Dans l’Indre : « Dessine-moi une maison »

Les besoins des gens du voyage sont particuliers. Le mieux est de construire en tenant compte de leur avis pour répondre à leur attente. 
Exemple à Montierchaume, près de Châteauroux.

Par Pierre Belsoeur

Cinq petites maisons et leur carré de pelouse bien entretenu. Cinq enclos de grillage vert comme dans de nombreux lotissements de l’Office Public de l’Habitat 36 (OPAC). Ce que l’on remarque au deuxième coup d’œil, c’est la voie bitumée, en bordure de chaque maison, qui conduit à un carport (une sorte de préau pour véhicules) pouvant accueillir un fourgon et une caravane, un espace bitumé permet, là encore, de manœuvrer pour garer les véhicules.

Voici six mois que les habitations ont été livrées à leurs habitants, cinq familles de gens du voyage sédentarisées depuis des années à proximité de Châteauroux, mais qui reprennent régulièrement la route au gré des travaux saisonniers ou des rassemblements religieux.

La rognure de ruban inaugural a été exécutée par Isai Lesfleurs à l’entrée de son domicile devenu pavillon témoin. Photo PB

C’est d’ailleurs le pasteur Isai Lesfleurs qui a pris la parole au nom des habitants du lotissement lors de la cérémonie inaugurale pour dire leur satisfaction de vivre dans cet habitat concerté et remercier les interlocuteurs qui ont été les leurs dans cette démarche.

Huit ans de gestation

A Châteauroux comme dans beaucoup de villes, la cohabitation entre gens du voyage et sédentaires posait régulièrement problème, faute d’installations d’accueil. Une aire de grand passage a été aménagée à proximité de l’autoroute. Un deuxième phénomène très ancien s’ajoutait à ce problème de passage, la sédentarisation d’un nombre important de familles sur la commune de Déols, à La Croix Blanche où se trouve un point de captage d’eau potable de Châteauroux.

La politique de Châteauroux Métropole consiste généralement à fournir des terrains familiaux locatifs hors de cette zone à ceux qui le souhaitent. La démarche entamée à Montierchaume est plus ambitieuse puisqu’il s’agissait de construire des résidences en dur pour cinq familles, soit 25 personnes. 

La concertation a débuté en 2015. Le Centre Communal d’Action Sociale de Châteauroux est le gestionnaire d’une maîtrise d’œuvre urbaine et sociale (MOUS) habitat gens du voyage cofinancée par l’Etat, le département et Châteauroux Métropole. C’est à lui logiquement qu’il convenait de prendre contact avec les familles souhaitant accéder à un habitat adapté.

Il s’agissait donc de connaître leur demande, savoir qui était candidat, trouver un organisme susceptible de mener à bien l’opération (l’OPAC), une commune d’accueil du projet (Montierchaume), et un terrain susceptible d’accueillir les constructions. Châteauroux Métropole a mis pour l’Euro symbolique un terrain de 5 000 m² à la disposition de l’OPAC, à faible distance de la zone de La Croix Blanche et à proximité du bourg de Montierchaume.

Des pavillons et leurs carports, parfaitement adaptés au mode de vie des migrants sédentarisés. Photo PB

Un travail partenarial

Les familles ont été accompagnées, de l’élaboration du projet à la remise des clefs. Des ateliers collaboratifs réunissant chaque famille, les référents de la MOUS et Richard Pez, directeur du développement de l’OPAC ont permis à chaque ménage de découvrir le plan du logement qui lui était réservé, recueillir ses remarques, faire les choix esthétiques et effectuer des visites de chantier.

Le résultat de cette concertation, ce sont des pavillons avec une grande pièce à vivre et une cuisine ouverte, deux chambres, salle de bains toilette et cellier. Un chauffage au bois, en complément des pompes à chaleur. Des logements relativement 
réduits (T2T2 bis, T3) mais tenant compte du fait que certains utilisateurs continuent de dormir en caravane.
 

La municipalité de Montierchaume est évidemment associée à l’opération car c’est à l’école communale que sont scolarisés les enfants du lotissement. « Des élèves qui ne manquent pas de caractère » a évoqué, diplomate, Philippe Guérineau, maire de la localité lors de l’inauguration. 

En savoir plus

Les travaux, démarrés en 2021 ont duré onze mois. Ils se sont élevés à 788.000 €. L’opération est subventionnée par l’Etat à hauteur de 17.060€, soit 85.300€ pour les cinq logements.

L’OPAC a investi 118.200€ en fonds propres. Le reste de l’opération est financé par des prêts locatifs aidés d’intégration (PLAIA).

Un financement qui permet, associé à une excellente isolation des locaux, de proposer des loyers modérés (Entre 300€ et 370€ mensuels selon la taille des logements).

Plus d’infos autrement sur Magcentre : Jargeau : un hommage rendu aux nomades internés durant l’occupation

Commentaires

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  1. Ceci est la démonstration que l’on peut construire de l’habitat de qualité tout en proposant des loyers modérés pour des “humains aux revenus modestes”….plus ou moins sédentaires…
    Imaginez qu’à la place des “Berges de Houllippe”, face à la Loire, qui se construisent sur l’ancienne friche Renault, on ait créé quelques parcelles verdoyantes…de petits pavillons où on aurait logé les familles de Kosovars qui ont campé des années sous des bâches en plastique , juste sous le chemin de halage en bord de Loire de Saint Jean de la Ruelle?
    Vous imaginez que cette commune “de gauche”, dont le maire, Christophe Chaillou, aurait pu “casser” par ses choix, l’ambition des promoteurs aux buts lucratifs sans limite qui vont vendre le m² à 4500€…
    “Revenons à notre mouton !”
    Qui dit “commune de gauche” pense logement social… surtout quand c’est la terre où ont trimé sur quelques décennies de ouvriers de Renault…dont la plupart étaient CGTistes…
    Bien sûr, Châteauroux, c’est presque l’étranger ! et je m’éloigne un peu du sujet…Qui va oser proposer, au sein du conseil métropolitain, des pavillons sur des pelouses pour les gens “plus ou moins du voyage” ?
    Quel “petit retraité” ne rêverait-il pas d’un loyer à 370€ pour un T3 avec pelouse et abri pour la caravane…?
    Messieurs les politiques de tous bords, soyez ambitieux, proposez l’impossible, vous ferez des heureux!

  2. Est-ce que l’on doit comprendre que vous voulez interdire aux “riches” qui ne sont pas des gens du voyage, mais qui ont néanmoins travaillé et sans doute épargné toute leur vie, en cotisant au social, en payant des impôts et en ne manquant jamais de voter à une élection de s’installer au bord de la Loire ? De quelle discrimination nous parlez-vous?

  3. Il ne s’agit pas d'”interdire” mais d’organiser une mixité, lutter contre les communautés par îlots si néfastes à la vie en société . et pour cela le marché foncier libre ne sait pas faire, il faut l’aider ou le contraindre.

  4. Bonjour Y-aB,
    Habitant cette “fameuse commune”, depuis les années 2010, le maire était régulièrement questionné sur le prix d’achat de la friche Renault, et tout un chacun avait envisagé que dans un esprit de patrimoine communal, le logement social y aurait sa place…Bien sûr que les Kosovars ne cotisent à rien, et que loger 3 familles n’aurait pas ruiné la Métropôle…
    Les économies de toute une vie dépendent du métier, de la situation sociale, voire de choix que les banquiers peuvent proposer…
    Si l’on reste dans un esprit “franco-français” combien d’artisans et de petits commerçants de nos villes bien FRANCAISES, qui ont cotisé toute leur vie, ont de retraites de misère et sont loin de pouvoir se payer quelques m² dans ce fameux complexe de luxe?
    Vous n’avez peut-être pas oublié que la commune avait accueilli avec joie et flons-flons François Hollande candidat…
    Vous réagissez aux “quelques familles de Kosovar”, et négligez les petits retraités qu’un système “mal-foutu”, restons poli, laisse au bord de la misère…
    Alors mettons les choses au clair: je suis indigné qu’aucun ouvrier de chez Renault qui a trimé là ne puisse avoir accès à ce qui se bâtit à l’endroit de sa vie, voire de sa souffrance…
    Le Kosovo n’est qu’une “maille qui a filé dans le tricotage de l’Europe” d’après 90… En quoi ses habitants n’auraient-ils le droit de venir dans une Europe où règne la libre circulation…des plus aisés…Nés dans le mauvais pays au mauvais moment ?
    L’Europe est “un pull-over qui tient chaud”, avec un petit trou sur le côté Est: le Kosovo…ça fait froid dans le dos!

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