Après la soirée du 11 mai 2023 au cirque Gruss et le premier récital de François Morel, Litt’Oral a pris le large au théâtre Clin d’œil de Saint-Jean-de-Braye les 12 et 13 mai 2023. Plein champ sur la Nouvelle vendredi puis hommage à la Poésie samedi avec des mises en voix exquises et métissées. Sans oublier la seconde prestation de François Morel, parrain de ce festival.
Par Sophie Deschamps
Photo de groupe Nuit de la Nouvelle, Festival Litt’Oral. Photo SD
Litt’Oral c’est d’abord une affaire de famille, Aurélie et Gérard Audax, la fille et le père, la compagnie de théâtre Clin d’oeil et des bénévoles, sans qui rien ne serait possible. Toutes ces personnes amoureuses des mots et de spectacle vivant ont assuré le succès du festival dont la Nuit de la Nouvelle, vendredi.
Des nouvelles théâtralisées
Car, après les discours d’usage, le public était convié à déambuler dans les différents espaces de la compagnie Clin d’Oeil pour y déguster cinq nouvelles théâtralisées. Tout d’abord dans un atelier de réparation de vélos (La lenteur d’Emmanuelle Favier lue par Aurélien Thorette). Puis un départ vers la lune (La face cachée d’Apollon XI de Fabien Maréchal lue par Elsa Robinne). C’était aussi la comédienne Juliette Stocker descendant des hauteurs de la grande salle pour nous convier à sa métamorphose en mégalodon
(La dernière fille sur le sable d‘Aurélie Wellenstein). Ou bien encore Aurélie Audax nous contant l’histoire d’Aliès en Pologne aux prises avec une tempête (Vent contraire). Et enfin Tamara Tchabukaidze nous contant les rêves de Gilbert autour d’une maison de poupée (La clé des songes).
Litt’Oral. Nuit de la Nouvelle. Tamara Tchabukaidze interprétant La clé des songes. Photo SD
Cette nuit de la Nouvelle s’est clôturée par la remise des Prix de la ville de Saint-Jean-de-Braye aux trois meilleurs textes du recueil 2023 Tu connais la Nouvelle ? sur le thème Contes à rebours. Les trois lauréat.e.s sont :
3ème prix : Jean-Michel Masson pour La mer oubliée
2ème prix : Laure Deschamps pour L’envers de la retraite
1er prix : Adrien Dupuy pour Le temps de remonter l’horloge et dont voici le début :
Une heure. Pas plus. Après, il faudra songer à mourir pour de bon. Il fait si froid et je sens chacune de mes cellules réclamer sa dose de sang et d’oxygène. La Reine voulait un cœur et j’étais en route. Mais avant de passer entre ses mains et de retrouver la lumière, pour survivre, c’était à Alice que je m’en remettais. Une heure. Pas plus. Voilà le temps qu’il nous restait.
Adrien Dupuy, lauréat du Prix de la ville de Saint-Jean-de-Braye pour sa nouvelle Le temps de remonter l’horloge. et entouré des artistes Lila Tamazit et Juliette Stocker. Photo SD
Trois nouvelles et d’autres à retrouver dans le recueil Contes à rebours (Éditions Tu Connais la Nouvelle ?) 14 euros.
La poésie dans tous ses états
Changement de programme samedi pour la journée Langagez-vous dédiée à la poésie sous toutes ses formes qui devait se dérouler au Parc des Longues Allées. Mais la pluie a incité au repli vers le théâtre de la Compagnie Clin d’œil. Le public était convié comme la veille sur les bancs rouge vif de la salle de spectacle mais cette fois pour une grand-messe sur le 6ème art.
Une table ronde prestigieuse en présence de Marie-Claude Char, dernière épouse de l’immense poète René Char, le tout aussi grand poète Jean-Pierre Siméon, une jeune slameuse prometteuse Clotilde de Brito, la non moins talentueuse poétesse Sybille Orlandi et Stéphane Cottineau, fondateur des éditions indépendantes Ex-maudits qui publient exclusivement de la poésie.
Puis, pour fêter le renouveau de cet art immense qui avait quelque peu disparu en France ces dernières décennies, une nouvelle déambulation a permis d’écouter des poésies déclamées ou chantées avec talent par de nombreux artistes du cru. Avec une mention spéciale à la slameuse portugaise Clotilde de Brito. Elle nous a en effet régalés notamment d’un texte joyeux dans lequel se cachait une cinquantaine de noms d’arbres puis un autre plus grave sur la condition de vie des femmes précaires.
Il convient aussi de citer les deux voix envoûtantes de Lila Tamazit et de Georgia accompagnées par Selma Benlarbi, à l’accordéon et au ukulélé. Toutes trois nous ont offert des intermèdes musicaux reprenant des valeurs sûres à l’instar de Ces petits riens de Serge Gainsbourg.
Georgia, Lila et Selma, ont allié leurs talents pour de délicieux intermèdes musicaux à Litt’Oral. Photo SD
C’est François Morel qui a clôturé cette après-midi poétique. Avec son complice Antoine Sahler, les deux artistes ont revisité avec tendresse, malice et même nostalgie des grands classiques de la chanson française et du music-hall : Francis Blanche, Fernand Raynaud, Jacques Prévert, René Fallet, Jean Tardieu ou encore Charles Trenet. Des trésors de la langue française qui n’ont pas pris une ride.
Photo de Une : Table ronde poésie en présence de Clotilde de Brito, poétesse, slameuse, Marie-Claude Char, épouse de René Char, le poète Jean-Pierre Siméon, Sybille Orlandi, poétesse et Stéphane Cottineau, éditeur de poésie. Photo SD
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