Ozélir sur papier mais moins sur les écrans

C’est parti pour trois semaines littéraires dans le Loiret. Le festival Ozélir s’est officiellement lancé ce 9 mai avec une soirée inaugurale ponctuée de tables rondes. Au programme : les bienfaits de la lecture papier et la lutte contre les vilains écrans.

Par Mael Petit


« Lisez, c’est bon pour la santé !
 » La promesse de cette soirée d’ouverture du festival Ozélir 2023 faisait saliver. Quoi de mieux qu’un argumentaire scientifique pour vous prouver les bienfaits que procure une lecture régulière de Magcentre. Dans le hall de l’Hôtel du département, ils étaient nombreux, jeunes et un peu moins jeunes, à s’être déplacés pour assister à une table ronde réunissant plusieurs spécialistes – en philosophie, sciences humaines, neurologie – venus nous enjoindre à lire sur papier. Mais on a craint un bon moment que la soirée ne vire à la sempiternelle et primaire diabolisation des écrans. Alerter sur ses effets néfastes dans le cas d’une utilisation excessive ou précoce, oui. Espérer que cette stratégie entraîne comme par magie une migration des lecteurs vers le papier, nous n’en sommes plus au stade du doute sur son efficacité.

Rachid Santaki alias “Monsieur dictée” et Fiene Marie Kuijper, interne en neurologie. Photo Magcentre

105 rendez-vous littéraires dans 50 communes du département

La première partie de la soirée s’est donc articulée autour de la nocivité sur le cerveau que représente l’utilisation des écrans dans notre quotidien en opposition aux bienfaits de la lecture sur papier. « L’omniprésence des écrans dévore notre temps de lecture, s’inquiétait en introduction de la soirée la vice-présidente du département chargée de la Culture Laurence Bellais. Avec Ozélir on souhaite se reconnecter avec la littérature papier qui est source de plaisir ». Au cours de ce mois de mai, ce seront 105 rendez-vous de lecture sur 50 communes du département. « Un événement d’une envergure prometteuse pour apporter une culture de proximité avec moins d’écrans et plus de papier », espérait Mme Bellais. Moins de distractions par les écrans, plus d’évasion par le bouquin.

D’ailleurs Fiene Marie Kuijper, interne en neurologie, était invitée à cette soirée pour appuyer le propos. « Nous sommes à un tournant dans la recherche pour affirmer que la lecture est bonne pour la santé. Lire est une activité qui modèle nos propres connexions cérébrales. Cela va sculpter notre cerveau qui ne possède pas, de base, de zone dédiée à la lecture. On acquiert cette compétence avec l’habitude. » Si la jeune spécialiste pointe les effets néfastes d’une exposition prolongée aux écrans et notamment les troubles de concentration chez les plus jeunes, qu’en est-il de la lecture sur écran ? « Ce sont des lectures différentes mais la lecture numérique permet tout aussi bien de stimuler le cerveau chez l’adulte », nuançait-elle après la soirée.

Lecture papier et lecture numérique peuvent cohabiter

Car de la nuance, il ne faudrait pas en manquer. Plutôt que d’opposer les deux supports, pourquoi ne pas admettre qu’ils puissent parfaitement se compléter. Une nouvelle génération est friande des liseuses, tablettes ou autres supports numériques de lecture notamment pour les transports. Faut-il remettre ces “lecteurs d’un autre genre” sur le droit chemin de la lecture papier ? « Toute lecture est bonne à partir du moment où elle permet d’enclencher une initiation, reprend Christophe Génin professeur des Universités spécialisé en philosophie. Lire c’est accéder à sa liberté en entamant une réflexion sur le monde. Il faut préserver l’émerveillement, lire ce qu’on aime et surtout faire confiance au lecteur ».

Faire confiance au lecteur donc sans marginaliser la lecture numérique qui peut constituer une passerelle vers le livre. Tout comme peuvent l’être d’autres canaux de diffusion. Plusieurs générations ont découvert nombre de films par le biais de la télévision, ce qui n’a pas empêché certains spectateurs d’approfondir l’expérience en feuilletant l’œuvre originale. Dans un passé pas si lointain, l’explosion du manga en France en est la parfaite illustration, un attrait aux œuvres papier en partie dû à leur diffusion sur Internet, les réseaux sociaux et à la télévision. Les supports numériques peuvent constituer une formidable porte d’entrée vers la lecture papier surtout pour une jeunesse qui délaisse le livre. Ça tombe bien, Ozélir souhaite s’adresser « à un public éloigné de la culture littéraire ». Il n’y a plus qu’à parler le même langage.

Tout le programme du festival Ozélir

Eliette Abecassis et Grégoire Delacourt en dédicaces


Après cette première table ronde, la soirée s’est poursuivie sur les bienfaits de la lecture dans le milieu carcéral avec le témoignage enregistré d’un détenu sur l’apport de la lecture en détention.
 Le centre pénitentiaire d’Orléans-Saran participera d’ailleurs à la dictée géante (retransmise) et ouverte à tous qui sera animée par l’auteur et journaliste Rachid Santaki le 17 mai à l’Hôtel du département.

Pour finir, les écrivains Eliette Abecassis et Grégoire Delacourt ont clôturé la soirée avec la présentation de leurs ouvrages Un couple et Une nuit particulière. Deux livres sur le thème des relations amoureuses. L’un sur l’amour d’une vie, l’autre sur l’amour d’une nuit. Aux Editions Grasset

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