quatuor qui a remporté plusieurs prix de conservatoires au fil de ses 13 ans d’existence. Pour elle un concert est toujours une fête (après le stress !) et ne saurait se terminer sans une troisième mi-temps autour d’un verre.
Julie voyage. Elle aime s’embarquer sac au dos et découvrir les contrées éloignées qui la ressourcent ou la questionnent. Son pays de prédilection est l’Inde où elle a puisé des principes de vie au quotidien comme dans sa philosophie. Elle aime déconstruire ses certitudes et s’initie à la musique carnatique. Elle se plaît à jouer du violon dans les endroits les plus insolites, près d’un torrent italien, dans les collines de Hongrie ou en haut d’une tour à Crémone !
Julie aime le vin, séduite par les cépages de vins naturels aux noms aussi poétiques que leur saveur. Elle aime partager ses découvertes, confronter les ressentis, nommer les impressions, dans la convivialité et la chaleur de la rencontre.
Julie aime partager tout ce qui fait sa vie : la musique, les mots, les saveurs.
Le confinement pour un cheminement
Quand les confinements ont réduit ses passions au silence, elle a mis à profit ce temps dégagé pour l’écriture. Comme un refuge, une reprise de sens, une opportunité à saisir.
Julie Bonnafont, et le luthier Benjamin Paule, dans l’atelier rue du Bourdon Blanc Orléans. Photo AC Chapuis
Son cheminement à travers l’écriture a trouvé un parallèle direct avec l’histoire de son violon. « Pour que la rencontre ait lieu par hasard, il faut être là au bon moment et au bon endroit ». Ce paradoxe a pris tout son quand son violon, compagnon des bons et mauvais jours, s’est un jour dérobé à ses doigts ou ses oreilles. La rencontre avec Benjamin, luthier, est advenue alors comme une révélation et c’est ainsi qu’a démarré la naissance d’un instrument. Pas n’importe lequel. « Chaque violon est une histoire », cette phrase de Jaume Cabré, inscrite en exergue de Vibrato annonce au lecteur l’histoire prodigieuse de ce violon construit pas à pas par un luthier passionné, investi par une violoniste engagée qui greffe sa passion dès les premières ébauches de l’instrument. On suit les étapes, les attentes, les choix, les interrogations.
Et pendant ce temps-là, la vie continue et nous suivons Julie dans ses pérégrinations, ses réflexions, les anecdotes chaleureuses, les émotions et expériences d’une musicienne, qui démarrent dès l’adolescence.
Benjamin Paule, le luthier, écoute nos échanges. Et quand Julie sort son violon, leur violon pourrait-on dire, il le contemple longuement. « Je le redécouvre à chaque fois », avec dans les yeux les fameuses « paillettes » dont Julie parle dans son ouvrage.
Chaque violon est une histoire. Photo AC Chapuis
Vibrato, un récit qui porte bien son nom
Les histoires contées dans Vibrato sont nombreuses, diverses, harmonisées par le fil conducteur de la création. Le dessin sur la volute qui a beaucoup de sens, l’inscription à l’intérieur du violon que personne ne voit, laissent planer un vent de poésie et de mystère. Finalement Vibrato porte très bien son nom, entre ce terme technique qui signe l’expressivité du violon et l’émotion sensible, évoquée avec pudeur, passion et une touche d’humour !
Et les projets de Julie qui l’emmènent prochainement à New York et Montréal font présager d’une suite à ce premier ouvrage, que nous attendons avec impatience !
A lire :
Vibrato, Récit par Julie Bonnafont, éditions L’Harmattan, collection Rue des Écoles, 2023, 211 pages
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