Gaëlle Josse « Il n’y a pas de technique narrative, ce qui importe c’est de ne pas se répéter »

La romancière castelroussine enchaîne les succès de librairie. Le Prix de la ville de Châteauroux, remis à l’occasion de « L’envolée des livres », complète une collection de récompenses. Elle le reçoit sans émotion régionaliste.

Par Pierre Belsoeur

En dédicace à l’occasion de l’Envolée des Livres 2023 – Photos PB


Magcentre –
 Vous recevez le prix Guy Vanhor la même semaine où disparaissent les colonnes de Rougemont*. Êtes vous sensible à cette coïncidence ?

Gaelle Josse – Honnêtement je n’avais pas fait le rapprochement. Les œuvres d’art, c’est fait pour vivre. Elles avaient besoin d’une restauration et on les retrouvera sur le site de tir des Jeux olympiques, c’est très bien comme ça.


Vous êtes Castelroussine, mais on n’a pas senti d’émotion particulière à la remise du prix de votre Ville ?


Je suis née et j’ai passé mon enfance à Châteauroux, mais j’ai quitté cette ville à 18 ans, après le bac et je n’y reviens que de temps à autre, pour raisons familiales.
Ce à quoi j’ai été sensible lors de la remise du prix, c’est qu’il s’agit d’un prix de lecteurs.


Votre
parcours vous a conduit très loin du Berry, la Nouvelle-Calédonie a-t-elle un effet sur la romancière que vous êtes devenue ?

Après avoir quitté Châteauroux, j’ai eu une vie universitaire, une vie de mère de famille en Nouvelle-Calédonie où sont nées mes deux filles. La vie de romancière est venue ensuite. Mais ce séjour de trois ans à l’autre bout du monde a été évidemment formateur. On y croise des cultures différentes des peuples différents. Forcément on s’enrichit et on relativise un tas de choses. 

Votre parcours est encourageant pour tous ceux qui se mettent sur le tard à l’écriture !

Je n’ai pas cessé d’écrire puisque la mère de famille était aussi journaliste. La poésie m’accompagne depuis toujours. J’espère garder ce regard débarrassé des scories, des filtres. La poésie c’est la perception pure des choses. C’est pour cela qu’en 2005 j’ai rassemblé un certain nombre d’écrits publié sous le titre « L’empreinte et le Cercle ». Le roman est venu plus tard puisque « Les heures silencieuses » n’est paru qu’en 2011. 

Dans « Les heures silencieuses », vous utilisez la même technique que dans « Le dernier gardien d’Ellis Island », à ce jour votre best-seller

Dans le premier c’est à partir d’un tableau d’un peintre flamand que je construis un roman historique, dans le second c’est à la suite d’une visite à New York qu’est née cette fiction. J’ai besoin d’un lieu de départ. Mais là où un auteur de polars va construire une action, j’installe une émotion.


Depuis le succès du « dernier gardien d’Ellis Island », les succès s’enchaînent.
N’avez-vous pas la pression du prochain roman ?


Il y a d’abord le plaisir de rencontrer les lecteurs.
 Cela me prend deux à trois jours par semaine en séances de dédicaces dans toutes la France. Il faut être assez lucide pour se dire que cela peut s’arrêter un jour et il ne faut pas gâcher ce plaisir. Écrire le roman qui suit un best-seller c’est un peu angoissant. Il faut avant tout éviter de se répéter. Il faut trouver une idée. Accumuler la documentation même s’il s’agit d’une pure fiction. Et cette recherche de la documentation qui peut nous entraîner très loin de notre démarche originelle est un pur plaisir. Et puis, ensuite il y a la littérature.

Et c’est en lisant Gaëlle Josse que cette phrase prend tout son sens. Écrire un livre, c’est méritoire. Construire une œuvre littéraire est d’un autre niveau. Effectivement, la pratique de la poésie a permis à la romancière de dépouiller son écriture pour arriver au mot juste, à la phrase bien équilibrée que l’on aurait aimé avoir écrite. C’est ce que l’on doit appeler le talent. Un talent qui lui permet d’aborder un sujet plus personnel dans son dernier roman, « La Nuit des Pères »* récompensé par le prix de la ville de Châteauroux.

*Les colonnes de Rougemont, du nom de l’artiste décédé voici quelques années installées place de la République par la municipalité socialiste à l’époque où Pierre Josse, le père de Gaëlle, était maire adjoint à la culture.

« La Nuit des Pères » éditions Notablia : 180 pages 16 €

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