A l’issue de son concert au cirque Gruss de Saint-Jean-de-Braye, le chanteur a aimablement reçu Magcentre et s’est confié sur l’amitié, les mots, le vivre ensemble, thèmes qui lui sont chers.
Propos recueillis par Bernard Thinat
Photo B.T.
Magcentre : Vous connaissez Le Directeur de Clin d’œil depuis de longues années, je crois ?
FM : J’ai un vieux compagnonnage avec Clin d’œil, avec Gérard Audax qui m’avait invité sans doute il doit y avoir 30 ou 40 ans, dans une petite chapelle. C’était les premiers sketchs que je faisais avec une amie qui s’appelait Marina Tomé (*). J’en avais gardé un très bon souvenir, on avait été très bien accueillis, à la fois par l’équipe du théâtre et par le public. Je suis revenu plusieurs fois faire des lectures avec Daniel Pennac, l’année dernière avec mon fils Valentin pour un livre qu’on avait écrit ensemble, « Dictionnaire amoureux de l’inutile ». Il y a un compagnonnage de loin en loin, mais assez fidèle entre nous.
*NDLR – Sans doute en 1986, à la Chapelle Vieille de Saran, dans le spectacle « Bernard et Violette », nous dit Wikipédia.
Entre le Festival Litt’Oral qui honore les mots et les nouvelles, et vous qui êtes un chanteur à texte, vous devez vous sentir très proche ?
Oui, je me sentais un peu à ma place ce soir. En fait, il y a deux choses que je fais dans ma vie, d’abord jouer, c’est l’oralité, et écrire. J’ai donc un rapport avec la littérature même si je ne me prends pas pour un écrivain. Je suis néanmoins l’auteur de mes chroniques, de mes spectacles, j’ai un goût pour les mots, pour la littérature. Comme on dit, avec les mots, on ne se bat pas, il y a là un aspect pacifique, c’est fait pour se comprendre, pour s’écouter, et pour parler ensemble.
Vous avez un rapport étroit avec la mer, vous pouvez nous dire pourquoi ?
Il y a un spectacle qu’on a écrit, qui s’appelle « Tous les marins sont des chanteurs », et on a fait une longue rêverie sur les gens qui partaient. Le fait d’écrire sur la mer a fait naître un personnage qui partait sur un bateau pendant une longue période. Et parler de la mer, en fait, c’est parler de la vie, des séparations, des retrouvailles, de l’amitié, de l’amour qui est raconté au travers des voyages des marins. Les chansons de marins, c’est fait pour chanter ensemble, pour qu’on reprenne des refrains ensemble, pour qu’on se console ensemble. On est tous sur une même « galère », passer des soirées comme ça, c’est une façon de s’encourager les uns les autres.
Vous êtes un chanteur à texte, catégorie d’artistes peut-être en voie d’extinction. Cela vous inspire quoi ?
Je ne sais pas trop. Certes, ce n’est plus à la mode, mais quand on est dans la salle, qu’on chante ces textes, le public est heureux. Je trouve que c’est dommage de ne plus mettre en valeur ces chansons à travers les radios, les festivals. Pourtant, la chanson rend heureux, cela permet de se fédérer. Je trouve que les références que les gens gardent au fond d’eux-mêmes, ce sont des chansons qui ont 40 ans. Même les jeunes connaissent des chansons de Claude François ou Joe Dassin. Il y a des chansons qui s’écrivent aujourd’hui et je trouve dommage qu’on ne les mette pas plus en valeur.
Quand un homme tombe à la mer
Si tu es marin, simplement humain
Comme à un frangin, tu lui tends la main
Tu le ramènes sur la terre
Celui qu’est tombé dans la mer
Quand un homme va se noyer
Si tu es marin, si tu es humain
Il faut s’employer à le repêcher
Pas le moment de discuter
Quand un homme va se noyer
Faut pas lui demander
S’il a des papiers
S’il a un métier
Ou une fiancée
Faut donner c’qu’on peut
Un coin de ciel bleu
Une poignée de main
Un morceau de pain
Du tabac de ta tabatière
Au gars qu’allait mourir en mer
Quand un homme se noie sur terre
Selon le bourgeois “c’est chacun pour soi”
Au lieu de penser à le relever
Comme font ceux qui vont sur la mer
Sauver les gars de leur enfer
Les remettre droits et honte sur toi
S’il te vient l’idée de les laisser crever
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