La Shoah en BD au CERCIL à Orléans

La nouvelle expo du CERCIL, musée Mémorial des enfants du Vel d’Hiv met la bande dessinée à l’honneur. Car la BD s’est emparée de la Shoah avec plus ou moins de réussite dès le début de la guerre. Visite guidée des panneaux rouges présentés dans la cour du lieu de mémoire orléanais jusqu’en novembre 2023.

Par Sophie Deschamps

Affiche de l’expo Shoah et Bande dessinée au CERCIL d’Orléans. Photo Sophie Deschamps


En entrant dans la cour du CERCIL d’Orléans, l’œil est immédiatement attiré par les panneaux rouges qui présentent la nouvelle exposition du lieu : Shoah et Bande dessinée. Une expo itinérante adaptée pour le CERCIL comme l’explique Annaïg Lefeuvre, directrice du lieu : « Cette exposition a été présentée en 2017 au Mémorial de la Shoah à Paris. Elle a eu beaucoup de succès notamment auprès des scolaires. Nous l’avons reprise en l’actualisant par exemple sur les témoins, le complot… Avec également une scénographie adaptée pour l’extérieur. Elle débute avec une frise chronologique pour savoir à partir de quand l’histoire de la Shoah a été représentée dans la bande dessinée ».

Premiers témoins, premiers dessins 

Première surprise, les premiers dessins apparaissent pendant la guerre, dès 1942 :
« Ils sont réalisés par ceux qui sont internés. Des premiers témoins qui ont utilisé le dessin via des figures de bandes dessinées pour représenter l’histoire de l’internement (voir dessins ci-dessus).

Expo CERCIL Shoah et BD. Premiers témoins, premiers dessins : Mickey au camp de Gurs, sans autorisation de Walt Disney. Photo SD


La première bande dessinée évoquant la Shoah, La bête est morte, est française. Elle est publiée en 1944 : « Cette BD parle de la Shoah avec un savoir qui est celui de l’époque. Elle évoque la Seconde Guerre mondiale et les Juifs. Mais il y a encore des zones floues notamment sur la manière dont le génocide s’est produit. Mais, au fil du temps, on va voir que l’Histoire s’affine, se précise. Que la question de la représentation change. Qu’elle passe de la figure animalière à la figure humaine. Et puis, il y a la question de la transmission qui a pris beaucoup d’importance ces dix dernières années. C’est-à-dire comment maintenant les auteurs et les dessinateurs racontent un récit qui leur a été transmis, et qui à leur tour le transmettent aux jeunes générations. »

Bien sûr, la BD évolue au fil du temps : « C’est un outil de référence pour parler des autres génocides. Par ailleurs, ce support qui s’adressait au départ plutôt aux enfants va évoluer vers un autre public, d’autres perceptions et d’autres regards. »

L’avant et l’après de la BD Maüs d’Art Spiegelman

Cette exposition concerne toutes les formes de bandes dessinées, pour tous publics : BD franco-belge, comics, mangas. Toutefois, la clé de compréhension est la parution de la BD autobiographique Maüs d’Art Spiegelman en 1980.

Maüs, BD autobiographique d’Art Spiegelman, œuvre pivot de la représentation de la Shoah en BD. Photo SD

 

Comme l’indique Julien Leclerc, chargé de programmation culturelle au CERCIL : « Avant 1980, la Shoah est juste évoquée dans les BD. Mais à partir du choc de Maüs, tous les aspects de la Shoah peuvent devenir des sujets. Les procès avec un style très documenté et très précis. Les destins de témoins. Mais aussi des personnages de fiction comme celui de Spirou qui s’intègre à cette histoire-là. Ainsi, des autrices et auteurs de BD vont de plus en plus faire appel aux historiens. Et donc se baser sur des archives. »

L’âge d’or des années 2000

Mais il faudra encore attendre les années 2000 pour que la BD explore peu à peu toutes les thématiques de la Shoah : « C’est par exemple Le journal d’Anne Franck adapté en 2016 ou Un sac de billes de Joseph Joffo entre 2011 et 2014. Là encore, c’est Maüs qui ouvre la porte avec son témoignage parce que Spiegelman montre à quel point l’auto-fiction peut exister en bande dessinée. De plus, il transcende totalement la figure animalière (les Juifs sont des souris et les SS des chats, NDLR). Même lui se présente plus comme un homme qui porte un masque de souris. C’est une façon pour lui de suggérer qu’il est temps d’enlever le masque justement et de parler très directement. Donc, depuis Maüs la bande dessinée n’utilise quasiment plus la figure animalière pour parler de la Shoah. Du coup, il y a un travail de réalisme et de précision dans les BD. » Certaines de ces BD sont bien sûr disponibles à la librairie du CERCIL.

La fin de l’exposition aborde, elle, les questions de l’humour, du négationnisme et du complotisme. Autant de sujets hautement inflammables quand ils touchent à la Shoah.

 

Shoah et Bande dessinée

jusqu’au 23 novembre 2023

CERCIL – Musée Mémorial des enfants du Vel d’Hiv 

45, rue du Bourdon-Blanc à Orléans

Du lundi au vendredi de 10h-12h30 et 14h-17h et dimanche 14h-18h

Mardi nocturne jusqu’à 20h

Entrée gratuite

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