Situé entre Sologne et Beauce, à 30 minutes d’Orléans, de Blois et de Chambord, le château de Meung-sur-Loire est l’un des rares châteaux de la Loire qui offre aux visiteurs deux visages. Côté ville, une architecture médiévale du XIIIe siècle et côté jardin, une façade classique datant du XVIIIe siècle. Il fut également l’ancienne résidence des évêques d’Orléans.
Par Rosa Tandjaoui (CulturAdvisor)
Les origines
Le site de Meung-sur-Loire (prononcez « main » sur Loire) est occupé depuis l’Antiquité. Ainsi, des fouilles archéologiques menées par l’Inrap en 2011 ont mis à jour l’existence d’un établissement protohistorique datant du Ve siècle avant J.-C. Il s’agit d’un lieu fortifié (castrum) qui contrôlait un important point de passage de la Loire. En particulier pour la voie allant de Châteaudun à Bourges.
On sait également qu’un village gallo-romain du nom de Magdunum s’était établi dans cette région très marécageuse. Il sera finalement incendié par les Vandales en 408.
Saint-Liphard et le premier castrum
Selon la tradition, c’est l’abbé Saint-Liphard, proche parent de Clovis 1er, roi des Francs, qui fonde un ermitage à Meung-sur-Loire ; asséchant les marécages, canalisant les Mauves et installant durablement une population autour de son monastère.
Ce dernier meurt autour de 565. Ainsi, une chapelle est édifiée sur sa tombe, remplacée par une collégiale au XIe siècle.
Déjà, un premier château-fort sert de cadre au traité de 861 entre Robert le Fort et le roi Charles le Chauve, marquant le début de l’ascension de la dynastie capétienne.
La construction du château médiéval
Vers 1103, l’évêque d’Orléans sollicite l’aide du roi Philippe Ier, face aux ambitions de Léon de Meung, propriétaire des lieux. Le souverain charge son fils, le futur Louis VI, d’assiéger le domaine. Ainsi, Léon de Meung est tué et l’église Saint-Liphard détruite, pour être solennellement re-consacrée en octobre 1104.
La façade médiévale du Château de Meung-sur-Loire. cl GP
Cependant, ce n’est que sous Manassès de Garlande que la seigneurie est effectivement reprise en main. À partir de 1162, ce dernier entreprend l’édification d’une résidence accolée à la collégiale Saint-Liphard, qui sera appelée « Tour Manassès de Garlande ». Enfin, c’est son successeur, Manassès de Seignelay, qui dès 1209 érige un magnifique palais épiscopal, sur le tracé de l’enceinte du castrum initial. Une belle bâtisse de 50 m de long sur 12 m de large, munie de quatre tours circulaires à archères et de remparts.
De la guerre de Cent Ans aux guerres de religion
Au cours de la guerre de Cent Ans, le château de Meung-sur-Loire devient une forteresse anglaise sous le commandement des illustres John Talbot et Thomas Scales. Ainsi, il faut attendre la fameuse bataille de Meung-sur-Loire, du 15 juin 1429, pour que le château soit repris par Jeanne d’Arc et le duc Jean II d’Alençon.
En 1461, le poète François Villon, qui mène alors une vie dissolue, se fait incarcérer dans les geôles du château de Meung-sur-Loire, sur ordre de l’évêque d’Orléans Jacques Thibault d’Aussigny. Alors que des travaux d’extension sont entrepris, autour de 1500, et qu’un corps de logis est ajouté au nord, surplombé d’une imposante tour, les troubles dus aux guerres de Religion, survenus à la fin du XVIe siècle, ont raison de la splendeur de ce château et laissent place à l’abandon et à l’oubli pendant près d’un siècle.
Un château à la mode classique
En 1706, Louis-Gaston Fleuriau d’Armenonville est nommé à l’évêché d’Orléans. Très vite, il obtient du roi l’autorisation et les fonds nécessaires « au rétablissement du château de la ville de Meung », « devenu inhabitable par vétusté ». Dès lors est édifiée la grande façade sud-ouest encadrant une cour d’honneur, ainsi que la construction de l’aile sud, comme un véritable décor de théâtre en forme de château classique. L’évêque Louis-Sextius Jarente de La Bruyère continue l’œuvre de son prédécesseur dès 1771. Ainsi, il fait décorer le château avec faste, ajoute une chapelle de style néo-classique en 1784 et aménage un parc à l’anglaise, avec une rivière artificielle.
La façade classique du Château de Meung-sur-Loire. cl GP
Ainsi naît ce que l’on peut appeler un château Janus : médiéval au nord et classique au sud.
Jusqu’à nos jours
À la Révolution française, le château de Meung-sur-Loire est vendu comme bien national à un propriétaire privé, Jacques-Jean Le Couteulx du Molay, dont la famille le conserve jusqu’en 1859.
Le parc est classé en 1942, tandis que les ruines de l’ancien château (la tour Manassès de Garlande) sont classées monuments historiques en 1988. Enfin, le château et ses dépendances sont classés en 2004. En 2010, la propriété est acquise par Xavier Lelevé, qui réalise de nombreux travaux de restauration et l’ouvre à la visite.
La façade ouest rénovée du Château de Meung-sur-Loire. cl GP
À découvrir en famille
La visite du château de Meung-sur-Loire convient parfaitement aux enfants à partir de 10 ans.
En effet, celle-ci peut tout à fait s’inscrire dans le prolongement des programmes de l’Éducation nationale :
- Et avant la France ? fait partie du programme d’Histoire de CM1,
- Au temps de la guerre de Cent Ans, fait partie du programme d’Histoire du CM1,
- Le temps des rois fait partie du programme d’Histoire et géographie du CM1,
- La Renaissance fait partie du programme d’Histoire et géographie du CM1,
- Les guerres de religion fait partie du programme d’histoire du CM1,
- Le Moyen Âge fait partie du programme d’Histoire de 5ème.
- Enfin, rappelons que la poésie de François Villon est régulièrement au programme des classes littéraires au lycée.
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