Dans le cadre du dispositif Fonds Vert*, les trois départements du massif forestier de la Sologne souhaitent se munir d’un équipement technologique innovant pour renforcer leur lutte contre les feux de forêt. Plusieurs pistes sont actuellement étudiées pour définir le dispositif le plus adapté, qui ne sera déployé sur le territoire qu’à l’orée de l’été 2024.
Par Mael Petit
Christophe Fuchs, directeur départemental du SDIS 45, n’a pas oublié cette journée caniculaire du 25 juillet 2019. « Au total une vingtaine de feux simultanés déclarés dans la même après-midi ». Ce qui avait décimé plus de 600 ha de végétation dans le nord du Loiret et à l’Est dans le secteur de Pressigny-les-Pins. L’année suivante c‘est la Sologne qui partait en fumée sur 245 ha. Les feux de forêt s’enchaînent autant que les épisodes de sècheresse se multiplient. La crainte d’une réédite d’un tel scénario s’est ravivée l’été dernier lorsque les quatre coins boisés de France ravagés par les flammes faisaient la une de l’actualité pendant plusieurs semaines. Les Landes et la Gironde, le Jura, le Morbihan, la Sarthe… 72 000 ha brûlés en France. « Par chance, le Loiret et plus largement la Sologne ont été épargnés », souffle le président du département Marc Gaudet. Un peu de chance sûrement, mais Christophe Fuchs tient aussi à souligner le flair et l’efficacité du travail de ses équipes ainsi que celle des collègues des départements voisins.
La forêt d’Orléans, dans le secteur de Lorris, est particulièrement vulnérable aux incendies en raison de ses résineux.
Des nouvelles technologies innovantes dès 2024
2022, l’année de tous les records à l’échelle nationale, semble avoir agi comme un déclic pour les collectivités. Les trois départements hébergeant le massif forestier de la Sologne – Loiret, Loir-et-Cher, Cher – ont décidé de collaborer, y associant leurs services d’incendie et de secours afin de mettre en place un appareil moderne de détection, de localisation et de suivi des incendies. « Il faut se préparer. L’heure n’est plus aux gesticulations mais à l’action. Cependant nous n’avons pas la science infuse et c’est pourquoi nous lançons une étude pour déployer un nouveau dispositif dès 2024 ». À savoir un projet piloté par « un groupement de commande interdépartemental » censé définir les moyens techniques les plus adaptés à la prévention des risques d’incendie de forêt.
Pour cela l‘équipe chargée de l’étude regarde du côté de ses voisins mais pourrait aussi se renseigner sur l’étranger, du côté des pays pionniers en matière de détection de feux de forêt. Si la piste des caméras thermiques est évoquée, la décision ne sera pas prise à la hâte. « Positionner des caméras en hauteur pour avoir une vue à 360 degrés n’est pas suffisant », glisse Marc Gaudet. On souhaite explorer l’ensemble des nouvelles technologies innovantes à disposition ». La Sarthe avait notamment placé des caméras sur ses massifs forestiers en 2021, ce qui n’a pas empêché le département du Pays de la Loire de voir plus de 300 ha partir en fumée l’été dernier.
Des citernes d’eau dans les forêts du Loiret
Le déploiement des effectifs sur l’ensemble du territoire d’un massif forestier reste aujourd’hui un des piliers de la stratégie de lutte contre les feux de forêt. Une détection efficace repose sur une anticipation forte pour localiser le plus tôt possible tout départ de feu. « En prédisposant des unités sur le terrain, non seulement on facilite la détection de feux naissants tout en diminuant le temps d’intervention pour les conscrire, mais cela permet aussi de minimiser le nombre de sapeurs-pompiers mobilisés sur un feu, note le directeur du SDIS 45, pour qui la gestion des effectifs constitue un point essentiel. Une patrouille peut même dissuader des potentiels actes malveillants en se rendant visible ». L’été dernier ce sont près de 380 départs de feu qui ont été répertoriés dans le Loiret.
En attendant, de son côté le département envisage de quadriller son territoire de point d’eau, 28 nouvelles citernes de 60 m3 positionnées « à des endroits stratégiques en forêt solognote mais aussi sur la forêt d’Orléans ». Idée qui doit néanmoins faire l’objet de négociations avec l’ONF ou encore avec les communes concernées. Une opération chiffrée à 900 000 euros qui s’ajoute à un objectif de recrutement et de formation de sapeurs-pompiers portant l’effectif total à plus de 700 femmes et hommes spécialisés dans la lutte contre les feux de forêt.
Le département espère ainsi la mise en place du futur dispositif interdépartemental et le déploiement de l’ensemble des mesures retenues pour l’été 2024. D’ici là il faudra traverser les chaleurs de 2023 du mieux possible en espérant la même réussite pour la Sologne que l’été dernier. « La prédisposition et l’anticipation des équipes sur le terrain seront déterminantes. On se repose sur ce qui a bien fonctionné l’été dernier », affirme Christophe Fuchs. On comptera donc une nouvelle fois sur la stratégie de déploiement et l’efficacité des soldats du SDIS sur le territoire. Et on ne crachera certainement pas sur un brin de chance également.
*Annoncé le 27 août 2022 par la première ministre Élisabeth Borne, le Fonds Vert est un dispositif d’accélération de la transition écologique doté de 2 milliards d’euros destiné à financer des projets présentés par les collectivités territoriales dans trois domaines : performance environnementale, adaptation du territoire au changement climatique et amélioration du cadre de vie.
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